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Péchenard : «Selon que vous serez puissant ou misérable»… justice à deux vitesses…

Publié le 17 septembre 2010 par Kamizole

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«Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir» disait La Fontaine en guise de “morale” des «Animaux malades de la peste». Rien de nouveau sous le soleil depuis le siècle du Roi Soleil. Cela ne se vérifie que trop en Sarkozy quand bien même serait-ce la loi du genre sous tous les régimes et depuis que le monde est monde. Mais nous atteignons des proportions qui ne peuvent que faire gronder le peuple, fort mis à mal en ces temps difficiles quand il constate – bénie soit la presse qui nous en informe ! – qu’il suffit d’être quelque chose dans les allées du pouvoir ou “fils de” pour n’être pas inquiété comme le vulgum pecus pour des infractions identiques.

A preuve : ce titre du Monde (16 septembre 2010) Le patron de la police nationale serait intervenu pour éviter des poursuites à son fils. «Deux poids, deux mesures» dit à bon escient la sagesse populaire qui ne s’en laisse pas conter s’agissant des passe-droits… Cette fois, il s’agit du fils de Frédéric Péchenard, Interpellé selon le Parisien sur les Champs-Elysées pour conduite d’un scooter en état d’ivresse et outrage à agent dans la nuit du 17 au 18 février et conduit au commissariat du VIIIe arrondissement de Paris «avant d’être rapidement libéré»

Si vous voulez mon avis, cette histoire ancienne ressort aujourd’hui car beaucoup de flics doivent en avoir ras-le-bolus d’être pris pour des cons. On les somme de «faire du chiffre» - d’où la multiplication des interpellations et des gardes à vue – mais dès qu’ils épinglent une “huile” on les somme derechef de “passer l’éponge”… Or, la plupart des flics de base sont comme nous, des gens du peuple. Aussi mal payés que tous les fonctionnaires des classes moyennes : infirmières, enseignants, etc. et obligés, comme mes ex consœurs soignantes, de faire un max d’heures sup’ qui ne seront pas rétribuées ni compensées par les repos pourtant prévus.

Ces passe-droits ne peuvent que les insupporter. Les commissaires de police doivent avoir l’échine aussi souple que les préfets… s’ils ne veulent moisir dans des placards ou aller «casser des cailloux à Cayenne» ! Souvenez-vous, cela remonte à moins d’une semaine : le vendredi 10 septembre 2010, Gilles Dufeigneux, chef de cabinet de François Fillon était interpellé dans les mêmes conditions dans le Ve arrondissement Ça l’affiche mal : le chef de cabinet de François Fillon roulait bourré.

Et là, même traitement de faveur : ni PV ni procédure, pas de garde à vue. Le commissaire du Ve (averti par les policiers de l’irascibilité du conducteur) poussant même l’obséquiosité jusqu’à raccompagner Dufeigneux jusqu’à son domicile. Il fut quand même obligé de démissionner. La moindre des choses.

«Le poisson pourrit par la tête» dit un proverbe chinois (?). Je doute que Frédéric Péchenard ait donné une éducation digne de ce nom à son rejeton. On fustige à bon droit l’irrespect des petits cons de banlieue qui - tout en demandant le respect ! – ne se privent pas d’insulter tout le monde en usant d’un langage ordurier. Quand bien même en connaîtrais-je certainement autant qu’eux sur le chapitre des injures et des insultes, je ne l’utilise que fort rarement - et encore faut-il m’avoir gonflée grave ! - en dehors de mon “particulier”…

Je ne manque pas de le souligner : mon blog n’existerait plus depuis longtemps si je me laissais aller aux noms d’oiseau qui me viennent spontanément en voyant, écoutant ou lisant les turpitudes de ces prétendues élites qui nous gouvernent. Le plus mal possible, au demeurant. J’avais fait naguère la recension de tous les termes – en français, en argot et même en Solognot – permettant de se passer du mot «con». Qu’il m’arrive toutefois d’utiliser comme tout un chacun. Encore que du point de vue sémantique il soit paradoxal de traiter un homme de con, sachant que le mot – dérivé de «conil» : en vieux français, lapin ! que vient-il faire ici ? – désigne le sexe féminin… Mieux vaudrait dire : couillon.

