Je devais embarquer dans une nef,
Mais, la S.N.C.F,
A contre courant des contractuelles,
Est trop rarement ponctuelle.
Aussi, prenant mon mal en patience,
Assis, sur le quai en silence,
Je rattrapais le temps perdu
En goûtant les grands crus, amendés par le temps,
De la littérature.
La littérature, c’est de la confiture…
Il se présenta à moi de la sorte.
Fagoté comme un as de pique,
Il sortit un pack de son sac,
Un briquet de son froc,
S’assit, posant ses yeux, menaçant,
Sur le plouc d’à coté tiré à quatre épingles
Qui le dévisageant commençait à jaser.
Je sentis son besoin de s’épancher,
Et je ne pus l’en empêcher…
J’appris qu’avec son chien, ils dormaient sous les ponts,
Que dans une heure ils se rendaient en Avignon,
Pour rejoindre quelques amis kepons
Qui retapaient une bâtisse sans pognon.
Il me fit feuilleter le livre de maximes,
Qu’il traînait dans sa poche avec quelques centimes
Il contenait de vieux proverbes,
Et des portraits d’hommes illustres,
Des morceaux de romans,
Des ballades en rimes…
Pour lui, si contradictoires soient-elles,
Chacune de ces phrases lui avait servi,
Tantôt à affronter, tantôt à supporter,
Il n’alla pas jusqu’à me dire aimer la vie.
Dans ce gaillard robuste, effrayant, impulsif,
Touchant, perçait à jour le regret convulsif
D’un passé trop pesant.
Alors, là, sur le quai, virilement,
On se serra la main un court moment
Et en nous séparant
On se souhaita bonne route et beau temps.