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Sarkozy et la préférence nationale

Publié le 24 novembre 2007 par Omelette Seizeoeufs

D'abord, cet excellent entretien au Contre-journal, avec Gérard Noiriel, l'un des historiens de l'immigration qui avait démissionné de la Cité de l'Histoire de l'Immigration au moment de l'annonce de la création d'un Ministère des Expulsions, de l'Identité Raciale, et des Bronzés qui Restent Chez Eux.

Au moment où l'amendement Mariani fut proposé, je me demandais si

cette histoire de tests ADN n'était qu'un leurre, ou un paratonnerre, qui a fait que, finalement, la bataille sur la législation Hortefeux (l'ignoble, abominable Hortefeux) a concerné essentiellement cet amendement. Le coeur même de la loi n'a pas attiré l'attention qu'elle mérite.

Et je m'inquiétais :

avec des tests de langue et de « citoyenneté » [pour les candidats à l'immigration], il devient évident que la France recherche des immigrés qui ne sont pas différents de nous.

Gérard Noiriel semble penser la même chose:

Une des mesures qui nous paraissait, à nos yeux d'historiens de l'immigration, comme l'une des plus scandaleuses: à savoir contraindre les gens à un examen de langue avant de s'installer en France est passée comme une lettre à la poste. On a mis l'accent sur les choses extrêmes [l'ADN et les statistiques ethniques] qui ont suscité à juste titre la protestation.

Pour conclure :

L'anticipation des réactions probables des opposants est aujourd'hui intégrée par les stratégies politiques.

Autrement dit, les tests ADN n'étaient pas seulement un symbole envoyé en direction des électeurs FN (on comprendrait si j'écrivais "FN-NS"?), mais un chiffon rouge agité devant nos yeux de gauchistes bien-pensants, afin de nous distraire des autres mesures qui auront un impact bien plus réel, finalement.

Mais pour revenir sur le plan symbolique, l'obligation de parler déjà français, avant même d'arriver en France, en plus de l'obstacle pratique que cela imposera dans bien des cas, est aussi une manière de signifier que les futurs immigrants doivent déjà être français. En somme, c'est une nouvelle façon de refuser l'autre. Comme le raciste qui prétend avoir "plein d'amis" noirs ou arabes, cette mesure est la caution de celui qui dit (ou pense, mais ne le dit pas) : "d'accord pour des immigrés, à condition qu'ils se comportent comme nous".

A cela, il faut ajouter le fait que "l'immigration économique", grande promesse sarkozyenne de sa sacrosancte campagne électorale, est devenue une nouvelle expression, vaguement camouflée, du vieux thème frontiste de la "préférence nationale", qui, même dans la bouche de Le Pen, paraissait à un public étonnement large, frappé du coin du bon sens. Sauf que quand Sarkozy dit "immigration économique", c'est du propre.


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