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Bordels pour chiens !

Publié le 29 décembre 2007 par Chantal Doumont

Bordels pour chiens à Moscou !

Après les magasins, hôtels, restaurants, coiffeurs, cimetières, voilà que les chiens moscovites ont leurs bordels écrit Moskovski Komsomolets 

“Ça y est, je suis un mâle !” se disait Cruz en rentrant à la maison après une nuit bien remplie. Le taxi filait sur l’avenue Tverskaïa, l’éclat des lampadaires l’aveuglait et l’image de la délicieuse Lada restait gravée dans sa mémoire. “T’es vraiment con, mon vieux. Payer 50 dollars pour que ton chien tire un coup !” S’exclama le chauffeur. Cruz grogna, hargneux : il ne laisserait personne insulter son maître. 

Cruz est le chien d’un ami, un Inuit de Sibérie occidentale. D’une beauté remarquable et d’une intelligence exceptionnelle, il n’est malheureusement pas de race pure. Ce qui l’empêche de contracter un véritable mariage canin. S’il avait eu un pedigree, tout aurait été fait dans les règles de l’art. Au jour dit, on lui aurait amené une femelle aussi proprette et soignée que lui. Les représentants du club auraient assisté à leur union et, quelques mois plus tard, ils auraient attesté la naissance des chiots, dont chacun aurait reçu un certificat. Leur maître aurait pu en tirer un confortable revenu, certains chiots de race valant plus cher qu’une voiture… 

Mais Cruz n’était manifestement pas promis à ce doux bonheur familial. Aucun propriétaire n’avait accepté de lui accorder la patte de sa chienne. Il était devenu nerveux et agressif. En pareil cas, la plupart des maîtres détachent simplement la laisse de leurs protégés lors de la promenade quotidienne et font semblant de ne pas remarquer ce qu’ils fabriquent ensuite, tandis que les propriétaires de chiennes chassent vigoureusement ces prétendants non désirés : qui voudrait ensuite s’occuper des rejetons de ce genre d’amour libre ? 

Les échecs amoureux de Cruz avaient chagriné mon ami. C’est alors qu’une étrange petite annonce lui était tombée sous les yeux : “Femelle terrier Staffordshire invite mâle pour brève union.” Sans trop d’espoir, il compo sa le numéro indiqué. On lui répondit poliment qu’on allait essayer de trouver une femelle de la taille de son mâle. C’est ainsi que Cruz perdit sa virginité. Sa première partenaire, Lada, était une bâtarde berger allemand. 

Le chauffeur de taxi, apprenant où il conduisait ses passagers, avait failli rouler sur la file de gauche sous l’effet de la surprise : “Ils ont déjà ouvert un bordel pour chiens ?” Eh oui ! Et pas qu’un. Tatiana Nikolaïeva, la “patronne des chiens” du marché aux animaux, confie que ces établissements, à Moscou, rapportent gros à leurs propriétaires. Le prix d’une saillie va de 1 000 roubles à 80 dollars [de 250 à 600 FF environ]. 

Pour cette somme, votre toutou est traité comme un roi. On lui approchera la femelle si besoin est, et on désinfectera ce qui doit l’être après sa séance d’amour canin. 

Il existe moins cher. Au printemps, quand le besoin est particulièrement pressant, des gens aux allures de SDF apparaissent à l’entrée du marché, tenant des chiennes au bout de vieilles ficelles. Ces souteneurs, qui ont attrapé ou se sont fait prêter des chiennes

en chaleur, proposent leurs services contre une rétribution très modeste, 100 roubles. 

En général, les tenanciers n’éprouvent aucun problème éthique. La chienne est contente, le maître empoche de l’argent, les mâles se voient proposer des femelles en bonne santé, en chaleur et non stérilisées (sinon, ils peuvent ne pas arriver à les couvrir, c’est comme ça chez eux). Les tenanciers donnent des contraceptifs à leurs pensionnaires.


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