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My asian trip, le bilan

Par Asianmike
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Deux semaines après avoir regagner mes pénates françaises, un petit coup d’oeil en arrière s’impose. Le but n’est pas de rester dans cette position trop longtemps, je torticolite facilement et ici pas de masseuses parlant un Anglais sommaire pour apaiser mes cervicales mais juste de livrer les impressions générales qui restent après un tel périple.
On est en 2009, premier vol en A380, la fierté de l’industrie française pour me porter de Dubaï à  Bangkok pour achever mon trajet avec mi-temps dans la capitale de la démesure et je suis à  Bangkok. Je reconnais tout tant mon dernier passage par ici m’avait marqué. Le décalage horaire devrait faire de moi un fantôme limite somnambule mais je suis en pleine forme. et pourtant il est conséquent, je suis parti, en 2009 et j’arrive en 2552 ! Et je dois dire que le futur c’est pas comme j’imaginais. J’avais déjà  était déçu par l’An 2000 qui nous promettait des voitures qui volent et des vacances par télé-transportation et nous avait finalement proposé que des voitures avec régulateur de vitesse fou et des trajets en avion de plusieurs heures genoux compressés contre le dossier de devant. Et ben là , pas de bon technologique non-plus. Je serais tenté de dire: « Ouf ! ».
Je découvre les jeunes filles qui attendent le bus pour rentrer chez elles en tenues très courtes, faut dire, il fait très chaud en Thaïlande, et qui probablement lassées de ne pas voir le bon arriver, finissent pas partir avec un passant serviable qui leur offre l’hospitalité pour la nuit. Les masseuses qui se font une spécialité de vous proposer des specials, un peu comme dans les restaurants, sauf que les specials du jour sont tous les jours les mêmes. Les points que j’ai dans la plante des pieds un peu comme des boutons que des mains expertes triturent et écrasent de la pointe d’un petit bà¢tonnet et ça fait du bien ! Foot massage. Pas de spécialités au programme même si on prend son pied enfin on vous prend votre pied. Pas de panique, on me l’a toujours rendu et plus souriant en plus. Normal, ici c’est le Pays du sourire. Non pas le rictus hypocrite du gars content du sale coup qu’il va ou vous a déjà  joué, non le sourire des Thaïlandais qui sont joueurs, taquins, accueillants, heureux de vous voir, de vous rendre service, de vous vendre quelque chose aussi si c’est possible. Une joie de vivre, de l’insouciance presque on pourrait penser, comme si l’enfance ne quitte jamais complètement l’esprit d’un Thaïlandais. Loin de chez soi, de ses repères, on se sent bien. On est un étranger, un farang comme ils disent et impossible de se fondre dans la masse, on nous reconnaît trop facilement, pourtant on se sent jamais de trop, jamais vraiment à  part. La grosse mangue, ben, oui Bangkok jaloux de New-York et son surnom, s’en est trouvé un aussi et on trouve plus de mangue que de pomme par ici, Bangkok, donc, ne s’arrête jamais de vivre, de s’agiter, de vous proposer quelque chose à  faire ou à  regarder. Et la spiritualité dans tout ça ? Elle est partout, à  chaque coin de rue, avec ces petites répliques de temples dressées sur un piquet devant laquelle on fait un bref waï, inclinaison de la tête les mains accolées devant le haut du corps, les bouddhas et petits hôtels que chaque commerce à  disposé quelque part et bien sà»r les temples aux décorations chargées disséminées un peu partout dans la ville. Le Wat Po où un bouddha d’or dort, le Wat Phra Keo, probablement le plus grandiose et le plus sublime du pays, le Wat Arun, le Bemabophit, tous ces édifices remarquables qui respirent la sérénité, accueillants quelques soient votre origine, points de passage des farangs appareils photo et caméscopes en bandoulière et des thaïs qui viennent prier et faire des offrandes. Le bouddhisme, c’est beaucoup, beaucoup d’offrandes de tout types, les fleurs de lotus, les colliers de fleurs, les cannettes de boissons ouvertes avec la paille – c’est plus pratique pour boire – verres d’eau, les billets origamisés en fleurs de papiers et pour les pas doués en pliage, les troncs où l’ont glisse les coupons à  effigie du roi, les pièces qu’on jette dans des alignements de chaudrons, les paniers garnis qu’on offre aux bonzes et j’en oublie bien entendu. Et il y a les produits dérivés. Enfin, comme j’aime les appeler tant je trouve ça marketinguement parlant brillant. On achète un tuile, une brique sur laquelle on écrit un voeu et qui viendra décorer le bà¢timent qu’on est en train de construire pour agrandir le temple; on achète des amulettes, des bijoux, bracelets, colliers, des statues, des bouddhas, des fontaines, des fruits, de la nourriture pour les poissons du lac, des livres de prières… Beaucoup les wat – temples – de Thaïlande, ont souvent une boutique ou des stands de vente pour tout ça. Les lieux de prières bouddhistes sont de vraies petites entreprises et lucratives. Il s’en construit sans cesse de nouveaux.
