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Victoire et chiffres

Publié le 15 septembre 2010 par Egea

Le dernier DSI est excellent, il faut bien le dire. Parfois, certains numéros ne me passionnent pas trop, mais là, le père Joseph a produit qq chose de très bon. Je ne parle bien sûr pas de l'édito de Carl, qui m'a comme toujours fait hurler de rire : on voit que Joseph est belge, amateur de pommes de terre frites et donc porté sur la patate....

Victoire et chiffres

Non, ce sont surtout deux articles qui m'ont fait réfléchir : ceux de Benoist Bihan (la plume et le sabre) et de Florent de Saint-Victor (Mars attaque). Deux alliés d'AGS, ceci explique peut-être cela (savez vous qu'AGS est la meilleur plateforme de stratégie francophone? oui, vous le savez, mais sait-on jamais...).

Que dit Benoist ?

1/ Que la notion de victoire appartient au passé, qu'elle a été inventée sous le nom de victoire décisive par les Allemands au XIX°, mais que cela ne correspond pas vraiment à ce qu'on observe dans l'histoire, et pas du tout à ce qu'on observe aujourd'hui. (bon, après, je ne suis pas d'accord avec ses aperçus sur l'opératif par rapport au stratégique, mais c'est une autre histoire, ça nous a pris un peu de temps l'autre jour, on y reviendra peut-être).

2/ ça me rappelle ce que je disais l'autre jour sur un média quelconque, et qui a bien sûr été mal interprété par des esprits chafouins (que dis-je : malveillants) qui n'ont pas tout écouté : parler de victoire ou de défaite sur les théâtres modernes est illusoire, car je ne sais pas ce que c'est que gagner ou perdre une guerre irrégulière. Il serait d'ailleurs opportun que tout un tas de commentateurs réfléchissent un peu à ces questions.

3/ Cela nous amène alors à l'article de Florent : aujourd'hui, tout est bataille de chiffres. Il évoque bien sûr Mc Namara et les origines de la recherche opérationnelle au cours de la 2GM, puis le prisme des chiffres (au VietNam mais aussi en Afghanistan) : puisque la réalité est difficile à appréhender, modélisons la, cela permettra au moins de dominer ce terrain.

4/ Je précise immédiatement que malgré les apparences, une telle approche "technocratique" (une autre forme de technologisation de la guerre, c'est probablement ce qui a intéressé le rédac chef) n'est pas dénuée de sens : avez-vous remarqué comme les OPLAN modernes ressemblent à des business plans ? on fait la guerre comme de l'économie. Ce n'est pas l'économie qui imite la guerre, comme on le dit trop souvent, c'est la guerre qui imite l'économie.

5/ Dès lors, les chiffres de la bataille constitue une bataille de chiffres. La victoire "objective" y est improbable. Peu importe, en fait. Gagne celui qui dit qu'il a gagné, et qui en convainc l'autre. On y reviendra au sujet d'un autre cas qui est en train de bouillir (billet à venir). Mais cela renvoie au débat sur la bataille de Qadesh....

Bref; pas de victoire constatée, mais une victoire affirmée; pas de défaite "concédée", mais une défaite "admise". Au fond, derrière les mots, derrière les langues (et les chiffres sont langage), on comprend que la guerre est affrontement de volontés. Perd celui qui dit qu'il a perdu. C'est pourquoi le défaitisme occidental est bien plus dangereux que les opérations talibanes.

Nous avons le temps pour nous ! car à la fin, nous gagnerons.

O. Kempf


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