Une fois de plus, je dirais que dans ma jeunesse les enfants d’ouvrier et d’employés de mon quartier HLM étaient aussi bien éduqués que dans n’importe quel milieu. Parfois nettement mieux. J’ai le souvenir du fils d’un préfet du Loiret qui dans les années 60 défrayait régulièrement la chronique par ses frasques. Interpellé souventes fois par les policiers mais bénéficiant évidemment d’un traitement de faveur. Mes collègues de la DDASS qui travaillaient à la Préfecture avant qu’elle n’emménageât rue des Huguenots (elle fut après mon départ installée dans la cité administrative de la caserne Coligny libérée quand les Américains quittèrent la France en 1967) m’en racontèrent des vertes et des pas mûres.

Je suis indignée de lire que le fils Péchenard aurait dit au brigadier qui l’a interpellé «Tu fais qu’un métier de con, je vais te muter à la circulation»… Qu’est-ce qu’il se croit, ce merdeux ? Il parle comme s’il avait quelque pouvoir ! Nous ne sommes plus sous l’Ancien Régime où les rejetons de la noblesse et de la haute bourgeoisie succédaient à leur père dans les charges.

Il me trottait dans la tête un aphorisme de Pascal relu récemment dans mon “cabinet” de lecture. «Que la noblesse est un grand avantage, qui, dès dix-huit ans, met un homme en passe, connu et respecté, comme un autre pourrait avoir mérité à cinquante ans ! C’est trente ans gagnés sans peine»… Là encore, cela semble se vérifier trois siècles plus tard. En Sarkozie, il me devient de plus en plus évident – je suis loin d’être la seule à le penser ! – qu’un décret jamais publié est revenu à l’insu de notre plein gré sur l’abolition des privilèges votée lors de la fameuse nuit du 4 août 1789.

En plus, autant que son idiote suffisance méprisante pour le brigadier de police – fi donc ! un simple flic… - il montre bien l’étendue de sa stupidité : «mutation à la circulation». Quelque personne charitable devrait l’avertir que précisément ce policier est déjà affecté à la circulation… et au tout-venant des infractions sur la voie publique. Les pandore de base ne circulent plus aujourd’hui en vélo, deux par deux comme les fameuses «hirondelles» de jadis dont le surnom tenait tout autant à leur longue cape noire qu’à la marque de vélo de la manufacture de Saint-Etienne.

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De même qu’il y a belle heurette que sauf exception il n’y a plus de policiers affectés à la circulation aux carrefours. Remplacés par les feux tricolores. Je les voyais dans mon enfance et même plus tard, au milieu du carrefour – parfois dans une guérite ronde, blanche – agitant un panneau carré et jouant du sifflet pour faire avancer ou stopper les véhicules. J’en ai le parfait souvenir à Orléans, sur la place Albert 1er du temps de l’ancienne – très belle façade - gare. A Tours, ils furent moins cons : elle fut modernisée (idem les Gare du Nord, de l’Est et de Lyon à Paris).

A la place de Frédéric Péchenard, j’aurais au contraire demandé aux policiers de le flanquer une bonne nuit au cabanon pour lui donner une leçon de savoir-vivre. «Faut être sec» disait souventes fois une copine orléanaise. Dire que Nicolas Sarkozy ose parler de «laxisme» concernant les juges ! Il vient au demeurant de prendre deux baffes bien méritées !

La Cour d’appel vient en effet de confirmer que le second prévenu mis en cause dans l’affaire du hold up du casino d’Uriage devait rester libre sous contrôle judiciaire car d’une part, la probabilité qu’il essaie de s’enfuir est peu probable et d’autre part, les éléments de la preuve de sa participation ne semblent pas aussi établis que l’affirmait la police … Se seraient-ils trompés une nouvelle fois ? La suite de l’enquête le dira. Mais ce n’est pas parce qu’une personne a déjà un casier judiciaire ou est connue des services de police qu’elle est forcément coupable. Trop élémentaire, mon cher Watson !

Dans l’affaire de Villiers-le-bel – attaques contre la police - un témoin indirect vient de se rétracter, apprenions-nous hier. Il dit avoir fait l’objet de pressions de la part des policiers, assorties de promesses de régler ses propres problèmes judiciaires…

Déjà, je trouve monstrueux que l’on puisse condamner qui que ce soit avec des témoins anonymes (pas lui mais d’autres témoins à charge) qui peuvent très bien mentir pour faire tomber certaines personnes qu’ils auraient dans le nez pour diverses raisons. On en a vu bien d’autres sous l’Occupation – encore ! Et surtout, c’est fouler aux pieds le principe du débat dit «contradictoire» dans la mesure où les deux parties ne sont plus à armes égales.


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