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J'ai fait mon portrait et je l'ai appelé Dorian. Puis je l'ai lacéré à coups de couteau en espérant très fort pouvoir enfin me débarrasser de ce corps qui se refuse à vieillir.
Ça n'a pas marché.
Alors, pour m'aider à cette oeuvre, j'ai fait appel à la cigarette.
Comme tout le monde le sait, son efficacité dans le domaine est infaillible...
Dorian, il n'aime pas trop quand je fume. Même en lambeaux, il me dit que je me fais du mal pour pas grand chose.
"Pas grand chose !" Je lui rétorque. "Pas grand chose ! Sais-tu ce qu'il y a de pire que de vieillir ? C'est de ne jamais pouvoir rattraper son âge ! C'est de toujours devoir paraître ce que l'on n'est plus ! C'est de voir ses proches décliner au fil des ans et de constater l'écart se creuser sans cesse plus profondément !
Tu comprends, Dorian ? Ce n'est pas que je veuille me faire du mal, mais parfois, je n'en peux plus d'être un éternel jouvenceau..."
Dorian, je n'aurais pas dû le lacérer. Après tout, il n'y était pour rien. C'est cet Oscar qui m'a induit en erreur en me racontant n'importe quoi !
Pauvre Dorian !
J'ai voulu reconstituer la photo et recouvrer mon beau portrait, mais je n'ai pu mettre la main sur la bouche...
Pourquoi les gens racontent-ils toujours des histoires ?