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L’auteur persécuté

Publié le 13 septembre 2010 par Jlhuss

goncourt-prix.1284363846.jpgNaître à La Réunion, sans connaître précisément la date de l’évènement, d’un père guide de haute montagne et d’une mère anesthésiste avec une demi-sœur et rapidement le désintérêt parental à son égard, c’est assez lourd mais aussi assez banal. C’est quand même suffisant pour les psychiatres, comme amorce pour devenir un sujet d’exception.
Il eut à connaître l’élevage par une grand-mère communiste en Algérie pendant les années troubles, avant de toucher la métropole dans la ville de benjamin , de Copé et du brie.
Il suivit un parcours de formations particulièrement éclectiques qui le menèrent vers l’informatique en étant passé par l’agronomie mais avec déjà une vocation artistique l’engageant dans le cinéma et la poésie. Il ne connut aucun succès avec ces premiers tâtonnements mais poursuivi cependant une formation supérieure dans les arcanes du cinéma.
Le cinéma, même effleuré, et l’agronomie mènent à tout pourrait-on croire, puisque c’est au ministère de l’agriculture et dans les couloirs de l’assemblée Nationale qu’il évoluera ensuite quelques temps, comme assistant parlementaire.
Il était sûr, les psychiatres auraient pu le prévoir (cf plus haut) que l’épisode dépressif guettait notre homme au terme d’un début de vie aussi « démembré » et en dépit d’une union prolifique qui se terminera mal avec un divorce pré dépressif.


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C’est longtemps après qu’il se tourne vers l’élémentaire et plus particulièrement la « particule » et ou commence le tapage médiatique autour de ses écrits. Il faut reconnaître que l’artiste ne donne pas dans le conventionnel de l’époque et qu’aucun des « camps » en présence autour des présentoirs de librairie ne peut s’identifier à sa prose. Elle dérange en ce sens qu’elle attaque bien souvent les normes en vigueur et dénonce les poncifs à la mode sans que l’on puisse véritablement la rattacher à une idéologie bien estampillée. Rien n’est pire que de ne pouvoir être rangé dans une case … Rien est pire que de ne pas s’agréger à une chapelle.
A chaque fois donné gagnant, il passe cependant à côté, à chaque fois, des prix qui viennent annuellement permettre d’ajouter un bandeau rouge à un bouquin, d’en augmenter le tirage et d’en assurer une « mémoire » relative. Ces manquements des divers jurys ne seraient rien s’il ne les faisait reluire à l’acide, allant même jusqu’à prétendre à une honnêteté douteuse et versatile, largement influencée par les conspirations de salon et les bakchichs d’éditeurs.
Il ne manquait pour son bonheur qu’une bonne polémique sur fond religieux. Il la provoque avec délice en déclarant toute sa défiance vis-à-vis des religions en général mais n’hésitant pas à peaufiner le décor par un « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré… effondré. » La machine de l’islamophobie est ainsi mise en route et le grain à moudre fourni gracieusement au MRAP, ligue des droits de l’homme et autres jurys du respect des diversités.
En fait on pourrait presque penser que cet entomologiste de notre société actuelle manie avec brio toutes les ficelles de la communication moderne en appuyant à chaque fois où ça fait mal avec la certitude de déclencher l’hallali.

Pour son dernier ouvrage, il n’échappe pas à cette règle de communication en utilisant l’encyclopédie « gracieuse » pour donner quelques précisions sur l’environnement de son sujet : exactement comme ici d’ailleurs, mais avec du talent. C’est parti pour le « plagiat » qui permet par avance aux jurys de se retrancher et de justifier une nouvelle abstention.
L’ouvrage est pourtant magnifique, d’une écriture remarquable et plus doux et serein que les précédents. Certains d’ailleurs pourront affirmer qu’il est devenu un autre, moins provocateur, plus tendre avec ses « codétenus » du siècle. Il vient de signer un grand livre, le meilleur diront ses aficionados, en tous les cas le plus tendre sur l’humain unitaire à défaut du collectif. Serait-ce son dernier ? Voilà l’élément commercial de taille ! Il met en scène dans cet ouvrage sa propre mort et celle de l’artiste en général.

On circule, comme d’habitude dans son œuvre, d’un « bloc texte » à un autre « bloc » par des fils ténus mais très subtilement noués sans effets excessifs. A ce titre,  le passage par le Quai des Orfèvres et la description du Maigret moderne au sein d’un polar in situ, est aussi inattendu que diablement rèussi.

Mais c’est la mort, une mort sereine, qui est au centre, complètement humaine, décomposée, lasèrisée ! Un chef d’œuvre, qui n’en doutons pas, passera une fois de plus à côté des galons, l’auteur ayant lui-même mis en scène la destination vers l’index.
Bien sûr, vous l’aurez deviné, cette note n’est que le résultat d’une élucubration complètement débile inspirée par des faits relatés mais qui ne saurait être qu’une pure fiction, du romanesque pur dans lequel il n’est permis à personne de se reconnaître ou de reconnaître autrui.


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