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#24 - Quatre-zéro

Publié le 18 septembre 2010 par L3ctro

24 - Quatre-zéro Vendredi 14 novembre 2008 – 12h09
Phoenix, Etats-Unis
   Les trois derniers jours s’étaient avérés être plutôt calmes, sans aucune nouvelle du tueur. Frank n’avait pas travaillé, en congés, et il reprenait ce vendredi.
Durant ces trois jours, il avait eu le temps de réfléchir sur les deux meurtres, et s’était concentré sur le lien entre les victimes. De plus, une question n’arrêtait pas de lui trotter dans la tête : pourquoi utiliser une méthode si compliquée afin de tuer deux personnes ? Peut-être était-ce un jeu.
Dans la matinée, Frank sentit une boule se former dans sa gorge. Il n’avait jamais su attirer une femme. Même s’il était plutôt beau garçon, il faisait de chacun de ses rendez-vous un désastre. Il n’arrivait jamais à combler un silence, réfléchissant trop.
Lors du dîner avec Vicky, en réalité, il avait l’impression de revivre une aventure passée qui s’était très mal terminée. Frank n’osait pas l’avouer, mais il avait peur de revivre une deuxième fois les évènements l’ayant conduit à devenir dépressif pendant deux ans. C’est au moment où tout se chamboulait dans sa tête qu’il avait eu un vertige, et qu’il appela le vendeur de roses, moment fatidique où il éternua sans retenue sur sa compagne.
Entre temps, il avait laissé plusieurs messages sur le répondeur de Vicky afin de s’excuser, sans réponse.
 
Le violent orage de la veille avait coupé son électricité, le décidant à venir plus tôt. Il était dans son bureau, un bureau qu’il partageait avec Julian et deux autres policiers. Il était en train de taper un rapport, dans le calme, à l’ordinateur, alors que le temps se couvrait. Seuls quelques policiers se faisaient entendre dans la pièce à côté, ainsi qu’un téléphone qui sonnait.
Tout à coup, Julian entra part la porte située derrière lui, et se dirigea vers son manteau, posé sur sa chaise.
-   Ca t’arrive de frapper ? lança Frank, qui sentit son cœur battre à toute vitesse à cause de la brusque entrée de Julian.
-   Désolé, mais on à deux victimes sur les bras. Tout le monde est déjà en route.
-   Attend… Laisse-moi deviner… Leur ventre à été fondu ?
Julian remarqua que Frank avait une mine piteuse et parlait mollement.
-   Non. Leur trachée à été brulée, à cause d’un gaz. Ca va toi ?
-   Super, dit-il sur un ton enjoué que Julian prit pour ironique.
Frank prit son manteau, et devint un peu plus énergique. Il semblait légèrement en colère, selon Julian.
Dans la voiture, Julian finit par demander à Frank, qui regardait des gouttes de pluie tomber sur la vitre du passager avant :
-   Dis-moi ce qui se passe.
-   Rien, laisse-tomber.
-   Ecoute, je sais que la dernière fois qu’on a eu affaire à un tueur en série, tu ne t’en es pas sorti indemne. Est-ce que tu veux qu’on passe le relais de l’enquête ?
Frank regarda son coéquipier d’un air agressif afin de lui faire comprendre que pour rien au monde il ne lâcherait cette affaire.
-   Et comment c’était avec Vicky, l’autre soir ?
-   Affreux.
-   Bon écoute, je sais pas ce que tu me fais, mais j’ai l’impression de te revoir deux ans plus tôt ! Alors explique moi ! T’as peur de revivre avec Vicky ce que tu as vécu avec Emily ? Ca n’a rien à voir !
-   En quoi ça n’a rien à voir, hein ? C’est exactement pareil, on en est au même point !
   Julian se tût jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à la fameuse maison.
  
