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Acht so ! Mais comment font-ils ?

Publié le 18 septembre 2010 par Lheretique

On se pose la même question que moi, chez les libéraux. La différence, c'est que j'avais la flemme d'écrire un billet, jusqu'ici.

J'ai beau lire et relire les diverses publications de la Toile, on en arrive toujours au même invariable constat : les Allemands font toujours mieux que nous, les Français, dans le domaine économique.

Il y a eu une période, celle du franc fort, au cours des années 90, où le commerce extérieur français s'était redressé sérieusement, mais depuis l'euro, paradoxalement, c'est la fuite en avant.

Je me suis posé mille fois la question : mais comment font-ils ? On en revient toujours au tissu de PME et aux créneaux d'exportation choisis. Les Allemands ont un très gros tissu de petites et moyennes entreprises, pas les Français. Et pourtant, ce n'est pas faute, chez nous, de chanter les louanges de la PME sur tous les airs.

Comme le dit Christine Murris, l'auteur de l'article que cite Lumière et Liberté, en France, on ne jubile qu'à coups de "grands contrats". Quand Sarkozy fait le VRP, c'est pour les entreprises de luxe ou pour notre la très grande industrie. Les PME, c'est pour le décorum dans nos élections internes, mais une fois que les choses sérieuses commencent, c'est la berezina. 

En fait, l'industrie française, quand elle cherche à réduire ses coûts, pense d'abord aux délocalisations et jamais à l'amélioration de ses outils de production ou à une innovation dans la gamme de ses produits.

La désindustralisation de la France ne laisse pas d'inquiéter : c'est l'un des chevaux de bataille de François Bayrou depuis 2007, et cela préoccupe le Sénat puisqu'il a mis en place une mission d'information avec l'ambition d'apporter des éléments d'action à la puissance politique.

On y réfléchit jusqu'au Ministère de l'Économie et des Finances où un rapport a été rendu en juin 2010.

J'ai commencé à le lire le rapport : dans la démarche, déjà, il y a des choses qui me frappent. Lilas Demmou observe que la demande de biens industriels baisse à proportion de la hausse des revenus car ceux-ci se tournent alors vers les biens de consommation. Mais raisonner ainsi, c'est compter sur la demande intérieure pour soutenir l'industrie, or, on voit bien, avec l'Allemagne, que c'est la demande extérieure qui soutient la production.

Par ailleurs, le document constate une baisse (en proportion) de la demande intérieure adressée au secteur industriel : mais est-ce le secteur industriel français ou tout le secteur industriel ? Dans le premier cas, cela signifie simplement que ce secteur-là n'a pas su s'adapter le moment venu, pas que la demande en biens industriels a baissé tant que Lilas Demmou le dit.

En France, on commande rapport sur rapport sans parvenir à agir efficacement. Le Conseil d'Analyse économique en a produit un en 2005 ; contrairement au document précédent, il a au moins le mérite de ne pas avancer que la déindustrialisation n'est pas nécessairement une évolution naturelle des économies développées. Jean Arthuis, en 1993, s'était posé des questions tout à fait similaires pour le textile, préconisant de donner aux entreprises françaises les moyens de lutter contre la concurrence alors nouvelle des pays du Magrheb, de la Chine et de la Turquie.

La réalité, c'est que les firmes industrielles se réorganisent sur des bases non plus nationales mais mondiales ; si la France ne peut plus rien apporter à ces firmes en main d'oeuvre ou innovation ou technologies, il est logique que sa part se restreigne.

J'ai souvent le sentiment qu'il n'y a pas de stratégie de sortie par le haut en France. La seule ébauche de quelque chose de ce type que j'ai pu lire, ces dernières années, mais j'insiste sur le fait que ce n'est qu'une ébauche et qu'il faudrait la débarrasser de sa vulgate à demi altermondialiste, c'est le Vivre Autrement de Corine Lepage, qui comporte un authentique programme industriel et une fiscalité associée.

Il y a bien eu également la tentative de Raffarin et ses pôles de compétitivité, mais j'ai l'impression que le projet patine, même s'il faudra du temps pour juger de ses effets réels.

Mais comment font donc les Allemands ?


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