Après les dernières péripéties et séparations difficiles, je me suis rebaignée dans l'ambiance orientale. Et me voici débarquée en plein ramadan. Que faire, si ce n'est me mettre au rythme de cette culture que j'épouse et m'immerger dans le jeûne rituel, avec un peu d'angoisse, certes, face aux probabilités de déshydratation en pleine saison chaude.
Et, surprise, ce qui m'a le plus perturbée c'est plutôt l'inversion des horaires, passer du jour à la nuit pour vivre et manger. Mon estomac se révulsait, j'avais l'impression d'être une barrique, j'ai perdu le sommeil, l'épreuve était nerveusement insupportable. Mais au bout de trois jours, le fait de ne pas boire ni manger ne me posait plus de problèmes. Lorsque la soif se faisait sentir, au lieu de paniquer, j'essayais de trouver des ressources intérieures et d'écouter les messages du corps. C'était une expérience intéressante et je pense qu'il y a une réalité spirituelle derrière ce rituel, car les passions s'apaisent automatiquement, par le fait que tout le corps se met au repos, l'esprit flotte dans un état cotonneux, et je pense que cette ascèse peut être mise à profit pour le corps autant que le mental. J'aurai même aimé pousser plus loin l'expérience et ne manger, la nuit, que du lait caillé et des dattes, je pense que la purification aurait été plus efficace.
Après ramadan, j'ai passé les fêtes de l'aïd avec la famille de mon ami. Et j'ai découvert tout un monde bruissant de salutations et de visites, les femmes en costume traditionnel, les échanges de gateaux et les "aïd mabrouk".
Mes dromadaires pendant ce temps reprennent le travail au désert. Nejma a grandi, il est de plus en plus beau, racé, élégant et toujours aussi câlin. Notre vieux chamelier les fait travailler à Douz, dans la zone touristique, et Nejma recueille tous les suffrages quand il s'agit de choisir sa monture. Bientôt il lui faudra un carnet de réservation perso ! :)
A bientôt pour un petit message du désert !