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The runaways

Publié le 17 septembre 2010 par Acrossthedays @AcrossTheDays

THE RUNAWAYS

15 – 16 ans, Joan Jett, Cherie Currie, changer le cours des choses, arborer fièrement une guitare tristement banale branchée à un ampli diabolique, répondre d’une manière agressive aux agressions puis en venir aux blousons noirs épurés, voici le début du court chemin des Runaways. La première scène introductive de The Runaways est telle le milieu des années 70 aux Etats-Unis : sanglante et provoquante. Il y faut du noir, du rouge et des couleurs qui puissent tâcher ce blanc immaculé puritain que connait bien l’Amérique, afin que le mélange prenne, que « l’histoire du rock » se fasse. Groupe aussi féminin qu’éphémère créé en 1975, The Runaways est considéré comme l’un des premiers groupes « rock » de filles à avoir existé, au carrefour du punk, du heavy metal et du glam-rock de l’époque. Dépassé par leur succès aux Etats-Unis et au Japon, le groupe aura réussi à influer massivement sur la perception de la gent féminine, celle à qui l’on brandissait à cette époque le « don’t do that » comme une règle incontournable.

Dans une industrie musicale dirigée par des hommes, un producteur – un certain Kim Fowley – s’éprend d’une idée saugrenue : créer un nouveau produit qui puisse concurrencer les mâles sur un terrain qui est le leur depuis des années : le rock. Y apposer quelques jeunes filles sortant à peine du collège et les affubler de  deux guitares électriques, d’une basse, d’un micro et d’une batterie était quelque chose d’assez original, sinon une bonne idée d’article pour un journal de l’époque. Leur faire dire des choses fut une sorte de révolution, en témoigne le premier tube « Cherry Bomb » avec son « Ill give ya something to live for; Have ya, grab ya til your sore » chanté par la Cherie Currie, l’apparente sainte nitouche blondinette du groupe. Le succès aux Etats-Unis, l’hystérie au Japon. En Europe, pas vraiment de reconnaissance mais, en 2010, Floria Sigismondi essaie de nous reparler de ces quelques années musicales en nous proposant un film inspiré de l’autobiographie de Cherie Currie sortie en 1989, Neon Angel.

Parmi la mare de biopics à laquelle nous avons le droit chaque année, The Runaways peut paraître assez banal, dirigé par une réalisatrice ancienne clipeuse pour Bjork & co. Dans la même veine biopic (pour « biographical picture »), on aura connu le très réussi Control, l’Hollywoodien Walk the Line, le manque de souffle de Ray, ou encore le tortueux I’m not there. Le film évoque évidemment les années 70, ces années crasses que connut l’Angleterre sous des nuages de plomb de Londres ou de Manchester, mais toujours ensoleillées du côté de la banlieue de Los Angeles, là où se situe l’action du film. Les modèles des Runaways seront à voir autant du côté des Sex Pistols et autre David Bowie pour Joan Jett, que de Suzi Quatro pour Cherie Currie. Le coeur de l’histoire n’est pas tant l’ascension des Runaways, celui d’un groupe banal de jeunes filles réussissant à connaître le succès, sinon du passage de ces mêmes filles en femmes, d’adolescentes pré-pubères en adultes qui se retrouvent face à leurs actes et à leurs contradictions, revenant vers leurs pères et leurs familles, si tant soit peu qu’elles en aient.

Là où le bât blesse, c’est lorsqu’un tel biopic se retrouve encore à conter les mêmes clichés en s’y engluant à moitié : la prise de drogue, des histoires de trahisons, la descente aux enfers et la déchéance de l’artiste maudit par son succès. Que ce soit Edith, Johnny ou Ray, personne n’y échappe, pas même les jeunes et naïves Joan Jett et Cherie Currie. Même si c’est peut être pour se donner bonne conscience et jouer la carte indépendante du cinéma américain pour leurs CV respectif, Dakota Fanning et Kristen Stewart nous montrent qu’elles peuvent jouer de vrais rôles loin des affaires chiantes des vampires de Twiligth. Au final, on retiendra une retranscription sympa de l’humeur des années 70, une histoire de filles qui plongent tête baissées dans le rock pour mieux « penser avec leur bite » dicté par un Michael Shannon génial et enfin, l’histoire d’une relation tumultueuse entre les deux égéries du groupe, Joan et Cherie. De Cherie, l’on retiendra sa biographie de 1989 qui aura fait des étincelles 20 ans plus tard.  De Joan, sa reprise des Arrows qui se vendit à 10 millions d’exemplaires (cf. vidéo du dessous). Du film The Runaways, 1h46 minutes d’images sympathiques mais qui n’arrivent pas à marquer à la sortie du cinéma.

THE RUNAWAYS

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