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Bret Easton Ellis : éloge du trader en nietzschéen bohème

Par Gerard

Je n'aime pas Bret Easton Ellis, ses poses faussement dandy, ses audaces de cocktail auxquels l'époque ne feint de croire que pour mieux imposer sa morgue, sa veulerie et ses compromissions. Pas une once de dénonciation. Une littérature de collabo, où la collaboration s'est fardée avantageusement de branchitude second degré pour mieux se fondre dans l'air du temps. Au moins Tom Wolf avait l'ironie mordante devant les vanités - et puis il avait écrit Acid Test. Bret Easton Ellis, lui, distille son peu de romans comme cocaïne de cocktail chic. Dans son univers Hugo c'est Hugo Boss et pas Victor. Les stock options et pas Les Misérables. Ce pur produit des années yuppies (les sinistres années 80, quand la révolution conservatrice s'imposa en silence au monde entier) écrit pour les happy few qui roulent en Hummer. Eloge du trader en nietzschéen bohème. En France, Houellebecq ou Beigbeder ont tenté d'appliquer la recette. Houellebecq surtout a forgé un style d'époque, autiste, neurasthénique, finalement assez intéressant - du point de vue du psycho-sociologue. Prendre tous les logo "must have" des pages shoppings, tous les people de Voici, secouer le tout et on obtient ce parfait petit produit dont raffolent les oligarques, parce qu'ils attirent sur eux plus d'admiration que de colère. Quel roman en cette rentrée pour dire "ça suffit" ? Réclamer justice ? Pas branché, ça, coco... 


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