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True Blood (saison 2) : question de libre arbitre

Publié le 07 septembre 2010 par Godsavemyscreen

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Si vous n’avez pas vu la saison 2, vous risquez de me maudire en vous aventurant au-dessous de cette balise spoiler. Pas de grande révélation, mais sait-on jamais…

Il aura fallu attendre près d’une saison et demie pour que True Blood trouve son rythme et sa tonalité propres, s’affranchissant de la mythologie vampirique et se métamorphosant en quelque chose de bien plus complexe que la désormais traditionnelle histoire d’amour entre une humaine un peu trop naïve et un buveur de sang un peu trop tourmenté. Il aura fallu attendre près d’une saison et demie pour retrouver la patte d’Alan Ball, ses talents d’observateur de la psyché humaine et son cynisme mordant. Et qu’importe si, à l’issue de cette deuxième saison, True Blood ne fait pas toujours preuve de la même finesse que sa précédente série, Six Feet Under ; qu’importe s’il subsiste une certaine mièvrerie dans la relation de Sookie à Bill, dans leurs échanges souvent trop longs et leur amour moyennement convaincant. Le reste, tout le reste, est si remarquablement développé qu’il semble valoir la peine de passer l’éponge sur certaines faiblesses.

Et le reste, dans cette saison de tous les excès et de toutes les folies, se décompose en trois mouvements : Alan Ball nous embarque tout d’abord à Dallas aux côtés de Bill et Sookie, invités à la demande d’Eric à enquêter sur la disparition de Godric, son créateur, vampire vieux de 2000 ans et accessoirement shérif du Secteur 9, à savoir le Texas ; une enquête qui va rapidement s’avérer étroitement liée à l’Eglise de la Communauté du Soleil, dont les représentants officiels, Steve et Sarah Newlin, sont parvenus à endoctriner Jason Stackhouse au cours d’un de leurs obscurs séminaires ; du côté de Bon Temps, enfin, rien ne semble plus en mesure d’arrêter la mystérieuse Maryann, qui entraîne bientôt la ville entière dans des rituels de plus en plus désinhibés et incontrôlés.

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Trois intrigues parallèles, donc, qui non seulement se rejoignent et s’imbriquent parfaitement, mais s’intéressent toutes, sur différents registres et à différents niveaux, à une seule et même thématique : celle de l’autorité. Il me semble en effet que, si ce qui ressort de cette deuxième saison est bien évidemment la question du fondamentalisme religieux, ce qui sous-tend l’ensemble est plus précisément le rapport de la masse à l’individu, la capacité d’aveuglement et de déresponsabilisation de tout un chacun au profit d’un leader unique, (auto)proclamé omnipotent et omniscient.

C’est ce dont il est question dans les rapports, largement étudiés au cours de ces douze épisodes, entre un vampire et son créateur, qu’il s’agisse d’Eric et de Godric ou de Bill et de Lorena ; c’est ce qui est en jeu dans la position de Godric et son refus de satisfaire la majorité au mépris de ses convictions personnelles ; c’est encore le même mécanisme à l’œuvre dans l’endoctrinement de Jason et des nombreux autres adeptes de l’Eglise de la Communauté du Soleil ; c’est, enfin, le processus poussé à son extrême qu’Alan Ball met – avec force provocation – en scène avec le personnage de Maryann, capable de placer toute une ville sous son emprise mais elle-même aveuglée par le Dieu qu’elle vénère. « Ne sous-estime jamais le pouvoir de la foi aveugle », confie Sophie-Anne, reine des vampires de Louisiane – et accessoirement autre figure de l’autorité – à Eric. Ne sous-estime jamais non plus la tentation de la foule et de l’individu à renoncer au libre-arbitre, semble lui répondre en écho Alan Ball, qui nous livre une seconde saison jouissive, intelligente et drôle. Et fortement addictive.


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