Le Grenelle de l'environnement a prévu de diviser par deux la consommation de produits phytosanitaires d'ici à 2018.
Et de deux. Après un accord en avril dernier afin de réduire l'utilisation de pesticides par les jardiniers amateurs, Chantal Jouanno a renouvelé hier l'opération avec les professionnels des
zones non agricoles. Il s'agit notamment des entreprises prestataires de services, des fabricants de pesticides, mais surtout des représentants des collectivités territoriales. Quatorze
signataires se trouvent aux côtés de l'État. Ces accords entrent dans le cadre du plan Écophyto adopté en 2008, lors du Grenelle de l'environnement, qui prévoit une réduction de moitié «si
possible» de l'usage des pesticides d'ici à 2018.
«La France est le premier utilisateur de pesticides en Europe et au quatrième rang mondial. Le marché représente 64 000 tonnes de substances actives», a rappelé la secrétaire d'État à l'Écologie. Si les professionnels autres que les agriculteurs n'utilisent qu'entre 2 et 2,5 % des produits phytosanitaires, les risques ne sont pas négligeables. En raison du ruissellement sur certaines surfaces imperméables (trottoirs, rues pavées…), les désherbants s'écoulent souvent dans les eaux superficielles ou souterraines. Utilisés dans des cimetières, des jardins publics ou des terrains de sport, ils sont en contact avec la population.
L'accord a plusieurs vocations. Il s'agit notamment d'améliorer la connaissance des donneurs d'ordre et des prestataires, tant sur un usage raisonné des produits que sur les parasites des plantes. Il vise également à promouvoir l'utilisation de méthodes moins agressives. Une tâche parfois délicate : «Ce que l'on économise en pesticides avec un désherbage thermique se traduit par des émissions de CO2 plus importantes», rappelle Christophe Juif, le président de l'Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces verts (UPJ).
«L'usage des pesticides n'est pas une hérésie»
Des fabricants de pesticides qui, depuis le début, se trouvent dans le processus de négociation, un peu contraints et forcés mais bien persuadés qu'il vaut mieux être présent plutôt que de prendre le risque de supporter des contraintes en restant en dehors. «On ne va pas contre une demande sociétale et politique», poursuit le représentant des industriels. «L'usage des pesticides n'est pas une hérésie. Il en faut pour lutter contre certaines maladies et éviter des risques sanitaires», tempère de son côté la ministre. L'exemple de la démoustication en cours aux Antilles pour lutter contre la dengue vient le rappeler.
Il n'en reste pas moins vrai que les marges de progrès sont importantes dans notre pays. Une grande étude «Écophyto R & D», menée par l'Institut national de la recherche agronomique en janvier dernier, montre qu'en milieu agricole une réduction de 30 % des pesticides est possible sans perte de marge pour les agriculteurs, mais avec une légère diminution des volumes produits (- 5 %).
«Aujourd'hui tout est en place pour que le plan Écophyto porte ses fruits», explique-t-on dans l'entourage de Chantal Jouanno, même si cette dernière doit encore signer avec Bruno Le Maire et Rama Yade, respectivement ministre de l'Agriculture et secrétaire d'État au Sport, une charte identique avec les représentants des exploitants et propriétaires de golfs. La boucle sera alors bouclée.
Tiré du FIGARO