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Marine, Israël & le sionisme

Publié le 18 septembre 2010 par Tanjaawi
C’est à dessein, vous vous en doutez bien, que je plagie, ici, le titre du best seller (ou l’un d’entre eux) de l’année auprès du public national. Pour tout dire, la question n’est pas nouvelle, elle serait même récurrente avec les tentatives, prêtées à l’intéressée, de s’attirer les bonnes grâces de ce fameux Lobby qui n’existe pas. Avec Marine Le Pen, bon nombre de cadres de la Droite (dite) nationale se prendraient à rêver d’un lepénisme light, débarrassé de ses scories (supposées) racistes et antisémites, avec lequel il serait désormais beaucoup plus aisé d’aller négocier quelques strapontins auprès du pouvoir sarkozien.
Mais, précisément, pourquoi parler de Marine, d’Israël et du sionisme ? Pour deux raisons essentiellement.
Primo, tout simplement parce que le débat est ancien, mais non tiré au clair depuis des années. Il serait donc plus que temps de s’y intéresser au moment-même où doit se faire le choix de celui (ou celle) qui conduira le FN dans ses batailles à venir.
Secundo, le débat pose le problème majeur des préférences politiques et géopolitiques de Marine Le Pen sur une question de fond : la future position d’un FN mariniste sur les questions du Proche & du Moyen-Orient. Donc, parlons-en, ou, plutôt, crevons l’abcès.
D’entrée, je poserai un principe : contentons-nous de ce qui est avéré et prouvé par les faits et gestes de l’intéressée elle-même. Car, à coup sûr, le coup du Lobby qui n’existe pas et ses affinités avec Marine, il y a longtemps qu’on vous le fait. Difficile à prouver effectivement ! Que Marine Le Pen ait (ou non) des amis affichant leur soutien forcené à Tel-Aviv et à sa politique n’a – en dépit de l’adage « dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es » – rien de probant ou de définitif…
En revanche ce qui existe bel et bien, vrai de vrai, dur de dur : c’est la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen ! Ça tombe bien, Marine Le Pen, elle, est bel et bien élue du ce même parlement. Et après, me direz-vous ?
Marine se gardera probablement d’en faire état, proprio motu, lors que la campagne qui va l’opposer au Pr. Bruno Gollnisch, alors mangeons le morceau à sa place(1) : la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen(2), elle connait. Plutôt bien d’ailleurs, vu qu’elle en a fait partie. Ce à DEUX reprises :
Très précisément :
Du 15 octobre.2004 au 13 juillet 2007, puis :
Du 14 juillet 2007 au 13 juillet 2009. Soit, en fait, une période interrompue allant d’octobre 2004 à juillet 2009.
Cette appartenance, pour le sujet de fond qui nous préoccupe, aura été tout sauf neutre et appelle quelques remarques de fond :
1. Sa durée tout d’abord. Elle a été assez prégnante dans le temps. Assez, tout du moins peut-on l’espérer, pour s’être fait une idée assez précise de la politique et de la géopolitique d’Israël en tant qu’État du Levant et de l’Orient arabe. Qu’a tiré Marine Le Pen d’une expérience aussi enrichissante (dans le cas contraire pourquoi a-t-elle renouvelé son engagement au sein de la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen le 14 juillet 2007 ?) expérience ? Pas d’amères critiques contre les activités et les prises de position de ladite délégation(3), en tout cas. Si elle n’a dit mot, son silence vaut, de jure, consentement, serait-on tenté de dire, sans forcer le trait.
2. Quid des intérêt de la France dans ses relations avec Israël. C’est bien cela qui compte, non ? En quoi, en faisant partie de la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen, Marine Le Pen a-t-elle servi les intérêts de la Nation ? Otez-moi d’un doute : c’est bien pour cela qu’une élue du camp national siège au sein des délégations, commissions et tutti quanti ?
3. Avançons donc avec notre sujet, si vous le voulez-bien. Quid des prises de positions de Marine au sein de la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen d’octobre 2004 à juillet 2007 ? Et, plus précisément lors des 34 jours de la guerre d’agression menée par Tsahal contre le peuple libanais, en juillet 2006 ? Marine Le Pen n’a jamais passé pour particulièrement férue de politique étrangère. Mais la Guerre de 2006, difficile de ne pas en avoir entendu parler. J’ai eu beau (mal, à l’évidence) chercher, je n’ai point trouvé marque de ses interventions (forcément) vigoureuses sur ce dossier brûlant. J’en appelle donc à l’intéressée et à ses proches pour donner la publicité qui convient à ses propos sur ce conflit majeur pour la sécurité et le devenir du Levant et du Bassin méditerranéen, dans le cadre de la campagne pour la présidence du FN. Ce afin que les votants puissent avoir l’idée la plus précise qui soit des positions de la candidate Marine Le Pen, lors de cette crise majeure au Levant (et, plus généralement, tant que nous y serons)…