J’aurais tendance à  dire dans un accès de caricature qu’il y a deux Thailandes, enfin pour les touristes, celle du Nord, culturelle et marquée d’histoire et celle du Sud pour le farniente, les plages de sable fin et la fête. Alors c’est sà»r lu comme ça, je sens que votre préférence va déjà  pour la seconde. Enfin, si vous n’êtes pas allergique à  l’eau salée ou mormon. Pourtant, c’est la Thaïlande du haut qui m’aura le plus séduite. Sukhothaï et Sri Satchanalaï, pour les lieux à  visiter, Chiang Mai étant probablement la grande ville dont le charme m’aura le plus envoà»té, surtout pendant la fête des jeunes filles en fleur, euh non, pardon, la fête des fleurs tout court. Et pour un amoureux de la mer comme moi, vous dire que c’est la Thaïlande des terres et des pierres que j’ai préférée, c’est étonnant. Mais par là -haut, les farangs sont plus rares, les gens, les villes, moins ostensiblement tournées vers le tourisme et certaines de ses dérives ou de ses plaisirs, c’est selon. Le Sud, c’est autre chose. Des farangs à  profusion, des tentations qui leur tournent autour en permanence, des eaux émeraudes, du sable blanc, des décors de cartes postales et des Thaïlandais qui se jettent dans l’industrie du tourisme, de la fête et disons le mot, du sexe parfois, corps et à¢me. Ce n’est pas que ce n’est pas la Thaïlande, c’est un de ses visages, celui qui se présente souvent à  qui ne connaît pas le pays, à  qui n’est pas venu ou n’a pas pris la peine de monter au-dessus de Bangkok. Un visage envoà»tant mais qui passé l’ensorcellement du début, reste une illustration d’une des lois fondamentale du capitalisme, l’offre et la demande. On offre, enfin, on vend ce que les gens demandent, de l’affection, de l’érotisme et plus si affinités, affinités évidemment facturées, subtilement mais facturées. Esprit trop rationnel, enfin surtout qui chauffe, qui réfléchit trop, je n’arrive pas à  être dupe, pourtant j’en vois et beaucoup, qui se laissent prendre au jeu, qui y croient à  ces histoires d’amour jouées, à  ces compliments qu’on ne leur a jamais faits et qu’on ne leur fera jamais ailleurs. Les filles thaïs qui abordent un farang ont probablement toutes une idée derrière la tête. Un but à  plus ou moins longue échelle. Et la mienne, car oui, j’en ai rencontré une. Comme tout le monde, serais-je tenté de dire. Elle n’a pas le profil classique, d’habitude, ce sont des filles de bar ou des masseuses, elle n’est rien de tout ça. Elle est chef d’entreprise. Et comme tout farang, j’ai envie de croire qu’elle n’est pas comme les autres, qu’elle me veux juste moi, pas mon argent, pas la porte ouverte que je lui donne sur l’Europe. J’en suis convaincu. Enfin presque… Je réfléchis trop, vous dis-je, et à  y réfléchir, j’en suis pas sà»r, pas sà»r du tout.
