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#21 - Gaz mortel

Publié le 30 mai 2010 par L3ctro

21 - Gaz mortel Jeudi 13 novembre 2008 – 19h43
Phoenix, Etats-Unis

   Ils sortaient. C’était le bon moment. Tous deux marchaient lentement en direction de leur voiture, garée dans l’allée.
Cela faisait maintenant près de trois heures qu’il attendait dans les buissons, et le soleil commençait à se coucher.
Le timing était essentiel. Si jamais il prenait une minute de retard, son plan risquerait de tomber à l’eau.
Ils prirent leur voiture et se dirigèrent au cinéma, où ils avaient « gagné » des places.
4 janvier 2008.
Lors d’une réception chez Jonah Demenson, un grand patron dans les énergies solaires, qui fêtait ses soixante ans, et, par la même occasion, devait présenter un nouveau type de panneaux solaires moins encombrants et recevant plus d’énergie.
Naomi Drank était une belle femme de quarante-sept ans, son mari décédé dans un accident routier quatre ans auparavant. Elle travaillait comme secrétaire pour Jonah.
Nick Somelynet, lui, était célibataire endurci, mais beau garçon. Il venait d’avoir la cinquantaine, et avait été invité à cet anniversaire, étant journaliste.
Pour lui, c’était l’occasion rêvée. Deux de ses futures victimes allaient se retrouver dans la même pièce.
Durant la soirée, il s’était fait engager comme serveur, et avait fait de son possible afin qu’ils se retrouvent au même endroit, afin de discuter. Les ayant grandement observés, il pensait qu’ils s’entendraient bien. Ironie du sort, ils ne se virent plus après la soirée et se rencontrèrent deux mois plus tard dans un supermarché, dans lequel ils s’échangèrent leurs numéros de téléphone. Les deux s’étaient finalement mariés en août, ce qui lui avait permis de les tuer plus facilement. En plus, ce meurtre brouillerait les pistes.
Ces deux-là lui avaient donné le plus de difficulté. Déjà, il avait dû faire en sorte à ce que le journaliste se retrouve là-bas, ce soir-là. Pour cela, il avait dû modifier sa voix et laisser un message sur le répondeur de Nick, en se faisant passer pour son patron.
Ensuite, le 25 octobre, il avait collé mis dans une boîte aux lettres en face de la poste une enveloppe contenant deux places de cinéma pour le douze novembre, valables durant la semaine du 10 au 16. Ces places, il avait dû les acheter sur internet, puis créer une fausse lettre d’invitation de la part du cinéma. Dedans, il avait expliqué que le cinéma, pour ses dix ans, offrait cinq fois deux places dans toute la ville de Phoenix.
La journée, elle avait laissé la fenêtre de la chambre ouverte. Tout ce qu’il avait eu à faire était de glisser un trombone sous la fenêtre, ainsi, lorsqu’elle l’avait fermée, en tirant vers le bas, il était resté une fine ouverture.
Il entra sans tarder, lorsqu’il ne les vit plus. Il avait deux heures environ, plus s’ils auraient mangé dehors.
Il commença par prendre une photo de la chambre, au cas où il aurait à déplacer certains objets. Ainsi il pourrait les remettre à leur place après son passage. Les époux auraient pu trouver un objet déplacé légèrement.
Dix minutes après avoir photographié chacun des recoins de la pièce, il s’arrêta un instant. Lorsqu’il mit ses mains dans ses poches, afin de prendre des gans en plastique pour les mettre à la place des ses gants en cuir, il se rendit compte que quelque chose manquait.
Son cœur se mit tout à coup à battre fortement, à tel point qu’il sentait chacun des coups dans sa poitrine et dans sa gorge. Ses oreilles devinrent bouillantes, des gouttes de transpiration perlèrent sur son front. Il s’accroupit, cherchant ça et là, stressé, et apeuré, et finit par le trouver.
C’était un médaillon accroché à une fine chaîne en or. Lorsqu’il le vit, il poussa un soupir, et s’assit sur le sol, le temps de reprendre ses esprits. Puis, il l’ouvrit. A l’intérieur, une photo, qui avait l’air de dater d’au moins dix ans. C’est ce à quoi il pensait. Dix ans.
La photo représentait une jeune femme brune. Sa fille. Aujourd’hui, elle était loin, et son désir le plus cher était de la retrouver. Il appuya le médaillon contre son front et ferma les yeux quelques secondes. Peu après, il remit le collier dans sa poche droite et se remit au travail.
Il regarda sa montre : cela faisait maintenant un quart d’heure qu’il était là.
Il finit par soulever lentement le matelas, en faisant attention de ne pas froisser les draps. Il le tira tout doucement vers lui. Il ne pouvait pas le tirer sur les côtés, des objets étant posés sur les tables de nuit.
Puis, une fois le matelas sur le sol, il s’activa.
Il ouvrit son sac de sport noir et prit méthodiquement le matériel nécessaire.
Il commença par prendre la planche de bois, qui était percée de trois trous. Dans chacun des trous, il mit trois longues pointes de métal, un peu comme des clous.
Il posa le tout à l’envers sur la moquette tout en ne faisant aucun bruit. Depuis le début, chacun de ses faits et gestes passaient en-dessous de dix décibels.
Ensuite, il prit trois poches en plastiques carrées, et totalement fermées, à part un petit embout. Il prit trois doses du gaz qu’il avait préparé, tout en s’essuyant le front avec un mouchoir.
A l’aide d’une seringue, il remplit les trois poches du gaz que contenaient les petits pots de verre, dans lesquelles sont normalement contenus des vaccins.
C’est à ce moment-là qu’un coup de tonnerre éclata.
Il avait éclaté à moins d’un kilomètre, ce qui le surprit sur le moment. Jusque-là, rien de bien inquiétant. Seulement, lorsqu’il regarda par la fenêtre, il vit les lumières des maisons des alentours s’éteindre au fur et à mesure.
Il était pétrifié.
Il avait tout prévu, mais pas l’orage. S’il y avait une coupure d’électricité, ils reviendraient, faute de film.
Il se dépêcha. Il mit les poches de gaz sous l’endroit où se couchait habituellement Nick, sous son dos.
Il remit le matelas en place délicatement afin de ne pas faire éclater les poches. Il disposa ensuite sous le lit la planche de bois et les trois clous juste sous les poches de gaz, au cas où avec son poids, Nick ne les ferait pas éclater. Il les disposa juste sous les poches, a tel point que les clous frôlaient la matière plastique.
Il regarda sa montre : cela faisait une demi-heure qu’il était là et maintenant cinq minutes que le courant avait été coupé. Il prit une nouvelle planche de bois dans le sac de sport et un tournevis. Il entreprit de dévisser la grille du conduit d’aération, en montant sur une chaise qu’il prit près de l’armoire.
Petit à petit, il enleva les quatre vis. Ce moment lui fût très stressant, d’autant plus que le courant n’était toujours pas revenu.
Puis il déposa la planche, bien dans l’axe du conduit, referma en revissant, ce qui lui prit deux minutes supplémentaires, et se dépêcha.
Il remit la chaise à sa place, rangea ses affaires, referma lentement la fermeture éclair de son sac de sport, et regarda autour de lui. Il vérifia dans sa poche, dans laquelle se trouvait toujours le médaillon. Rassuré, il finit par s’en aller, tout en laissant une petite ouverture par la fenêtre afin de laisser passer l’odeur du gaz pour les voisins.
En sortant, il entendit le bruit de divers appareils lui signalant le retour de l’électricité.
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