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Les confiances

Publié le 09 septembre 2010 par Badiejf
Durant notre passage aux États, on a eu droit à quelques discussions avec des inconnus sur l’évolution d’Haïti. On sent bien la tristesse de tous à l’égard des constatations produites par les médias, mais on sent surtout une espèce de désespérance quant à l’avenir. Comment s’en sortiront-ils ? Peuvent-ils s’en sortir ? Ouais … grosses questions. Plusieurs éclairages peuvent être apportés pour tenter d’illustrer les forces et les lacunes qui sont en cause dans l’explication de l’actuel, comme dans la prévision de l’avenir. Parmi ces éléments, il y a la notion de confiance, cette capacité sociale de penser que ce que l’autre dit est plausible, se réalisera. La dictature a bien évidement creusé cette tranchée entre des individus qui ne peuvent se faire confiance (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2009/09/les-suites-de-la-dictature.html), qui voient leur capacité de rêver le solidaire complètement amputée. Comment reconstruire un pays si on ne passe par l’autre, si ce n’est que l’entrepreneur qui rebâtira ma maison ? On glisse ici dans un individualisme qui éteint tout ce qui doit passer par le social, la vie en société, le développement des communautés... La deuxième dimension de l’absence de confiance s’affirme à l’égard des élites. Des élites politiques, les techniciens de la fonction publique, ceux qui œuvrent dans le privé. Ceux que la mode nous fait appeler les ‘champions’, ne génèrent pas une grande confiance de la part des non-champions. Pas assez du moins pour soutenir une mobilisation, si petite soit-elle. En troisième lieu, il y a la confiance envers le blanc et ses organisations. Une non confiance qui prend racine à la période de l’esclavage et dont les pousses forment toujours le décor. Un ayisien est donc pas mal barré, personne à qui faire confiance pour réfléchir et planifier une sortie, la bonne cette fois-ci. Personne sauf le Bon Dieu bien évidement.

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