Patricia Laranco : Lointitude – La Jointée éditeur, 10 euros
Si Lointitude fait surgir un espace non défini, fantasmatique, avec ses mots /
à claires-voies, quand ce n’est pas le mot sans voix, / le mot sans chair /
le mot / estompé dans le blanc / pour non dire / une voix non-née,
c’est parce que Patricia Laranco nous plonge au cœur d’un processus
de transformation, aux confins d’un état de veille où la vie [ ] vous perd pour
le réel. Elle établit une circulation entre le vide, ce vide blanc, [ ], ce vide
mat pour atteindre le cœur ou le noyau où bat et seulement bat la vie, sans scorie,
juste la boule basique qui (se) rétracte face au trop d’être proliférant
qui vaut néant / dès lors qu’il se met / à débouler, à étourdir / la perception
– qui n’en peut mais. De ce périple entre la surface, la chair de lait,
et l’œuf ou le bonheur repu [] sur lequel il n’est rien à dire,
Patricia Laranco ne peut abolir l’obsédante distance.
Cette dialectique sous-tend son écriture autant qu’elle est l’objet même de
Lointitude.
Anne-Lise Blanchard