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Pas de guerre du climat

Publié le 10 septembre 2010 par Egea

Décidément, mon quotidien est un bon journal. Et en plus, c'est le frérot qui se fend d'un article que je me dois de vous citer, après avoir levé tous les scrupules méthodologiques qui me hantent. Mais vraiment, son article "Les "guerres du climat" n'ont pas encore eu lieu, selon un chercheur" est excellent, et tout à fait dans le scope d'égéa.

Pas de guerre du climat

Pourquoi ?

On connaît la thèse qui émergeait : le dérèglement climatique allait provoquer des raréfactions d'eau, donc accroître les lutes sur les ressources, donc augmenter les conflits, soit directement, soit indirectement en provoquant des déplacements de population.

C'était notamment la thèse de Harald Welzer (Les guerres du climat, voir ma fiche de lecture), mais comme je l'expliquais, cet anthropologue n'était pas vraiment convaincant, du moins pour son analyse géopolitique. Ce thème fut aussi évoqué par un article de JP Gambotti, passé dans la RDN de janvier dernier, avec cette fois plus de talent, de la part d'un vrai stratégiste.

Plusieurs chercheurs ont voulu vérifier cette intuition. Ainsi, comme l'explique Hervé, Marshall B. Burke chercheur américain avait prouvé, dans une étude de 2009, qu'il y avait corrélation entre hausse du climat et guerre.

Mais une étude vient de paraitre qui démonte cette assertion. Le Norvégien Halvard Buhaug explique que les données de Burke ne vont que de 1981 à 2002, alors que la décennie 2000 voit au contraire un affaiblissement des conflits, alors que pourtant la température ne cesse de croitre. Plusieurs autres indicateurs viennent relativiser la première étude.

Hervé ajoute : "Conclusion : la variabilité climatique n'est pas corrélée aux variations à court terme des conflits en Afrique subsaharienne. Ceux-ci doivent plutôt être expliqués par des conditions structurelles et contextuelles classiques : exclusion ethnique, pauvreté, changement des rapports de force depuis la fin de la guerre froide, etc. Halvard Buhaug se garde cependant de généraliser. Il ne prétend pas trancher la question sur le long terme".

L'intuition reste donc possiblement valable. Mais elle n'est pas encore prouvée, et tout d'abord pour une raison méthodologique : rien ne dit que la poursuite de tendances passées soit efficace pour prédire un avenir, surtout si, comme l'expliquent les tenants d'une vision catastrophiste du réchauffement, celui-ci aboutit à des bouleversement systémiques qui empêchent les variables passées d'être utiles.

Le débat reste donc ouvert. Non pas entre partisans ou adversaires du réchauffement, car il est désormais admis que celui-ci est un fait contestable (n'en déplaise à M. Allègre); mais entre les interprétations de ce réchauffement : maîtrisable ou pas, tendanciel ou discontinu; et, pour le géopolitologue, sur les conséquences qu'il faudra tirer d'un processus inéluctable mais imprévisible.

Décider dans l'incertitude, disait l'autre en évoquant la décision stratégique : en l'occurrence, penser l'incertitude

O. Kempf


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