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My tailor is not rich but catholic

Publié le 17 septembre 2010 par Beniouioui

Image1Fouetté par le vent écossais de la visite papale, le "Religio Blog" du Figaro pose une question sempiternelle : y a-t-il un retour des catholiques en politique?

Cette réflexion de Jean-Marie Guénois s'appuie sur deux événements successifs : la prise de position du clergé catholique dans l'affaire des Roms d'une part et la première journée de Benoît XVI au Royaume-Uni (qui aurait pas ailleurs été la cible de terroristes) ponctuée par un appel aux laïcs à "introduire et promouvoir dans le débat public l'argument (...) d'une vision de foi."

Comme toujours, la phrase de Benoit XVI élève intelligemment le débat. Évacuant le réflexe communautaire de catholiques brimés qui chercheraient à se faire entendre "culturellement", il évoque simplement l'apport de la foi au débat public.

Car la vraie question est là : qu'est-ce qu'être catholique finalement? Est-on catholique parce qu'on a été au catéchisme en CM2? Est-on catholique par opposition culturelle aux autres (musulmans, juifs, etc.)? Est-on catholique par foi? La réponse de l'Eglise a toujours été la même, pointant vers la croyance intime dans le Credo. Le catholicisme est une foi vivace et une appartenance à une Eglise qui la transmet. Bien-sûr, il y a chez tout homme des doutes, des interprétations différentes, des incompréhensions. Il y a même des erreurs et des crimes. L'exercice de la liberté est également un exercice personnel de recherche et de tâtonnement. Mais il y a une confiance.

Avant cette visite historique du Saint-Père au Royaume-Uni (qui n'est pas connu pour son papisme forcené), de nombreuses critiques sont apparues. Les mêmes que celles qui alimentent régulièrement les discussions françaises. Toujours les mêmes.

Dans ces critiques, il faut dissocier deux catégories : les critiques de Dieu et celles de César.

Au cœur de ce post, BeniNews précisait qu'être catholique n'est pas un positionnement politique, communautaire ou culturel. Or ceux qui prônent une laïcité agressive sont bien souvent les mêmes qui interviennent dans un débat de foi.
La vision de la sexualité, la place de la femme dans l'Eglise, le regard sur l'argent, le rapport à la vie, à la science, à la conscience sont des problématiques de foi. Sur ces question, il y a évidemment la place à des causeries théologiques mais il n'y a certainement pas de m2 disponible pour des attaques politiques. Chacun de nous rencontrons quotidiennement des amis, des relations, des collègues non catholiques déclarés ayant un avis sur des débats d'Eglise alors qu'ils n'en connaissent pas la plus infime substance. Il y a là un chemin d'évangélisation. Le pape n'est pas le président d'une extra-république pleine d'hommes et de femmes qui fêtent Noël; il est le représentant religieux d'une église de croyants. Être catholique, c'est ressentir, vivre, vibrer une foi.

A l'inverse, si BeniNews recommande aux non-croyants de ne pas intervenir dans des discussions théologiques sans passer par une réelle quête spirituelle, pourquoi demanderions-nous aux croyants d'affirmer leur foi en politique?
La frontière entre César et Dieu est en fait assez ténue quoique bien ancrée dans les gènes du christianisme. La religion s'intéresse par essence à l'évolution du monde et l'homme cherche par essence à comprendre son existence.
Il n'y a évidemment pas de vision catholique de la TVA dans la restauration. En revanche, les catholiques ont une vision de la liberté, de la charité, de la vie qui peut accompagner le monde dans son évolution. Dieu s'intéresse à l'environnement que César offre aux hommes.

Il est compliqué d'être catholique dans le débat public, car le catholique est avant tout un homme. Parfois égoïste, critique, faible, insupportable, avide... Aussi, quand le pape nous demande de promouvoir l'argument d'une vision de foi, nous demande-t-il d'aller au fond de notre catholicisme. De ne pas être de "culture catholique" mais de connaitre, comprendre, promouvoir et appliquer cet enseignement de Jésus qui devrait nous transporter. Le pape pourrait dire aux anglais qu'il rencontre actuellement que my tailor is rich, and so what? My tailor is catholic, that's great !
Il est également compliqué d'être un non-catholique et d'entendre un pape proclamer des choses qui vont à l'encontre de sa conception du monde et de sa manière de vivre... Aussi, quand le pape parle de la "dictature du relativisme", ne condamne-t-il pas l'ignorance de Dieu, mais propose-t-il d'ouvrir les européens à la connaissance. De les sortir d'une indifférence assurée pour les conduire vers une recherche, une quête et peut-être à terme une (approche de) connaissance de la vérité.

La frontière entre César et Dieu, c'est le bout de terrain où l'homme prépare dès le monde terrestre son éternité céleste.


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