La gauche a ses paradoxes et ses effets de mode. Il en est pleins
de compassion, sensibles aux libertés défendues et revendiquées par les religions minoritaires mais derrière lesquelles se cachent d’autres, notamment celle qui domine en Europe. La
caractéristique historique des religions et selon les époques, c’est au nom de ses libertés et de sa vérité, de la supprimer aux autres. La religion a toujours été un bon prétexte pour s’étriper
et masquer les intérêts réels qui en sont à l’origine. Ceci est d’autant plus facile , que l’essentiel d’entre elles, les plus importantes sont des forces hégémoniques. Les phases historiques de
leurs affrontements sont plus nombreuses que celles de quiétude. Peut on parler de paix entre elles si ce n’est qu’en façade.
Cette sensiblerie et cette compassion pour une candidate voilée ou pour la prière des caves, ne correspond pas à une approche rationnelle et politique de gauche. L’influence de la doctrine
sociale de l’église dans des milieux de gauche est très forte de nos jours, elle induit une approche caritative. C’est ce qui reste quand il n’y a pas de solidarité effective. Les problèmes de
foulards et de voile ne sont pas de nouvelles affaires Dreyffus et elles n’ont rien de comparable. Par contre cette même gauche se soucie peu de ces camarades oubliés, courageux combattants de la
liberté et de l’émancipation. Jamais la question de ces hommes et femmes issus du monde musulman et arabe, qui sont athées, libre penseurs, marxistes, féministes . Ils existent dans leurs pays
respectifs et ils sont opprimés, emprisonnés, torturés, assassinés. Ceux qui exigent des libertés religieuses dans nos pays démocratiques et qui ont le droit de croire à leurs icônes, ne se
lèvent pas pour autant pour défendre la liberté des autres, là où leur religion écrase les « mécréants ». En France comme ailleurs en Europe, on ne parle jamais de ceux qui ne sont pas des
croyants. On parle de « communauté », pourtant des opposants aux régimes sanguinaires et religieux, il y en a des milliers, réfugiés ici pour éviter de subir « le châtiment suprême ». Même ici
dans nos démocratie, ses militants vivent quasiment dans la clandestinité et doivent se méfier de la police et de ceux qui les persécutent au nom de Dieu le « miséricordieux » . Il y a des
opposants de tous les pays dans lesquels règne une dictature politique et religieuse, des communistes, des socialistes, marxistes, libre penseurs, athées militants, féministes. Qui en parle à
gauche, de ceux qui subissent une double peine. Le terme de camarade aurait il un sens à géométrie variable pour s’apitoyer sur celle qui ne peut porter son voile et ignorer celle à qui on force
de le porter. Ignorer celui et celle qui se bat pour être libre de ne pas le porter dans son pays d’origine, qui se bat pour l’école pour tous, femmes et hommes sans distinction de sexe. Ils sont
les ressortissants de dizaines de pays ,réfugiés, seuls ou organisés en exil et qui ne trouvent pas la protection et la solidarité. Non certains préfèrent se battre, non pas pour libérer de
l’obscurantisme mais pour la liberté de le subir et par là de ceux qui veulent l’imposer. Cette attitude compassionnelle isole et met en danger les vrais combattants de la liberté, trop souvent
encore pourchassés dans leur terre d’exil, dans le silence médiatique et l’oubli de ceux qui se prétendent internationalistes. Ces organisations cultuelles si promptes à manifester leurs volontés
en terme de « liberté » religieuse, le sont moins et muettes lorsqu’il s’agit de défendre cette même liberté à d’autres dans leurs pays d’origine respectifs. Rien lorsqu’il s’agit de défendre les
camarades, nos camarades, d’user des libertés minimales, civiques , politiques et sociales.
Combattre dans l’indifférence de ceux, camarades, qui jouissent de la liberté d’expression de réunion et d’organisation, c’est être encore plus seuls, encore plus victime. Et défendre les signes
de l’oppression qu’ils subissent, c’est y ajouter du mépris. Isolés, ils sont plus encore à la merci de leurs oppresseurs. Quand la gauche va enfin se battre pour que ces organisations soient
légales sur notre territoire, les cultes ne le sont ils pas. Quand pourront elles s’exprimer librement, au grand jour, au même titre que les cultes. Comme si les religions détenaient la vérité et
qu’il n’y avait point de raison. En République seule la raison est reconnue, qu’elle le soit pour tous et à plus forte raison, celle des opprimés qui n’aspirent qu’à se libérer, n’est elle pas là
la première fonction d’une la République qui se prétend universelle.
Les camarades oubliés, sans dieu ni voile, avec la raison comme seul bagage, contraints à la fuite et au silence quand d’autres parlent de libération le fait d’exhiber les signes de leur
oppression. Hier , même la droite n’osait mettre en évidence les signes, qui pourtant lui tiennent à cœur ,du national catholicisme de Franco ou d’un Salazar. Aujourd’hui une certaine gauche se
permet tout en croyant être à contre courant de l’idéologie dominante, alors qu’elle ne fait que la renforcer. Rerum Novarum semble être sa nouvelle doctrine, celle de la troisième voie et
on sait où elle conduit. Tout l’inverse d’un Marx ou Jaurès, qui pourtant eux, ne voulaient pas de camarades oubliés, mais unis dans un même combat et pour une même finalité, libérée de
l’obscurantisme et des tabous. De nos jours les internationales sont et ont oublié les raisons qui les ont fondées.
A nos
camarades que nous , n’oublions pas !