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Samedi, c'est le Temps du Cornalin

Publié le 14 septembre 2010 par Danielle
TdC_Cornalins Avec les couleurs qui commencent à annoncer l’automne, avec le raisin qui murit, le temps arrive de quitter un peu les hauteurs de Crans-Montana pour descendre sur le coteau viticole. Samedi, ne manquez pas la cinquième édition du Temps du Cornalin, à Flanthey (10 h 30 à 22 h). «Le clocher étant au milieu du village, précisent les organisateurs, les 13 vignerons-encaveurs de Flanthey seront rassemblés autour de l’église!... Ils y proposeront leurs cornalins ainsi que quelques autres crus 2009, une année que les spécialistes prédisent déjà comme «exceptionnelle»!» A noter qu’en cas de mauvais temps, la manifestation serait déplacée à la salle polyvalente.

Trois encaveurs d’outre-Sarine issus de la génération montante des vignerons suisses alémaniques, régulièrement médaillés des grands concours, proposeront également leurs meilleurs vins lors de cette édition, en particulier leurs pinots noirs:
• la Winzerkeller Strasser
• la cave Saxer Weingut
• et Nicole Staubli
Restauration de 12h à 22h, non-stop (chasse, raclette, etc. / fromages de l’alpage de Mondralèche, pain au cornalin, etc.). En fin de journée, l’accordéonniste fera danser les plus enjoué(e)s!


Un cépage très ancien

Le cornalin, appelé également «rouge du pays» dans le Valais romand et «Landroter» dans le Haut-Valais, est probablement un des cépages rouges les plus anciens qui aient été plantés en Valais. La première référence à son existence – qui est également la première mention de l’existence d’un vin rouge en Valais – semble remonter à 1313. Cette année-là, le 17 février, le Registre d’Anniviers (Registrum cancellariae sedunensis de Vercorens de Anivesio 1298-1314) des Archives de l’Etat du Valais évoque pour la première fois un vin rouge: le clerc Amedeus de Reyna stipule que Willermus de Anivesio et son frère Petrus vendent à Eymericus de Ayeir de Anivesio une vigne «abondante en grappes» près de Granges, sur la route qui va à Lens, plantée «de Neyrum de humagny et de Regy».

En 1952: Granges et Lens, derniers à cultiver le cornalin

Le Neyrum (de nigrum = noir) indique vraisemblablement qu’il s’agit du rouge du pays ou Landroter (devenu plus tard cornalin). Les deux derniers noms cités désignent l’humagne et
la rèze. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les cépages rouges les plus communs sont certainement l’humagne rouge, l’Eyholzer roter, la durize et surtout le Landroter. Ces variétés ont commencé à décliner avec l’apparition aux environs de 1850 du pinot noir et du gamay. Mais le vrai coup de grâce sera le phylloxéra qui, en détruisant la majorité du vignoble à la fin du siècle, conduit à un réencépagement orienté vers des cépages plus productifs, plus résistants et plus aisés à travailler, au détriment des variétés traditionnelles.
Ainsi, en 1952 le rouge du pays n’est plus cultivé que dans deux communes: Granges et Lens, où il a été contrôlé officiellement avec respectivement 5095 et 4523 litres. Ces quelques ceps oubliés vont suffire à préserver le patrimoine génétique d’une spécialité pluricentenaire.

Du rouge du pays au cornalin, un développement fulgurant

Aujourd’hui le cornalin doit son existence à un jeune vigneron de Salquenen ayant fait ses études à la station fédérale de Wädenswill, André Mathier. Suivant le conseil d’un de ses professeurs, qui considérait qu’avant d’introduire de nouveaux cépages à la mode il fallait d’abord chercher à en savoir davantage sur les variétés traditionnelles en voie de disparition, André Mathier s’intéresse au rouge du pays. Il effectue des recherches et retrouve quelques ceps oubliés, sur lesquels il prend des greffons en bonne santé. En 1972, il plante 1000 m2 de terrain avec des pousses issues de sa sélection, et récolte sa première vendange trois ans plus tard.
Peu à peu la qualité s’améliore et le vin commence à intéresser les professionnels. En 1972, s’inspirant du cornalino du Val d’Aoste, l’oenologue Jean Nicollier le rebaptise le cornalin.
Sous cette appellation, le cépage va connaître un développement fulgurant. Dans les années 90, l’ancien rouge valaisan entre dans le club des spécialités du canton et les pépiniéristes commencent à en commercialiser les greffons. Aujourd’hui le cornalin est cultivé sur plus de 116 hectares. En 2003, le chercheur valaisan José Vouillamoz fait enfin la lumière sur l’origine du cornalin et prouve, sur la base d’analyses ADN, que le cornalin de la vallée d’Aoste est de l’humagne rouge. Quant à notre cornalin du Valais, il descend de deux cépages valdôtains le petit rouge d’Aoste et le mayolet.

Cornalin, la locomotive des vins valaisans

Le cornalin est un cépage tardif, qui exige les meilleures expositions et qui a de surcroît tendance à alterner. Autant de particularités qui ont provoqué une forte baisse de son aire de culture vers le milieu du XXe siècle. Depuis quelques années pourtant, la variété retrouve de l’intérêt et son implantation augmente.
Aujourd’hui le cornalin jouit d’un prestige majeur et produit parmi les meilleurs vins de garde du canton du Valais. Comme l’écrivent Anne-Dominique Zufferey et Sabine Carruzzo dans l’ouvrage de référence «Histoire de la Vigne et du Vin en Valais» au chapitre «Le conte du Petit rouge devenu grand»:
«Le cornalin est aujourd’hui la locomotive des vins valaisans, au même titre que la Petite Arvine.»

Musée des cornalins du monde: ni commerce ni poussière

Un projet, lancé par les encaveurs de Flanthey, vise à faire du château de Vaas, une maison patricienne du XVIe siècle - sans doute la plus illustre bâtisse des hameaux de la commune de Lens - un Musée du cornalin. Une association a été créée, avec notamment pour mission de trouver le financement nécessaire aux travaux de rénovation du bâtiment d’abord, et d’aménagement du lieu ensuite. Un groupe de travail a également été mis sur pied pour travailler sur ce projet. Celui-ci intègre un représentant du Service des bâtiments, monuments et archéologie de l’Etat du Valais. Les travaux de rénovation devraient commencer en hiver 2010.

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