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Dérive Elyséenne ou président 2.0?

Publié le 27 décembre 2007 par Frednetick

A n’en pas douter, quand un quotidien national, fût-il d’opposition, titre “Le président Bling-bling”, c’est que quelque chose s’est cassé dans la longue tradition institutionnelle française.

On le pressentait depuis quelques mois déjà, cette ostentation marquée, ce goût affiché pour l’argent et le clinquant marquent un tournant dans la longue tradition des dirigeants politiques. A moins qu’il ne s’agissent que d’une adaptation aux moeurs de notre époque?

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)

Notre président aime l’argent, les belles femmes, les belles montres et les amis blindés de pognon, doit-on lui en vouloir?

Ce questionnement très people ne saurait pourtant se résumer à un pour ou contre. Comme toute personne réussissant, notre président a légitimement le droit de profiter de ses acquis sociaux, quelqu’ils soient. Après tout, pourquoi dans sa position devrait-il se priver?

L’on pourrait avec les grincheux avancer que la fonction appelle quelques déférences à la décence et que l’étalement d’un goût du luxe dans un pays où le serrage de ceinture tient lieu de quotidien n’est pas des plus approprié. On pourrait mais à quoi bon?

Les 53% d’électeurs qui l’ont porté au trône savaient à quoi s’attendre, la campagne fût remplie de ce tapage , entre les petites ristournes entre amis de l’ile de la Jatte (assez opportunément mise sous le coude par un magistrat proche) et les voyages tape à l’oeil, il n’y avait aucune espèce d’hésitation, Nicolas c’est pas l’abbé Pierre.

Et il faut dire que la machine médiatique est assez sinon extrêmement efficace. Belle maman, par exemple, se laisse très facilement convaincre que cette histoire d’indemnité est tout sauf scandaleuse puisqu’après tout cela ne fait que clarifier la situation. Plus c’est gros plus ça passe. Car si en effet cela clarifie la situation, cela tait aussi la question du pourquoi de l’alignement. Pourquoi devrait-on nécessairement aligner l’indemnité sur le premier ministre? Pourquoi l’aligner sur les autres chefs de gouvernement? (sauf Zappatero qui lui ne touche que 7500€/mois, mais c’est qu’il ne doit pas en foutre une rame)

Plusieurs facteurs de réponse. Tout d’abord une certaine dérive présidentialiste. Le président sous l’ère sarko ce n’est plus l’arbitre, c’est le capitaine, la star. Il serait donc incongru qu’il soit moins payé que le n°2. Dans une lecture purement textuelle de la constitution c’était pourtant relativement compréhensible, puisque celui qui allait au turbin, c’était le premier ministre. Je bosse plus donc je gagne plus, on ne peut pas lui dénier un certain esprit de cohérence.

Ensuite parceque dans une société toute entière tournée vers le travail, le salaire devient l’élément clé de la position sociale. Depuis longtemps ce rapport à l’argent marquait une différence majeure entre français et anglo-saxons. Les américains avaient depuis de nombreuses années l’habitude de demander “combien tu gagnes” en lieu et place du rétro “qu’est ce que vous faites dans la vie”. Voilà bien une nouvelle inclinaison outre atlantiste, la fin du complexe bling-bling.

Arrivé à ce constat, doit-on lui en tenir rigueur? Non. Après tout il ne s’agit que de la fin d’une hypocrisie toute française. Néanmoins en replaçant le salaire en première ligne de la hiérarchie sociale, il pousse tout un chacun à se positionner sur la même référence. Les médecins veulent gagner plus parceque leur position sociale en serait menacée, les avocats pareil etc..

En passant au second plan les rapports ambigus entretenus avec ses amis privés, la question de ses émoluments occulte la partie la plus discutable de l’attitude présidentielle.

En France, le lobbying est tabou, aussi informel que possible et très mal vu. Il est pourtant à l’origine de nombreuses mesures réglementaires, d’innombrables blocages au détriment des consommateurs (les class-action ça vous dit quelquechose?) , d’amendements législatifs rédigés par les représentants de grandes sociétés notamment pharmaceutiques et agroalimentaires etc…

La plus grande opération de transparence à laquelle devrait se livrer un état de droit serait de doter ce lobbying d’un cadre légal. Or la miction privée/publique opérée par la vie tumultueuse et people de notre président rend quasi légitime cette proximité des intérêts. Mon beau frère me disait ainsi “les gens s’en foutent de savoir si il est pote avec Martin Bouygues”.

Pourtant quand la politique devient le relais insidieux des intérêts privés, que cette connection s’opèrent à haut niveau, c’est tout une éthique des rapports humains et professionnels qui est jetée avec l’eau du bain. Pourquoi donc se priver de magouiller? Pourquoi éviter de faire sauter ses PV, pourquoi donc payer ses impôts quand les relations personnelles peuvent permettre de se libérer des contraintes légales?

Oui pourquoi finalement se sentir obligé de vivre selon les règles sociales quand on peut si facilement et ostensiblement profiter de ses amis pour vivre une vie que l’on ne pourrait pas normalement vivre?

Les français sont les personnes qui ont le moins confiance dans les autres de toute l’OCDE, et qui partant de ce principe, trouvent normal de s’éxonérer de contraintes réglementaires, éthiques et sociales. Notre président est à l’image de son peuple. Communautaire, tape à l’oeil et voyant. Très 2.0 quoi.

Nicolas Sarkozy a bien inventé quelque chose, la présidence 2.0, allélouia.

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