Et le Cambodge et le Vietnam, me direz-vous ? J’y suis allé. Resté moins longtemps, j’avais je crois, un peu le mal du pays. Pas le mal de la France non celui du muang thaï. J’ai aimé les enfants de Kampot ou Kep qui couvraient mon passage de hello enthousiastes, contents de voir un barang – oui, au Cambadge c’est avec un b – et d’utiliser le peu d’Anglais qu’ils connaissaient. Ils n’avaient pas grand chose mais ne demandaient rien, juste un hello en réponse et un sourire. Et ils sont heureux, enfin joyeux du moins. Trouvez-moi un Français qui a les mêmes conditions de vie et que vous n’aurez pas déjà  entendu se plaindre au journal de 20H et qui ne passe pas son temps à  se morfondre. Non, chez nous, on témoigne dans la grand messe se plaignant de ses revenus avec le home cinéma en arrière-plan, la chaîne hifi, la playstation, le canapé cuir et la BMW et on est hargneux en plus. Matérialistes ! On est devenus des consommateurs effrénés, jamais satisfaits, courant toujours après la dernière nouveauté technologique dont on a cru les publicitaires qui nous l’ont présentée comme indispensable. Ici, l’indispensable, le vrai, ils ne l’ont pas toujours mais personne ne se plaint ou pas souvent. Un enseignement du bouddhisme, probablement, une capacité au bonheur, à  ne pas le faire dépendre de tel ou tel équipement ou tel ou tel confort sà»rement. Et il y a Anghkor, l’aimant touristique du Cambodge dont les visages souriants de Brama, les apsaras, les reliefs me hantent encore. Des temples impressionnants et la nature autour, dedans, entre les pierres parfois, tissant ses racines dans les interstices et regagnant doucement ce territoire qu’on lui avait volé.
Le Vietnam me laisse un souvenir mitigé. Mes capacités de détachement plus limitées que je voulais les croire, les frustrations et énervements des petites arnaques des agences de voyages et chauffeurs de taxis assez régulières et difficilement évitables pour un voyageur solitaire ne sont pas encore complètement apaisées. Pourtant, c’est un pays extraordinaire, celui qui abritent probablement la ville que j’aurais préférée dans tout ce périple: Hoi An. Je n’en connais pas de plus charmante, il y fait bon vivre, le quartier historique, les ponts, le cours d’eau, la plage à  une poignée de kilomètres, les rizières en chemin, les restaurants à  la cuisine raffiné et goà»teuse et ma petite marchande de beignets au sésame; je me souviens de tout avec nostalgie, regret presque. Et que dire de Cat Ba et son village de pêcheurs flottant, port ouvert sur la baie d’Halong et ses trois plages accueillantes ? Dire que je n’y étais pas la bonne saison pour profiter de la baignade et que même si je passe régulièrement mes vacances en Bretagne et que j’aime ça, je n’ai pas eu le courage de me baigner sous le crachin dans cette mer tellement plus fraîche que son homologue thaïlandaise. Dans ce voyage j’aurais effleuré cette culture qui me fascine, cette vision de la vie simple et joyeuse, décomplexée, imaginative et débrouillarde où chacun essaie de se faire sa place sans forcément écraser celle du voisin. J’aurais vu ces bars sans portes, ces étales sommairement rangées que personne ne pillent, ne volent, ne saccagent, ces filles de joie, être réellement joyeuses malgré leur occupation, ces chauffeurs de tuk-tuk, taxis et même motos dormir dans ou sur leur engin, ces commerçants qui font la sieste et qu’on réveille en entrant dans leur magasin, ces centaines de gens qui se rendent au temple avec ferveur et y dépensent le prix d’un ou deux repas en offrande quelque soit leur situation. J’aurais vu les bouddhas immenses, les temples fastueux ou clinquants, ceux qui se construisent en permanence partout, les enfants qui jouent, les voyageurs en bus capables de dormi dans toutes les positions les plus inconfortables, les motos chargées comme on imagine même pas qu’on puisse charger un deux roues, les stands de nourriture et autres vendeurs ambulants omniprésents, les marchés, les marchés de nuit, les baignades habillées, les restes d’Histoire, de civilisation, les beautés de la nature… J’aurais vu tout ça et plus encore, vécu une aventure humaine, photographique, appris a baragouiner le thaï, partager la vie de quelqu’un avec bonheur… J’aurais grandi, éraflé beaucoup de mes certitudes, douté à  nouveau, sur moi, sur ce que je suis, ce que je pense être. Je reviens plus riche et pauvre de tout ce que j’y ai laissé. L’histoire ne s’arrête probablement pas là …


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