Michel Audiard, qui nous a prouvé toute sa vie que le bon mot et le bon esprit étaient solubles dans le Monthélie et le Santenay, avait commis une réplique, à la faveur d'un film culte, qui nous ramène aujourd'hui à une languedocienne actualité : "Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît".
Du Languedoc-Roussillon émane en effet depuis quelques semaines ce fumet si caractéristique de l'andouillette qui a fait la réputation de nos meilleurs bouchons lyonnnais. Il s'agit bien évidemment du projet que Georges Frêche porte pour sa région, un projet moteur du rayonnement économique, social et culturel du Languedoc-Roussillon qui risque de rendre jaloux Jules César et Pompée enfin réunis : l'érection de statues quasi chryséléphantines à la gloire de bienfaiteurs de l'humanité que le Prix Nobel de la Paix a injustement ignorés : Lénine, Staline et Mao, en guise d'unique viatique au président qui claudique. Un triumvirat qui comptabilise un impressionnant bilan victimaire, tous fossoyeurs assassins de ce que l'idée de progrès avait pu faire naître d'espérance et d'ambitions pour l'Homme.
Pas de quoi détourner, certes, l'opinion publique des errements épistolaires d'un Eric Woerth, qui est à la vérité ce que Brice Hortefeux est à l'humanisme et à l'amitié franco-roumaine.
Ma conviction reste toutefois rivée à l'idée que certaines provocations, fussent-elles coulées dans le bronze, méritent le mépris. Assurément, ces ombres tutélaires d'un passé meurtrier devenues les héros mythifiés d'un rond-point de zone artisanale au service d'un septimaniaque finissant comblent l'idée que je me faisais d'eux. Des nains à Lilliput.
La Corée du Nord risque de dépêcher une délégation pour inspirer son guide suprême.
A la semaine prochaine.
Stéphane Nivet
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