La médecine du travail est en grand danger. D'ici à 10 ans, 80% des médecins du travail auront atteint l'âge de départ à la retraite. Problème, les jeunes ne sont aujourd'hui pas assez nombreux pour faire face à la prochaine pénurie de médecins.
Les syndicats demandent depuis un certains tant déjà une véritable réforme de la profession, peine perdue leurs demandes sont restées lettre morte. Pourtant le Ministre du Travail n'a pas renoncé à réformer mais il le fera de manière "low cost" c'est à dire par une série d'amendements au projet de loi sur les retraites. Un procédé qui fait bondir les syndicats de médecins qui s'inquiètent aussi du contenu de ces amendements.
Premier bouleversement, le gouvernement entend remplacer la médecine du travail par la médecine de ville pour toute une série de professions (intermittents, artistes, mannequins, employées de maison, représentants). Ces salariés devront donc aller chercher eux-mêmes un médecin de ville. Tant pis si ces médecins ne sont pas formés à connaître le monde de l'entreprise ni les situations professionnelles de leurs patients.
Deuxième "astuce" pour pallier à la pénurie : recourir aux internes et aux infirmières. Un dévoiement inacceptable du métier de médecin du travail pour Jean-Marc Bilquez - secrétaire confédéral de Force Ouvrière - interrogé par Rue 89 : "Aujourd'hui, le code de la santé publique interdit aux infirmières de poser un diagnostic. Quant aux internes, leur manque d'expérience risque de les mettre en danger, en même temps que les salariés".
Dans les cartons depuis 2007, la réforme de la médecine du travail était attendue de pied ferme par les syndicats. Promise par Woerth en mai dernier, elle passera donc vraisemblablement en catimini sans véritable dialogue social. Un procédé qui passe mal chez les syndicats et que les députés socialistes ont dénoncé au sein de l'hémicycle.
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