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« Les bases de l’économie enfin enseignées au lycée »

Publié le 12 septembre 2010 par Davidmourey25

En lien avec une intervention d’un heure dans le cadre d’un colloque international

sur l’enseignement de l’économie qui s’est tenu les 8, 9 et 10 septembre à

Santiago de Compostela en Espagne (voir billet à venir),

j’ai publié dans le quotidien La Tribune, jeudi 9 septembre, page 12,

un article intitulé

« Les bases de l’économie en fin enseignées au lycée »

La Tribune

Je remercie La Tribune pour cette publication et pour l’autorisation de reproduire

cet article en intégralité sur mon blog.

Cette rentrée scolaire 2010, rythmée par la réforme du lycée, s’accompagne de la mise en place des nouveaux programmes d’économie en classe de seconde. Désormais, 100 % des élèves de seconde vont pouvoir suivre un enseignement d’économie, mais avec un horaire insuffisant (1h30 hebdomadaires) car il y a deux enseignements concurrents, Sciences économiques et sociales et Principes fondamentaux de l’économie et de la gestion, au lieu d’un seul avec 3 heures hebdomadaires.

Bien qu’une minorité des professeurs de SES représentés par l’Apses rejette ces programmes, ils constituent une nette amélioration de ce qui est proposé aux élèves. Et ce, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, la distinction entre enseignements d’économie et de sociologie est affirmée et assumée et la difficulté des questions qui structurent ces programmes devient plus progressive.

Ensuite, la prétention à vouloir enseigner un « savoir social total » sur les grands problèmes économiques et sociaux et la volonté de partir de questions complexes pour ensuite expliquer ce qui est simple, sont remplacées par un enseignement qui fait le choix d’aller du simple vers le complexe.

L’objectif est désormais de faire acquérir les bases du raisonnement économique et sociologique avant de faire réfléchir les élèves sur les grandes questions de notre temps. Cela permettra d’éviter les confusions, le relativisme et l’idéologie qui n’est jamais loin quand on fait les choses à l’envers.

Le nouveau programme permet de se tenir à distance des défauts originels de cette discipline qui devrait enfin devenir une discipline d’excellence.

Concrètement, dans le programme de première rédigé sous la direction de Jacques Le CACHEUX (OFCE), on va commencer par en enseigner les fondements microéconomiques du raisonnement. C’est seulement en terminale que les questions macroéconomiques et sociétales seront développées, sur des bases plus solides.

Les approches microéconomiques et macroéconomiques sont complémentaires. Clairement, les principales notions de microéconomie sont aux fondements des raisonnements économiques. Les manuels de référence de Joseph Stiglitz, Gregory Mankiw et, en France, d’Etienne Wasmer, livrent les  concepts fondamentaux suivants : choix, décision, arbitrage, coût d’opportunité, rationalité et raisonnement à la marge, incitations, imperfection de l’information, risque, échange, répartition, marché, défaillances des marchés et interventions de l’Etat.

On peut alors montrer clairement et simplement quels sont les apports majeurs de la microéconomie à la compréhension de l’économie. On peut proposer des cours et poser des questions qui font sens pour les élèves et qui permettront graduellement de les éclairer sur les grandes débats et controverses de société en évitant davantage les biais idéologiques.  

En France, Etienne WASMER, professeur à Siences-Po Paris, propose un cours et un manuel de microéconomie en première année, « Principes de microéconomie : méthodes empiriques et théories modernes ». L’attrait des étudiants pour ce cours est une illustration de ce que nous devrions intégrer au lycée après l’avoir adapté.

Enfin, compte tenu de la place prépondérante occupée par les entreprises dans nos économies, les nouveaux  programmes vont améliorer la compréhension de leur fonctionnement en introduisant quelques notions fondamentales de comptabilité et de gestion comme le bilan, le compte de résultat. 

Ainsi, l’entreprise sera présentée comme acteur qui prend des décisions, procède à des arbitrages, élabore des stratégies, agit en situation d’asymétrie d’information, prend des risques (et non comme un simple agent de la comptabilité nationale).

Quant à la notion de bilan, elle peut être très utile pour comprendre certaines évolutions macroéconomiques comme les politiques monétaires présentées à partir du bilan des banques centrales. La monétisation de la dette publique, l’intervention sur le marché de dette publique, est sera également visible sur le bilan des banques centrales.

   Comment comprendre, dans ces conditions, le rejet en bloc de ces programmes et les appels à la désobéissance pédagogique (c'est-à-dire au nom respect des programmes) ? Les fonctionnaires sont au service des élèves qui seront interrogés sur les programmes officiels. 

Par David Mourey, professeur de sciences économiques et sociales au lycée de Roissy-en-Brie.

http://www.davidmourey.com/

Le site de La Tribune : http://www.latribune.fr/accueil/a-la-une.html

L’article ici :

http://www.latribune.fr/espace-perso/identification.html?idarticle=547166


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