Ah ! Une série importante aujourd’hui, une de celles qui laissent des références partout après leur passage parce qu’elles ont marqué une génération de téléspectateurs devenus aujourd’hui scénaristes ou producteurs. Et je précise immédiatement qu’elle n’est pas une création originale, mais l’adaptation américaine de la série Steptoe and Son qui était diffusée depuis 1962 en Angleterre (avec une interruption), et qui y est resté comme une référence de la comédie télévisuelle.
En traversant l’océan en 1972, les deux personnages principaux de cette sitcom ne font pas que perdre leur accent, ils changent de peau et deviennent noirs. Mais comme le titre l’indique, ce sont toujours un père et un fils. Ensemble, ils gèrent une modeste brocante qui pourrait être une petite affaire tranquille si le père passait un peu plus de temps à aider le fils et moins à tirer des plans sur des comètes qui l’entraînent toujours trop loin. Et la seule chose qui fera vraiment du chemin c’est la série elle-même, qui va durer six saisons et dont vous avez forcément déjà entendu le thème, composé par Monsieur Quincy Jones et que, par exemple, JD et Turk chantent et dansent régulièrement dans Scrubs :
Les responsables, ou du moins les producteurs, de cette adaptation qui va s’avérer une très bonne affaire, ce sont Norman Lear et Bud Yorkin qui produisent déjà depuis l’année précédente une autre sitcom qui va marcher fort et qui résonne encore : All in the Family qui est, oui vous avez deviné, également l’adaptation d’une autre série anglaise (il y en a, quand ils ont trouvé un filon…). Bien sûr Sanford and Son n’est pas la première « black sitcom » de la télévision américaine. Beulah (1950) ou Amos ‘n’ Andy (1951), pour ne citer que ces deux, avaient été pionnières et lorsque débute la série, le Bill Cosby Show vient de s’arrêter. Mais on peut dire qu’il ouvre la voie à d’autres séries « afro-américaines » qui vont suivre et laisser elles aussi leur empreinte comme The Jeffersons (1975) ou What’s Happening!! (1976).
Comme pour son original britannique, la comédie de « Sanford and Son » repose essentiellement sur l’opposition des deux personnages principaux, totalement différents mais doublement réunis par la nécessité (qui sert de prétexte) et par l’amour (qui explique tout quand il veut bien enfin se montrer au grand jour). Et toute la qualité de la série est concentrée sur la performance des deux acteurs et la qualité de leurs échanges dialogués. Redd Foxx et Demond Wilson qui prennent les rôles principaux ne déçoivent pas. Le premier, avec des expressions assez proches de celles de Cosby, se la donne et occupe d’autant plus le premier plan que les scripts tirent la couverture à lui. Foxx est un vétéran de la « Stand Up Comedy » et il sait peser ses effets, graduer les répétitions… Il remporte au final un Golden globe et une poignée de sélections. Wilson sera moins remarqué, mais cela ne doit pas diminuer sa performance. Red Foxx a eu ensuite son propre spin-off (Sanford) et son show à lui (The Redd Foxx Show) et il est décédé en plein tournage d’une autre série en 1991. Wilson revient ensuite en « lead » dans deux autres sitcoms qui, hélas, ne tinrent pas longtemps. Avec eux dans cette série il y a LaWanda Page en belle sœur, Don Bexley en jovial, Whitman Mayo en copain qui va remplacer la vedette quand Foxx va se mettre à lire son contrat jusque dans les petites lignes et quitte le show le temps que les producteurs reviennent à la raison, Nathaniel Taylor, Lynn Hamilton qu’on verra ensuite dans The Waltons et plus récemment dans The Practice, Hal Williams de 227, Gregory Sierra et Pat Morita.
Dans le promo ci-dessous, les deux programmes All in the Family et Sanford and Son promettent un bon vendredi soir :
Donc, je disais que ce type de concept a intérêt à être servi par de bons dialogues. Je dois vous avouer que, personnellement, j’ai parfois eu un peu de mal avec les accents en version originale, mais ça fuse pas mal. Parmi les scénaristes du show j’ai remarqué Aaron Ruben ( sélectionné pour deux Emmys) qui est le créateur de la série Gomer Pyle, U.S.M.C. et l’un des producteurs producteur du Andy Griffith Show.
Durant la diffusion du programme, un premier spin-off : Grady tenta de percer, mais ne fit que douze épisodes.
Sur sa plage horaire, Sanford and Son s’est toujours classée dans les cinq ou les dix premières audiences, mais à la suite de la mésentente que j’ai déjà évoquée entre NBC et Red Foxx (une différence de vues au sujet des chiffres qui devraient être inscrits sur son chèque), ce dernier décide de quitter définitivement le show (un procès l’avait obligé à revenir sur le tournage après sa fugue et on imagine l’ambiance sur les derniers épisodes). La série ne disparaît pas pour autant, en tout cas pas totalement. Après six saisons à l’antenne, elle va engendrer deux spin-off. Dés la rentrée débute The Sanford Arms qui ne tiendra que quatre épisodes.
Ironiquement, cette fois, c’est Demond Wilson qui réclamait plus d’argent pour faire cette série et c’est… Foxx qui décidément ne sait pas ce qu’il veut et qui revient en 1980 pour deux saisons de Sanford.
Sanford and Son est édité en DVD par Sony Pictures.
J.B
La fiche de la série (en anglais) sur le site du MBC
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