4. Quid de son maintien même au sein de la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen, lors de cette guerre et après ? Apparemment (mais, qui sait, je suis peut-être mal-informé, le sang des civils innocents massacrés sous les bombes israéliennes n’a guère causé d’émoi à Mme l’Eurodéputé. Pas au point de faire un esclandre ou un buzz qui eut laissé quelque marque médiatique. Rien, en tout cas, qui ait empêché la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen de vaquer à ses petites affaires(4) avec Marine Le Pen en son sein.
5. Quid (n’étant pas membre du FN je ne sais quelles règles de conduite sont imposées à ses membres et responsables) du fossé abyssal séparant les prises de positions de la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen de la ligne officielle du FN sur cette guerre ? Par quelle tour de passe-passe peut-on être à la fois membre de la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen et responsable national du FN opposé à cette guerre ?
6. Par extension, une personne ayant appartenu à la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen ayant affiché, comme c’est absolument de son droit, son alignement sur Tel-Aviv en cette crise géopolitique majeure a-t-elle vraiment sa place à la tête du FN (qui, rappelons-le a violemment dénoncé cette guerre) ?
Poser la question, c’est largement y répondre.
Terminons sur un point terre-à-terre : la géopolitique a-t-elle quelque rapport avec les sujets qui préoccupent les Français : l’emploi, les retraites, la sécurité ? Plus qu’on ne le croit.
Le tropisme tel-avivien – et c’est bien cela la question de fond – de Marine Le Pen est aux antipodes de ce qui a fait la particularité de la France sur la scène internationale et ce pendant des lustres. Particularité qu’avait repris, au compte du FN, Jean-Marie Le Pen en ralliant le camp de la paix lors de 1ère Guerre du Golfe : la Politique arabe de la France.
J’entends déjà marinistes et pro-occidentaux ricaner sous cape : la politique arabe de la France, kézako et ça sert à quoi ? Compte tenu de la posture annoncée des droites (sarkozienne et mariniste) peut-être plus grand-chose dans un avenir proche.
Pour le passé (jusqu’à aujourd’hui, je veux dire), je pense à ce que nous en as dit un soir, Jacques Borde(5), croisé au Théâtre de la Main d’Or : « Que compte, selon vous, la part du marché arabe dans le business d’Airbus ? 45% ! Et, sur ce seul marché, moins de DIX compagnies, majors et low cost confondues du seul Golfe Persique, ou arabo-persique si vous préférez. Croyez-vous vraiment qu’un tel marché eut existé, sans politique arabe de la France ? Si elle n’a servi qu’à cela : tant mieux… »
Ah, oui, au fait ! Combien d’Airbus achetés par Israël à ce jour ? Inutile de chercher : le chiffre exact c’est : zéro, nada, niente ! C’est sûr. Si Marine arrive, à court terme, à gueuletonner au banquer du CRIF, on voit mal en quoi cela améliorera notre commerce extérieur…
Notes
(1) Je force, là, le trait. Dans la mesure où Marine Le Pen a reconnu cette appartenance lors de son entretien accordé à European Jewish Press, le 1er février 2006.
(2) Qui, en fait, fonctionne comme les groupes d’amitié de l’Assemblée nationale et du Sénat. La Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen est donc le groupe d’amitié parlementaire des députés européens se trouvant des affinités avec l’État hébreu. Y adhérer est, donc, un geste fort et géopolitiquement connoté. Y renouveler son adhésion, encore plus.
(3) Dont les media nous auraient averti, n’en doutons pas…
(4) Qui, si elle avait donné un écho significatif aux positions affichées par son parti, lui, sans doute, eut valu quelque remarque. Or, a contrario d’un Jean-Pierre Chevènement rendant son tablier de ministre de la Défense, à l’orée de la 1ère Guerre du Golfe, Marine Le Pen a préféré rester – comme c’est parfaitement de son droit, mais représente, alors, là encore une fois un geste fort et géopolitiquement connoté – à la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen.
(5) Journaliste et écrivl’Amérique.
ain, auteur de Vol 655 Iran Air, Un crime de guerre américain & 11 septembre, Pourquoi

[ 18/09/2010 - 16:28 ]

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