Ainsi, pour tamiser mes envolées laudatives d'hier envers le Brésil, je laisse la parole à Rubem Paes, habitant de Niteroi, de l'autre côté de la baie de Guanabara, pour une missive intitulée "Les deux Brésils" :
"Nous vivons dans deux Brésils : l'un est virtuel et l'autre est réel. Dans le Brésil réel, la Police Militaire séquestre des personnes, nous avons peur de sortir dans la rue par crainte d'être attaqués ou à cause des balles perdues, nous n'avons pas confiance dans nos institutions (la police, les mairies, les hommes politiques, les transports..), nous croisons des enfants abandonnés et des mendiants dans les rues, les hôpitaux ne fonctionnent pas avec un minimum de décence, la population souffre du faible niveau des transports publics, la qualité de vie de la plupart des habitants est déplorable. Ce que nous voyons dans les rues nous rend tristes et honteux. Il suffit de pleuvoir pour que des dizaines de personnes meurent. Dans l'autre Brésil, le virtuel, le gouvernement montre des statistiques flatteuses sur son excellent travail, fait des campagnes publicitaires à la télévision et à la radio en nous présentant un pays ou tout fonctionne à merveille, la sécurité des citoyens est assurée et la qualité de vie digne du Premier Monde (ie Europe, Etats-Unis...). Juste un petit détail : nous citoyens n'avons pas appris à vivre dans un monde virtuel."