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La vérité rien que la vérité ! De la sérénité aussi !

Publié le 16 septembre 2010 par Danymasson

Rare,  mais  l'exception  confirme  la règle,  la publication

en  entier  d'un  article à propos de la Région des Grands

Lacs  Africains.  Cet article de Colette Braeckman auquel

ce  blog et l'auteur souscrivent. Les mêmes questions, les

même  inquiétudes.  Pourquoi maintenant ?  La fuite,  ses

origines ne  devraient pas trop étonner ceux et celles  qui

suivent assiduments la situation de cette région.Qui mieux

que Colette Braeckman pour faire une synthèse, avoir une

lecture de terrain ? Nous avons eu la chance de nous croisé

sur certains. Ici, la tension monte. C'est regrettable. Rien ne

sert aux uns et aux autres de surenchérir.

Cette actualité,  est à suivre  de  près. Ce  qui  est ou sera

 publié et avalisé par l'ONU ne sera pas ce rapport tel quel.

Quoi qu'il en soit, il  ne  doit pas laisser une  porte ouverte

 supplémentaire aux négationniste du Génocide de 1994.

A tout prendre il sera peut être une monnaie d'échange qu'

utilisera la France qui est de nouveau devant le dilemme de

faire ou ne pas faire de commission sur le Rwanda et les

événements de 1994.

Bonne lecture et Bonne journée !

colette.jpg

Colette Braeckman : Crédit Photo Le Soir


La  vérité due  aux  morts  et  les  intérêts  des   vivants

Il n’y a pas de bonnes et de mauvaises victimes. Si l’on  veut

que   la région des Grands  Lacs connaisse  un jour une  paix

durable,  il faudrait que la lumière soit faite sur tous les crimes

qui y ont été perpétrés, par les uns et par les autres,   que tous

les morts, quel que soit leur groupe ethnique ou leur nationalité,

puissent être pleurés sans contrainte et reposer en paix.   Mais

il n’y a pas non plus de bonne et de mauvaise vérité et si l’ONU

entend prendre la tête de l’exercice, elle doit aussi rappeler ses

propres responsabilités :   l’abandon du   Rwanda, la protection

humanitaire accordée à   des génocidaires en armes confondus

avec les réfugiés,  l’incapacité de régler le  problème sécuritaire

que leur présence représentait tant pour le Rwanda que pour les

populations congolaises. Et, de nos jours encore, il faut déplorer

  l’incurie  des Casques bleus qui,   à Luvungi, n’ont pas  réussi, et

peut-être pas tenté, de protéger 200 femmes congolaises violées

systématiquement par des rebelles dont  la présence,   il importe

de s’en souvenir, découle directement des évènements  de 1994

et de la guerre de 1996-1998…


Cela étant, à condition qu’elle aborde les causes autant que les

 conséquences, l’investigation menée au Congo est légitime, car

elle  rend justice à ces millions de  Congolais qui ont été, à des

 titres  divers, victimes d’une guerre qui n’était pas la leur.  Mais

elle est aussi explosive, car la publication du rapport risque de

 bousculer plusieurs gouvernements de la région : des éléments

des forces armées rwandaises sont directement visés, mais des

 Burundais, des Ougandais, ainsi que des officiers congolais, hier

  membres des groupes rebelles, pourraient également être mis

en cause.

Pour être complet, le rapport devrait aussi mentionner les appuis

 internationaux dont bénéficièrent à l’époque les forces de l’AFDL

ainsi que leurs adversaires. En effet, au moment des massacres

de Tingi Tingi, des mercenaires serbes se trouvaient à Kisangani,

recrutés  par  les Français et ils s’apprêtaient à faire leur jonction

avec  les  combattants hutus qui   se servaient des  réfugiés civils

comme de boucliers humains.

En  outre,  les attaques  sur les  camps et la traque  des réfugiés à

travers le Congo furent rendues possibles par des photos aériennes

 fournies par les Américains, tandis que les Canadiens faisaient tout

pour décourager, au début de la guerre,  une intervention plus vaste

de l’ONU.


Autrement dit, il serait totalement injuste de charger uniquement

les  gouvernements africains de la région, comme si  les Nations

Unies et surtout les grandes puissances membres du Conseil de

sécurité   n’avaient   pas été   activement  impliquées   dans   ces

événements,   évènements   dont les peuples   de   la région des

Grands Lacs allaient payer le prix durant des décennies.


Après  quinze  années de  silence  obligé et   de  triomphe de la

raison d’Etat, ce rapport, dont la fuite, inévitable mais   peut-être

pas   fortuite,  apparaît  comme un pavé dans la mare, alors que

les  gouvernements de la région commençaient enfin à se parler,

à collaborer, à s’engager dans la reconstruction. Les intérêts des

vivants, qui   aspirent à  la paix,   au développement,   pourraient

 entrer en collision avec la vérité due aux morts…


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