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Inconcevable Europe...

Publié le 11 septembre 2010 par Edgar @edgarpoe

J'ai lu l'opuscule fourni avec Libération la semaine dernière, Pour repartir du pied gauche. C'est un recueil d'articles en réponse à un texte de Jacques Julliard.

Je ne sais si je l'évoquerai, ça m'évoque surtout une tempête dans un verre d'eau.

Il y a juste une citation assez vertigineuse de Luc Ferry sur laquelle j'ai envie de m'attarder :

"Pendant près de deux siècles, disons depuis la Révolution jusqu'aux années de Gaulle, l'Europe a vécu globalement sur l'idée, partagée entre la droite républicaine et la gauche démocratique, que le progrès des Lumières allait nous conduire vers plus de libertés et de bien-être. De Hugo à Pompidou, de Michelet à Jaurès ou Mitterrand, c'est ainsi qu'on pensait."

Formidable lapsus - j'écarte l'idée que Ferry ait réellement imaginé que l'on pouvait qualifier la pensée européenne en ne citant que Hugo, Pompidou et d'autres références hexagonales.

Cette "Europe" est donc mise là à la place de "France".

Notre intellectuel de haute volée, traducteur de Kant, confond donc l'Europe et la France au coeur d'un article où il entend expliquer que la France n'est pas un échelon pertinent pour l'action politique.

Ce lapsus a pour moi plusieurs significations :

-  l'Europe est conçue, pour un intellectuel qui se veut républicain, comme une France en grand, au fond, les deux notions sont interchangeables. C'est très louable de la part de Ferry, mais c'est une partie de l'explication des déboires de cette néfaste construction. Les autres pays européens n'ont aucune envie d'une république européenne et chacun projette sur l'Europe sa vision d'une bonne politique (comme l'Allemagne avec la politique monétaire). En réalité la construction européenne est autre chose, et sa réalité est indéfinissable ;

-  la France, pour ces volontaristes de l'Europe, est ce qu'il faut refouler. C'est tout à la fois ce qui a nourri leur réflexion, leur histoire et leur culture et ce qu'il leur faut oublier. Pas de bol, le refoulé a tendance à revenir ;

 - à une époque où les problèmes sont mondiaux, en réalité le niveau européen n'a aucun sens. Ferry souhaitait expliquer que la France était obsolète, il a utilisé Europe à la place. Son inconscient a parfaitement raison. Les problèmes du monde d'aujourd'hui se règleront par une approche internationale. Or l'Europe n'a rien d'international, c'est la volonté de construire une nation anglophone, pilotée à distance par les Etats-Unis, sur les ruines des "vieilles" nations. L'Europe même pas terminée est en réalité un projet d'ores et déjà obsolète et rétrograde, qui empêche les nations européennes de participer aux débats internationaux ;

- ce magnifique lapsus a été publié une première fois dans Libération le 22 janvier, sous forme d'article, puis dans un recueil. Personne n'a éprouvé le besoin de corriger. Comme quoi à propos de l'Europe, la confusion des sentiments est totale et absolue.

*

Il faut en finir avec ce projet imbécile qui perturbe même ses plus chauds partisans...


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