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Chronique d’une dépolitisation du débat sur les retraites – Les petits papiers de S. Royal

Publié le 14 septembre 2010 par Vogelsong @Vogelsong

“Ce qui m’étonne c’est que vous soyez étonné” S. Royal  - le 12.09.2010 sur France Inter

L’éditocratie s’engage pleinement en faveur de la (contre)-réforme des retraites initiée par le gouvernement. Les squatteurs de plateaux médias ont pris position sur la question clef du quinquennat sarkozyste. Question clef, car au-delà des moulinets et des coups de menton, le succès ou l’échec de cette (contre)-réforme influencera la campagne présidentielle de 2012. Titulaires d’une carte de presse, ils engagent toute la profession journalistique dans la spirale descendante de la propagande d’état. J.M. Colombani, J. F. Achilli, J.M. Apathie, E. Mougeotte, B. Maris et bien d’autres creusent le sillon d’un endoctrinement larvé. Un étouffement du débat dont bénéficie pleinement le pouvoir. Dont il est bon de rappeler qu’ils ne sont normalement pas les représentants. Comme ils ne sont pas, non plus, les porte-voix de l’opposition. Un dernier cas de figure fantaisiste, car la question, bien évidemment, ne se pose pas…

Découpage assuré

Chronique d’une dépolitisation du débat sur les retraites – Les petits papiers de S. RoyalQuand S. Royal agite sous le nez de J. F. Achilli une coupure de journal vantant le mérite de la capitalisation privée, le journaliste feint le courroux. Lors d’une interview sur la radio publique, la présidente de région, preuve à l’appui, vient démontrer à l’antenne qui le prétendu discours du maintien du système de répartition mis en place après 1945 leurre les citoyens. Ainsi, le réel objectif à terme de ladite “réforme” consiste à faire basculer le financement de pensions de retraite vers les acteurs privés. L’assureur AXA lorgne sur le pactole. Pour ce faire, l’Etat doit d’abord démembrer la sécurité sociale. Augmenter la durée de cotisation, baisser les pensions conduisent le citoyen à se tourner vers le financement “à la carte”, un simulacre de liberté réservée à tous, mais surtout à ceux qui le peuvent. Cette « réforme » n’est qu’une étape supplémentaire dans le saccage. Il est d’ailleurs notable que le président de l’institut Montaigne (Think Tank “indépendant” financé essentiellement par des entreprises privées), est aussi Président d’honneur d’AXA. En l’occurrence C. Bébéar souvent invité sur France Inter pour prodiguer ses conseils sur les “réformes” indispensables et qui ne dit pas autre chose sur la thématique sociale. Au-delà du joli coup médiatique de S. Royal, le symbole est fort. Frapper où cela fait mal, faire glisser le débat vers le point focal, celui de la politique. Car cette question est sortie du cercle de la raison. La cohorte de penseurs s’évertue à présenter ce projet comme incontournable, obligatoire, sans aucune autre alternative. Tout est mis en place pour déplacer ce qui est une question de société, vers une issue vulgairement pratique. Une question qui ne devrait pas souffler discussion et dont seules les modalités d’application pourraient être examinées. À la marge. Un exercice où le marquisat journalistique tient son rôle à merveille. S. Royal touche au plus sensible en mettant en avant une réclame à peine déguisée. En soulevant à la fois la question de la marchandisation de l’information, des journalistes, de la survie financière du modèle et enfin de la probité d’une ribambelle de grosses pointures qui fabrique l’information et qui distille un seul et unique point de vue.

Déontologie journalistique

J. F. Achilli voudrait faire croire qu’en montrant une publicité S. Royal participerait à la promotion du groupe d’assurance ? Déontologie onirique dont lui-même a oublié le sens. Alors que le discours et la contextualisation vont dans un tout autre sens. Pense-t-il qu’il s’agit d’une pièce trop éloquente dans un débat qui doit rester en lévitation ? Une sorte d’entorse au jeu convenu de l’interview où tout doit rester sous (son) contrôle. Mesure-t-il, enfin, à quel type de copinage il participe ? Lui, qui entretint C. Lagarde, biberonne à la pensée unique de la France irréformable. Coauteur d’un ouvrage intitulé “L’hypocrisie française” donnant toute latitude à la très libérale ministre des Finances, pour étaler ses vues sur le monde tel qu’il devrait être. Un monde économique majoritairement composé de capitalisation et d’assurances privées.

Quoi qu’en disent B. Maris keynésien fantoche rallié aux 62 ans, simulateur de débat avec (J.M. Sylvestre puis) D. Seux, J. M. Apathie névrosé de la dette, ou J.M. Colombani girouette du Sarkozysme reconverti à l’éditocratie web, le débat sur les retraites est éminemment politique. Il conditionne l’avenir de la société française. Une discussion pour savoir où on va et pourquoi on y va. Un vrai débat sur le modèle de société en somme. Un débat que les journalistes pourraient organiser, afin d’éclairer les citoyens. Dans ce rôle déterminant d’intermédiaire entre la base et ses élites. Où le monde médiatique devrait retrouver une âme et une certaine utilité. Au lieu de cela, la plupart chevauchent leurs petites convictions et imposent une lecture unique du sujet. En bon VRP du pouvoir, c’est un rôle de facilitateur de la contre-réforme qu’ils endossent. Souvent avec zèle.

En politisant le débat, S. Royal, le PS, ce qui est assez rare pour être signalé, fait un microscopique pas en matière de subversion médiatique. Elle s’éloigne des eaux tiédasses du consensus de l’élite majoritaire. Par choix politique, tactique électorale, positionnement idéologique, la gauche, sur ce sujet (seulement), met en branle un clivage fort. Essentiel au débat démocratique. Pourtant, la sarabande d’omniprésents conspire à son étouffement, en continuant de canaliser l’opinion entre la raison (réformer selon les vœux du gouvernement et du MEDEF) ou la folie (ne rien faire et laisser le système s’effondrer). C’est en opérant de la sorte, c’est à dire en appuyant où cela fait mal qu’éventuellement se nouera le débat. La défaite alors ne sera pas certaine.

Vogelsong – 14 Septembre 2010 – Paris


.Quand Royal découpe la presse …
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