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Colonisation maritime

Publié le 08 septembre 2010 par Egea

Voici un très bel exemple de géopolitique des ressources : le Brésil a décidé, quasi unilatéralement, d'étendre sa frontière maritime sur l'ensemble du plateau continental, jusqu'à environ 370 milles.

Colonisation maritime
image tirée d'ici



Les détails en sont donnés dans le Monde de ce soir. Que peut on en dire ?

1/ Que la colonisation maritime, que j'annonçais voici deux ans, prend désormais un tour de plus en plus abrupt. En effet, après avoir déposé deux demandes devant les instances spécialisées de l'ONU (Commission des limites de la plate-forme continentale, à l a suite de la convention de Montego Bay), le Brésil décide finalement par décret d'étendre son domaine maritime : "Cela revient à étendre la frontière maritime du Brésil jusqu'à 350 milles nautiques (648 km) de ses côtes. Le pays ajoute ainsi à sa zone économique exclusive - 3,5 millions de km2 sur une largeur de 200 milles nautiques (370 km) - une superficie maritime de 960 000 km2."

2/ QUelles sont les rasions de cette impatience ? le pétrole, "50 milliards à 100 milliards de barils prouvés à l'heure actuelle. Ces gisements en eaux très profondes - à plus de 7 000 mètres et sous une épaisse croûte de sel de 2 000 mètres, d'où leur nom portugais de pré-sal ("avant le sel") - pourraient faire du Brésil, en 2030, le 4e producteur mondial d'or noir. ". Et ce pétrole n'est pas forcément à l'intérieur de la limite traditionnelle des 200 milles.

3/ Il y a donc une "colonisation" maritime, les terres sous-marines, inhabitées, ne faisant pas l'objet des mêmes préventions que les terres émergées, qui ont depuis longtemps été décolonisées. u coup, il y a une sorte de liberté d'accession. Car il ne faut ps s'y tromper : la géopolitique des ressources, c'est d'abord e la géopolitique (la notion d'espace) orientée par la perspective des ressources, donc de l'exploitation : dudit espace, mais aussi de ce qu'il peut fournir, donc de ses produits : halieutiques, ou en matières premières. Et ce sont les Etats qui parlent, en l'occurrence. La chose est importante, car elle diffère de la géoéconomie, qui prétend au fond que les luttes économiques sont le fait des entreprises, qui luttent pour acquérir des marchés ou dominer des matières (qui entrent dans leurs productions).

4/ Quelles leçons peut-on tirer ? certes, des atteintes probables à l'environnement. 7.000 km de profondeur, c'est en dessous de la plate forme du Mexique, non ? Surtout, cela devrait tendre les négociations actuelles sur l'extension des zones économiques exclusives. Et au-delà, cela risque de dynamiter le système de Montego Bay. Imaginez par exemple que la Chine revienne à sa tendance naturelle : la mer de Chine est chinoise, quoique vous racontiez à propos des Spratleys ou des Paracels ?

5/ Enfin, remarquons le retour de l'Etat : c'est l'Etat qui passe un décret, le même jour ou la société pétrolière brésilienne (à 40 % publique) annonce lever 64 Mds de $... Vous avez dit : Firmes multinationales ? mondialisation ? dépérissement de l'Etat ? Accessoirement, c'est un pays BRIC ou BASIC qui en décide;....

On n'a pas fini de voir des retournements....

Réf

  • Billet sur l'eau et la GP brésilienne :
  • Billet sur la marée noire en Louisiane et la GP des ressources
  • Billet sur l'extension des ZEE

O. Kempf


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