   Il reprit le dialogue peu après être sorti de la voiture, alors qu’ils se dirigeaient vers la maison en question, où un périmètre de sécurité formé par une banderole « Crime Scene – Do Not Cross » et trois voitures de police les attendaient.
   Il l’arrêta :
-   Tu sais ce que je pense ? Je pense que si elle est partie, ce n’est pas à cause de ce que tu as pu faire de déplacé. Je pense que c’est parce que la soirée était la pire que tu pouvais lui offrir. Bon sang, elle t’a fait du rentre-dedans, et toi tu ne fais aucun effort !
Frank, qui serrait les dents, se mit à regarder le sol.
-   On y va ? se mit-il à dire, s’étant ressaisi.
   Les deux hommes rentrèrent dans la maison. Celle-ci se présentait simple, mais coquette. Les occupants semblaient apprécier la décoration. Ils se dirigèrent en direction du brouhaha où la police scientifique prenait de nombreux clichés du couple étendu sur le lit. Deux policiers, juste devant l’entrée, discutaient de football en buvant un café.
   Frank s’avança en direction d’un des scientifiques, tout en prenant le café d’un des deux policiers alors qu’il le portait à sa bouche.
-   Alors, qu’avez-vous ? lança-t-il à l’expert. Ce n’est pas une affaire de ventre fondu. Pourquoi m’a-t-on envoyé ici ?
   Frank jeta un œil dans la pièce. L’homme, en pyjama, était dans une position étrange : comme s’il s’était écroulé en étant assis. La femme, elle, en robe de chambre, s’était écroulée en tombant sur le sol.
-   Parce que ça parait totalement incompréhensible, répondit-il, tout comme les affaires de ventre fondu. Jusqu’ici, toutes les victimes ont été tuées à l’aide d’un composant chimique. L’homme, en s’asseyant sur le lit, à éclaté une poche de gaz qui était fixé en dessous. Nous envoyons au labo la poche pour plus de précisions.
-   Ca ressemble plus à un délire de taré chimiste qui fait des expérimentations qu’à un règlement de comptes. Ca expliquerait la diversité des gens qui sont tuées. Mais bon, jusque là, on ne peut pas être sur que c’est lui… Ketchup-mayo.
-   Pardon ?
-   Ne vous inquiétez pas, moi j’ai l’habitude, coupa Julian qui observait la scène. Il aime bien donner des surnoms idiots aux criminels.
-   C’est pas idiot ! rétorqua-t-il, moi l’espèce de mousse qui sortait du ventre des victimes ca me faisait penser au mélange du ketchup et de la mayo. Même couleur. Même odeur. Et j’imagine que ça a le même goût.
   Julian prit un air consterné, puis demanda :
-   Rien de plus sur cette affaire ?
-   Pas vraiment, pour l’instant.
   Frank était rentré au poste de police, et était redevenu sérieux. Il était assis sur son bureau, regardant fixement le tableau blanc sur lequel figuraient maintenant les photos de quatre victimes.
   Le feutre à la main, le tapotant sur sa bouche d’un air interrogateur, il observait attentivement les quatre victimes.
Puis, pris d’une illumination soudaine, il prit le dossier de la première victime et marqua son âge.
   Emma Walker : 49 ans.
   Il prit un second dossier, et marqua l’âge : 61 ans. Les deux dernières victimes, quant à elles, avaient 45 et 46 ans.
   Ces âges paraissaient relativement avancés. Avait-il besoin d’expérimenter sur des personnes dont l’âge est supérieur à la quarantaine ? Ou alors, en n’excluant pas la thèse du règlement de comptes, les quatre victimes auraient-elles un lien ? Lien rapport à un évènement s’étant produit quelques années plus tôt ? Frank, pensant tenir une piste, réfléchit à plein régime.
La plupart des tueurs en série présentaient des troubles mentaux. Celui-là choisissait ses victimes, ça paraissait évident. Il avait donc sûrement une liste, ce qui soulagea Frank qui se dit qu’une liste n’étant pas infinie, les crimes se finiraient un jour.
Ces victimes avaient donc un lien. Mais lequel ?
Frank regarda les quatre profils des victimes. Il chercha, relut encore et encore les dossiers, regarda dans les archives, refit leurs parcours… Il y passa la journée.
Dans la soirée, Julian apporta un pack de bières et une pizza, alors que le poste se vidait.
-   Tu as trouvé quelque chose, dit-il en ouvrant la boîte.
-   Non, répondit Frank, interrogateur. Rien du tout. Mis à part le fait qu’ils aient consommé la quarantaine, ils sont totalement différents. L’une est caissière, un autre travaille dans un grand restaurant, une autre est comptable et le dernier est au chômage depuis deux ans. Deux sont caucasiens, un est basané et l’autre asiatique…
Alors qu’il mâchait une bouchée, Frank se s’arrêta net.
-   Achttend une michnute, lança-t-il.
Il se leva en avalant sa bouchée, puis reprit.
-   Toutes les victimes sont totalement différentes, ok ? Et bien c’est ça, le lien !
-   Je savais que j’aurai pas dû apporter de bière, lança Julian.
-   Où trouve-t-on des personnes aussi différentes que ça ? Dans un jury !
-   Le pire, c’est que t’as peut-être pas tort.
Frank sortit son ordinateur de sa mise en veille, et fit une recherche dans la base de donnée, en insérant les quatre noms des victimes.
 Selon ce qui était écrit, les quatre personnes avaient fait partie du même jury en 1987, lors d’un procès.
Le procès de Victor Bentham.
Frank prit un calepin et prit note des noms des douze jurés étant présent à ce procès, part de pizza à la main, le visage étincelant.
En lançant une recherche sur les noms obtenus, Frank s’aperçut que deux personnes étaient déjà mortes naturellement.
Il dressa la liste du tueur :

Emma Walker
John Emmerson
Amy Maylong
Nick Somelynet

Simon Partaureau
Albert Pishow

Ambrose Coupter
Beatrice Dekker

Joey Locubavos
Terry Photar
Chloe Jonk
Vera Lemmin

Il fallait contacter les six personnes restantes au plus vite.

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