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Beaucoup de sites, moins de compagnies à endiguer

Publié le 13 septembre 2010 par Alain Dubois

barrage_daniel-johnson2.bmpLe 12 septembre 2010, online.casinocity.com a inventorié 2,339 sites de jeu en ligne sur la planète. Cela ne signifie pas qu'il existe ce nombre de compagnies qui opèrent en ligne. Plusieurs sites sont autant de portails vers une même compagnie, et plusieurs compagnies ne font que rediriger les joueurs vers un nombre de réseaux encore plus petit.

Une compagnie, qui veut attirer les jeunes, crée un premier portail dynamique où tout bouge rapidement. Elle appelle son site ÇaBouge.com. La même compagnie veut aussi attirer les personnes plus âgées avec un environnement misant surtout sur le prestige des participants. Elle crée un second portail appelé IciOnAduCapital.com.

Si l’activité de jeu oppose des joueurs les uns contre les autres, les joueurs de ÇaBouge.com et de IciOnAduCapital.com vont se ramasser, sans le savoir, à jouer les uns contre les autres sur un réseau unique. Par une porte qui rassure les petits poissons prudents, on entre dans l’aquarium. Par une autre porte exploitant un message différent, on invite les requins au même aquarium. La porte d’entrée peut être trompeuse.

Par surcroît, le réseau fait aussi affaire avec d'autres compagnies qui exploitent autant de portails différents que leur stratégie de marketing est complexe.

Il est certain que l'existence de 2,339 sites ne donne pas une idée acceptable de l'ampleur de l'offre de jeu à laquelle la population est exposée. Sans être le critère idéal, le nombre de compagnies permet de mieux préciser notre perception de cette ampleur. Il ne faut toutefois pas oublier que si la compagnie existe, elle pourrait ne pas être opérationnelle au Québec, ou du moins être capable d’offrir un portail en français. On ne sait pas, non plus, si des joueurs vont y jouer.

Dans ce contexte, le site online.casinocity.com permet une analyse intéressante des sites de jeu en ligne en fonction des compagnies. On peut ainsi connaître quelles compagnies sont capables d’offrir des portails s’adaptant à différentes langues, telles que le français, l’anglais, l’allemand, le russe, le chinois, etc. De plus, il est aussi possible d’identifier les compagnies qui acceptent ou refusent des joueurs provenant de pays en particulier.

En fin de semaine, le site online.casinocity.com rapportait les chiffres suivants pour la planète, la Suède, la France, les États-Unis et les sites opérant en français au Canada. À l’exception du Canada, tous les chiffres ont été cueillis peu importe la langue de l’interface. La comparaison avec la Suède, la France et les États-Unis est intéressante car ces trois pays ont développé des approches juridiques différentes pour tenter d’endiguer la dépense au jeu de leurs citoyens dans des pays étrangers.

Tableau_1_2010-09-12_.bmp

Des 664 compagnies oeuvrant sur la planète, seulement 166 (25%) acceptent des clients en provenance du Canada et sont capables d’offrir des services en français. C’est donc dire que tout ce qui peut être raconté sur les autres 75% ne concerne pas beaucoup la majeure partie de la population québécoise.

Il est aussi intéressant de noter que la plupart des compagnies acceptent des clients de la Suède, qu’il y en a un peu moins en ce qui concerne la France et beaucoup moins avec les États-Unis. Comme le Québec s’apprête à le faire, la Suède a choisi de concurrencer les compagnies étrangères. La France permet aux compagnies d’opérer sur son territoire, à la condition seulement d’avoir obtenu un permis pour le faire. Les États-Unis essaient d’empêcher les transactions commerciales entre les joueurs. En plus, aux États-Unis, certains opérateurs ont été poursuivis devant les tribunaux.

Ce tableau témoigne que la pression juridique est efficace à réduire le nombre de compagnies qui acceptent des joueurs provenant des juridictions qui réglementent le jeu et qui le communiquent concrètement. Plutôt que ce soit le gouvernement qui tente de les bloquer, ces compagnies bloquent elles-mêmes leur accès.

Une analyse plus détaillée des 166 compagnies, qui opèrent au Canada en français, est intéressante (voir figure suivante). Parmi ces 166 compagnies, quatre-vingt (48,2%) exploitent aussi les marchés en Suède et en France, mais pas aux États-Unis. Dix-huit (10,8%) opèrent aussi en Suède, mais pas en France ni aux États-Unis. En fait, il n’y a que 66 compagnies qui exploitent tous les marchés sans restriction volontaire; ce qui laisse 100 compagnies (60,2%) qui témoignent d’un retrait volontaire d’un marché dès qu’une juridiction communique des limites d’accès.

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Si le principal motif pour implanter le jeu en ligne, précipitamment au Québec, est de colmater promptement une fuite économique massive vers des juridictions étrangères, l’approche adoptée par le gouvernement, s’inspirant du modèle suédois, ne diminuera certainement pas l’offre des compagnies étrangères sur son territoire. À cet égard, il est curieux que le gouvernement, qui connaît les chiffres dont il est question dans ce texte, n’ait pas d’abord choisi de mieux affirmer, notamment devant l’industrie du jeu en ligne, que le jeu n’est légal au Canada que s’il est exploité par un organisme autorisé par le gouvernement provincial. Une réduction de 60% des compagnies aurait vraisemblablement été conséquente.

Sans équivoque, il manque une explication au processus de légitimation de l’étatisation du jeu en ligne au Québec.


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