Vendredi 14 novembre 2008 – 6h54
Phoenix, Etats-Unis
Il n’avait pas dormi de la nuit. Ici serait sa cinquième victime.
Il aurait ainsi effectué la moitié de ses crimes.
Toute la nuit, il n’avait cessé de revoir tous ses plans. Tant de préparation, et là, il y était. Il accomplissait enfin ce qu’il avait tant travaillé.
Le soleil commençait à se lever à Phoenix. C’était le début de l’aube, le ciel était teinté d’un rouge sang. Il trouvait que les maisons du coin étaient très jolies. Toutes
avaient une certaine ressemblance, en étant complètement différentes. Son premier crime s’était déroulé trois pâtés de maisons plus loin.
Le temps d’attente entre les deux crimes avait été suffisamment long pour que plus personne ne se doute qu’il officierait une nouvelle fois dans ce quartier. De plus, les flics
n’allaient pas tarder à faire le rapprochement entre ces meurtres et lui.
Il avait donc interêt à vite en finir.
Il était en face de chez sa nouvelle cible, Terry Photar. Il était arrivé là une heure avant, lorsque la nuit était toujours intensément noire, et s’était caché dans le jardin,
derrière sa maison. En effet, le buisson devant la maison était situé juste à côté d’un lampadaire. La luminosité était trop forte pour qu’on ne le remarquât pas.
Il regarda par la fenêtre : comme toujours, l’homme boutonnait sa chemise devant une émission matinale. Ensuite, il se préparait un petit-déjeuner dans la cuisine, tout en
écoutant les informations de sept heures.
Il pouvait l’observer depuis la baie vitrée du salon, donnant sur le jardin à l’extérieur et sur la cuisine à l’intérieur.
Terry se servit un jus d’orange, en but une gorgée, et se dirigea vers la douche. C’était le moment.
Sa future victime n’avait pas pour coutume de laisser les fenêtres ouvertes. C’est ainsi qu’il avait dû improviser. Un matin, il avait cassé une vitre de la maison avec son
coude, était entré, avait pris l’empreinte des clés, et avait posé une balle de baseball pour faire croire à un accident provoqué par des gamins.
Il entendit l’eau couler dans la salle de bain. De plus, la télévision allumée pouvait couvrir chacun de ses bruits. Il entra lentement la clé dans la porte, mais rapidement,
sachant qu’il n’aurait que très peu de temps, et se dirigea doucement vers le verre de jus d’orange. Tout paraissait simple. Il ouvrit sa sacoche, prit une boîte contenant des cachets, et en
ouvrit un dans le verre.
Cette fois, il n’avait pas pu mettre la poudre dans le jus d’orange car l’homme dormait la porte ouverte, la climatisation se trouvant dans le salon. Et sa chambre donnait directement sur la
cuisine.
Il se retourna pour sortir, et lorsque qu’il leva les yeux, il prit peur et recula.
L’homme qu’il s’apprêtait à tuer pointait une arme sur lui.
- Que faites-vous chez moi ? lança-t-il.
- Je… Je suis désolé.
Il était paniqué. Que pouvait-il faire ? Il n’avait pas prévu ce genre d’alternative, pensant ses plans parfaits.
- Je vous avez dit de ne pas revenir.
- Hein ?
Apparemment, il y avait malentendu. Malgré le fait qu’il était tout de même là pour le tuer, et qu’il était menacé d’une arme, il tenta de tirer profit de ce quiproquo.
- Que faites-vous ici ?
- Je…
Voyant la mine de l’intrus exprimant une incompréhension, Terry se fit plus agressif :
- Asseyez-vous sur le canapé.
Il hésita.
- ASSEYEZ-VOUS !
Il hésita moins, et partit s’assoir. Essayant de contrôler son stress, il soufflait fort.
- Mettez vos mains en évidence, et jetez cette sacoche sur le sol.
Il s’exécuta.
- Bien. Je n’irai pas par quatre chemins. Pourquoi me voulez-vous ces plans, que comptez-vous en faire ?
Le fait qu’il s’agissait d’un malentendu devint confirmé.
- Je… lança-t-il en réponse, hésitant.
- Je vous ai déjà dit non, à plusieurs reprises, coupa Terry. Mais apparemment, vous semblez vraiment tenir à ça.
Terry semblait nerveux. Une chance pour son interlocuteur, qui n’avait pas à parler. Il finit par rentrer dans le jeu.
- Effectivement… C’est pour cela que nous relançons notre offre.
- Ecoutez… Je n’ai rien contre vous… Mais vous entrez chez moi par effraction… Cette fois ça va trop loin.
- Déjà vous pourriez lâcher cette arme, je n’ai aucune intention de vous faire du mal. Vous pouvez me croire.
Sa capacité à mentir lui paraissait invraisemblable, d’autant plus qu’il était honnête en temps normal. Il fallait croire que ces années de prison l’avaient changé.
Terry lâcha son arme, et vint s’assoir à côté de lui, plus serein.
- Vous savez… c’est une découverte très importante… Il ne faudrait pas que cela tombe entre de mauvaises mains.
- Vous avez la garantie que nous ne ferons que bon usage de ce… cet… ces plans.
- Bien.
Tout en parlant, Terry se releva et se dirigea vers le comptoir de la cuisine, duquel il prit son verre de jus d’orange. Il paraissait maintenant plus à l’aise, bien qu’un
certain stress s’entende dans sa voix.
- Il faudrait maintenant discuter du prix… Quinze millions, ça vous va ?
Il avala une gorgée, une main sur le comptoir, tourné vers le canapé.
- Je pense que oui, répondit son locuteur, maintenant plus pressé.
Alors que Terry commençait à suffoquer, il prit sa sacoche, et sortit de la maison en prenant soin de refermer la porte, encore chamboulé par les évènements qui venait de se
produire.