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Un NTSB européen ?

Publié le 02 septembre 2010 par Toulouseweb
Un NTSB européen ?La sécurité aérienne progresse et s’organise, pas ŕ pas.
L’Europe des Vingt-Sept va prochainement se doter d’un réseau de bureaux enquętes-accidents susceptible de resserrer les liens entre enquęteurs et de mieux coordonner les efforts déployés quotidiennement pour améliorer encore et toujours la sécurité aérienne. Ledit réseau, non encore baptisé, pourrait en principe voir le jour dčs la fin de l’année.
L’idée est prometteuse et bien défendue, notamment par Antonio Tajani, vice-président de la Commission européenne et commissaire chargé des Transports. L’Académie de l’air et de l’espace, ŕ son tour, apporte son appui ŕ cette initiative : Ťelle soutient avec force le principe de ce projet, compte tenu du rôle essentiel que ces enquętes tiennent dans les progrčs constants de la sécurité du transport aérien ť. Et d’ajouter que Ťl’objectif ultime devrait ętre un organisme comparable ŕ celui des Etats-Unis, le National Transportation Safety Boardť. On est loin d’en ętre lŕ, bien sűr.
Cette avancée européenne n’en est pas moins importante, d’autant qu’elle constitue une occasion supplémentaire de souligner que les enquętes menées pour déterminer les causes de catastrophes aériennes Ťne doivent se heurter ŕ aucune limitation ou contrainte, fut-elle judiciaireť. Le message est clair !
Déjŕ en 1994, un effort d’harmonisation européenne avait été mis en place sur base d’une directive qui ouvrait la voie au futur Ťréseauť dont il est question aujourd’hui. Les effets bénéfiques s’annoncent considérables, notamment en matičre de perception souvent négative ou méfiante que l’opinion publique exprime réguličrement au sujet des enquętes. Les idées reçues sont nombreuses, infondées, et nient une évidence, ŕ savoir que le pavillon aérien européen est foncičrement sűr. Pour qui pourrait en douter, il suffit de s’en référer aux statistiques au-dessus de tout soupçon de l’Agence européenne pour la sécurité aérienne. Ainsi, l’année derničre, elle a enregistré un seul accident mortel, celui du tristement célčbre vol AF447 Rio-Paris d’Air France. Un accident durement ressenti, d’autant que l’épave de l’A330 n’a pas été localisée, empęchant la récupération et la lecture des enregistreurs de vol.
Dans cet esprit, le mouvement d’européanisation devrait logiquement susciter de précieux effets induits. A partir du moment oů les différents BEA travailleront en étroite coopération, il ne sera sans doute plus possible d’accuser l’un ou l’autre d’entre eux de laxisme, de subjectivité ou pire. En étant optimiste, on peut męme espérer que l’extravagante et récurrente théorie du complot, leitmotiv d’experts autoproclamés, finisse par mourir de sa belle mort. Ce qui ferait taire des voix discordantes qui, inlassablement, prétendent que la vérité peut ętre soigneusement dissimulée, notamment dans le dossier difficile de l’AF447, pour protéger ce qu’il est convenu d’appeler des intéręts supręmes.
Dans cet esprit, il peut arriver que la bureaucratie bruxelloise fasse preuve de maladresse. Ainsi, l’année derničre, évoquant la proposition de rčglement en passe d’ętre adoptée dans les prochaines semaines, la Commission exprimait son souhait d’aboutir ŕ Ťdes enquętes plus efficaces et plus indépendantesť. Des termes bien mal choisis en męme temps que trompeurs.
De grands espoirs reposent d’ores et déjŕ sur le futur réseau européen, lequel pourrait aussi contribuer ŕ contenir le mouvement de criminalisation de la sécurité aérienne. Certains pays, notamment la France et l’Italie, pratiquent en effet la double enquęte, l’une technique, l’autre judiciaire, dont les responsables ont parfois beaucoup de mal ŕ accorder leurs violons. Le sujet est tabou mais chacun sait que les relations entre le BEA et la gendarmerie des transports aériens ne sont pas toujours au beau fixe. Cette difficulté avait été mise en évidence, il y aura bientôt 10 ans, aprčs l’accident du Concorde, quand les enquęteurs anglais avaient exprimé étonnement et mécontentement, en raison des effets pervers de la double enquęte ŕ la française.
L’essentiel est d’améliorer la sécurité et tout moyen d’y arriver mérite les encouragements de toutes les parties intéressées. Dans cet esprit, le futur réseau européen annonce une précieuse avancée.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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