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L’action directe.

Publié le 13 septembre 2010 par Marx


   L’apparente mollesse des directions syndicales et politiques actuelles, laisse un goût amer à de nombreux militants ouvriers. Des ripostes à minima syndical dans le cadre d’un respect singulier de la « démocratie bourgeoise » sont loin de satisfaire les éléments les plus combatifs. Chacun se cherche de l’une à l’autre du panel des organisations politiques et syndicales. Il n’y a aucun doute, nous allons vers une radicalisation des bases dans ses franges les plus conscientes, qui savent désormais , que dans sa pratique et dans ses idées, le capitalisme montre à nouveau son profil autoritaire. Le néo libéralisme est une version radicale du capitalisme qui s’apparente au national catholicisme.
   Au début du Xxième siècle encore, la grève générale était considérée par de nombreux marxistes comme relevant de l’action directe et il fallait ne pas infliger ce sacrifice supplémentaire au prolétariat. La grève générale est entrée dans les mœurs et les pratiques courantes du mouvement ouvrier. C’est en Espagne que l’action directe prend une dimension populaire, d’auto défense. De légitime défense disaient les « justiciers d’Ascaso et Durruty ». En France quelques groupes ont bien tenté cette voie mais sans succès, car coupée des masses. Le socialisme est en progression, au point que la bourgeoisie parle de « nouvelle religion du peuple » et la solidarité est forte. En période de grève, les familles ouvrières souffrent, y compris de la faim, de la répression violente mais rien n’y fait et malgré tout l’histoire du prolétariat est jalonné de conquêtes. Le mouvement ouvrier s’étend et son action de masse lui permet de progresser partout, en France , en Angleterre et en Allemagne , il n’a pas besoin de développer l’action directe. La force et la puissance de masse suffit, même si les sacrifices sont nombreux.
   Aujourd’hui les travailleurs ne sont pas prêts, pour le moment à consentir de tels sacrifices et la bourgeoisie le sait. Pourtant il y a une radicalisation, que la bourgeoisie pense marginale, assurée de sa domination par l’argent et son appareil d’Etat. L’argent , elle en a toujours d’avantage mais l’appareil d’Etat n’est plus tout à fait le même, produit des combats passés. Le combat institutionnel n’intéresse pas forcément  les masses et pourtant la question est fondamentale . De ce point de vue les Partis politiques de gauche ont permis des avancées « globalement positives » au niveau de la justice et du droit des citoyens. Il reste à reconnaître le travailleur, citoyen dans son entreprise. La citoyenneté n’a pas encore franchi la porte de l’usine et de l’entreprise. L’appareil d’Etat est paradoxalement devenu le maillon faible mais pour des raisons évidentes pour la bourgeoisie qui le considère dépassé dans le cadre des nouveaux enjeux et de sa mondialisation. Le seul appareil d’Etat qui compte réellement c’est celui de l’impérialisme , celui qui en impose ou veut en imposer à tous les autres Etats. Nous , nous avons l’Europe et sa commission et ses fonctionnaires zélés, c’est loin et sans armée et sans police. ; loin des réticences locales et particulières.
   Pour revenir à l’action directe, c’est en Espagne qu’elle a fait ses preuves comme moyen direct de défense et d’auto défense des travailleurs, face au patronat, à l’Eglise, aux féodaux  et à leurs pistoléros et autres hommes de main. Des représentants syndicaux, de travailleurs, de journaliers disparaissaient, tués ou « passés à tabac ». Les victimes étaient vengées. Le cardinal tueur de Saragosse, Monseigneur Soldevilla  et ses quatre pistoléros payèrent de leurs vies l’affrontement avec Buenaventura Durruty l’anarchiste et héros révolutionnaire. Ascaso, Durruty et d’autres , étaient dans le peuple comme des poissons dans l’eau, avec cette phrase de l’un d’entre eux « Todo depiende de quien tiene la pistola ! » « Tout dépend de qui tient le pistolet ! ». La répression contre les grévistes, les rebelles et les travailleurs en général, était particulièrement féroce en Espagne, y compris dans les régions industrialisées comme la Catalogne. Dans les débuts de la Seconde République, le mouvement ouvrier et révolutionnaire est particulièrement puissant et organisé. Aux coups portés par la bourgeoisie et le patronat l’UGT et la CNT répliquaient, jusqu’à la grève de 34, lors de laquelle les Asturies sont écrasées par la fureur militaire de la bourgeoisie espagnole avec à sa tête, déjà le sinistre Général Franco. Cette bourgeoisie a eu peur et n’a sauvé sa peau que grâce à Hitler, Mussolini et à la lâcheté du reste de l’Europe. Faire trembler de peur ceux qui sèment la misère, les licencieurs, les effaceurs de dignité et rendre coup pour coup à la bourgeoisie et à ses hommes de main. Si , il faut le dire, l’action directe a un bilan plutôt négatif, il n’en reste pas moins vrai qu’elle représente l’ultime alternative pour certains, celle du désespoir. Le désespoir c’est aussi le suicide de travailleurs qui mettent fin à leurs jours, plutôt mourir que de continuer à subir. Plutôt mourir , pour Durruty et Ascaso, oui mais les armes à la main. Dans le système qui se dessine, d’autres mourront jusqu’à ce que l’un d’eux et pourquoi pas , bien d’autres, ne pointeront plus l’arme vers leur tempe car après tout la vie d’un travailleur vaut bien celle d’un bourgeois. A moins qu’enfin les masses prennent réellement conscience, fatiguées de faire les mêmes parcours, deux à trois fois l’an, au milieu des mêmes  cortèges et de répéter toujours la même promenade, avec les mêmes slogans, dans des rues sans écho. Lorsque conscience sera prise, un jour, il faudra bien régler les comptes. « La violence des plus humbles n’a d’égal que celle qu’ils ont subie ! » Jean Jaurès.


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