Lula et sa "créature"
Alors que la campagne présidentielle entre dans sa phase décisive (il ne reste plus qu'un bon mois avant le vote du premier tour, qui aura lieu le 3 octobre prochain), et que les derniers sondages confirment le vent -très- favorable pour la candidate du PT Dilma Rousseff (le dernier sondage Datafolha en date du 28 août dernier crédite Dilma de plus de 20 points d'avance sur le candidat d'opposition, le PSDBiste José Serra), j'en viens à m'interroger sur la pertinence des toutes dernières déclarations et attitudes de la "créature" de Lula, cette Dilma Rousseff qui était encore inconnue de 80% des brésiliens il y a un an et qui ne doit sa popularité qu'au fait qu'elle soit le "choix du roi", en l'occurence celui du président en exercice, l'incroyablement charismatique et populaire Lula da Silva. En effet, dopée par ces bons sondages, voire enivrée, elle semble de fait déjà installée dans le Palacio do Planalto (le Palais Présidentiel de Brasilia), si on en juge par ses récentes prises de parole ("Ma plus grande fierté, c'est de devenir la première femme présidente du Brésil"), mais aussi l'emploi du futur, et non plus du conditionnel (le "si je suis élue..." n'est plus au goût du jour), dans ses prises de position : "je n'ajusterai que marginalement les impôts", a t-elle très récemment déclaré. Plus ennuyeux pour la bonne tenue du débat politique qui doit se poursuivre durant ce mois de septembre, elle fait preuve d'une certaine morgue en refusant de débattre, les 9 et 10 septembre prochains, avec les éditorialistes et les lecteurs de O Globo, alors que ses deux principaux adversaires, José Serra, donc, mais aussi Marina Silva (des écologistes du PV) ont accepté l'invitation du plus important quotidien national (même si celui-ci est farouchement anti-Dilma). Elle semble oublier que les électeurs ne se sont pas encore prononcés, et qu'il en va de l'intérêt de la (jeune) démocratie brésilienne de respecter les échéances et de ne pas brûler les étapes, quand bien même tout semble indiquer que le travail de sape de Lula en faveur de Dilma est en train de payer. Et c'est bien ce qui devrait inciter cette dernière à plus de modestie : elle ne serait rien sans son mentor, ce président aux 80% d'approbation populaire en fin de mandat, ce monstre politique adoré par une très large frange de la population, n'en déplaise aux élites cariocas et paulistas. A telle enseigne que la seule question que posent (ou posaient jusqu'à récemment) les nombreux indécis au moment de se prononcer sur leur vote est : "Qui est le (la) candidat(e) de Lula ? Parce que c'est pour lui (elle) que je voterai...". Ceci devrait inciter à plus de mesure, chère Dilma...