Magazine

Missak

Publié le 17 septembre 2010 par Sébastien Michel
Didier Daeninckx, éd. Pocket
A partir de 6,17 euros sur amazon.fr
Didier Daeninckx a pour habitude de s'élever dans son œuvre contre le négationnisme et de raviver l'âme de la résistance. Meurtres pour mémoire ressuscitait en 1984 les pans obscurs de notre histoire collaborationniste et raciste. Dans Missak, l'auteur pointe du titre un héros arménien mort pour la France. Les nazis l'ont fiché sur leur affiche rouge comme le chef de l'armée du crime, Daeninckx lui restaure dans la continuité d'Aragon les honneurs du héros qui offrit sa vie pour la liberté.  L'auteur qui aime  les retours et les re-retours en arrière, histoire de gratter l'Histoire où elle fait le plus mal propose un ambitieux docu-fiction. Première halte temporelle : 1955. Le personnage, un journaliste enquêteur, s'appelle Louis Dragère, il a pour mission de retracer pour le compte de L'Humanité la vie de Manouchian.Missak
La route de Dragère commence tout naturellement par une rencontre chez Aragon. Il y découvre en avant-première le poème qu'écrivit le grand surréaliste en vue de l'inauguration de la rue Manouchian à Paris. Strophes pour se souvenir. Le poète s'est inspiré de la dernière lettre du résistant à sa femme Mélinée. Un crève-cœur par-delà les siècles. Mélinée sa passion qu'il avait aimée à Paris, avec qui il s'était marié à Beyrouth. Pauvre Mélinée qui s'en est allée après guerre vers une Arménie soviétique faussement utopique...  Dragère poursuit son histoire chez un certain Vatarian, arménien qui lui raconte l'Arménie de 1915, celle du martyr que le cousin Turc cache comme une infamie honteuse. Missak vient de cette souffrance originelle, son père a résisté, sa mère est morte de faim, lui, tout jeune a fui. Passage au Liban où l'orphelin devient menuisier, mais déjà poussent dans sa tête des élans livresques. Manouche s'évade vers « la patrie des poètes, de la littérature et de la liberté. » Pas de chance pour l'aède d'Arménie, c'est aussi la patrie des collabos...  Il y a assurément du Daeninckx dans cette trajectoire personnelle que recompose son personnage Dragère et l'on ne s'étonnera pas que l'écrivain, d'abord ouvrier ait choisi de léguer sa lumière d'auteur à un grand frère d'arme et d'espoir politique. Le travail de Daeninckx est d'utilité et d'instruction publique car il participe une fois de plus à ce nécessaire devoir de mémoire. On pense assurément que ce livre ferait un excellent point de départ pour un biopic, avec des chansons d'Aznavour - qui fait aussi son apparition dans le livre -. Pour se souvenir du martyr arménien et de sa résistance. A cet égard  l'ouvrage devrait à terme recevoir le prestigieux titre de classique parce qu'il est à faire découvrir en classe à notre jeunesse qui doit connaître, l'armée des ombres, ces étoiles filantes de histoire.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sébastien Michel 3013 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte