Semaine Du 13 au 19 septembre 2010
On va passer rapidement sur les deux Une communicantes du JIR, celle du lundi 13 « Selon les médiums Erwan « toujours vivant au RSMA » » et celle du jeudi 16 « Médiums : ce qu’ils valent vraiment ». Pas besoin de disséquer, ça se décrypte et se démonte tout seul. Par contre on va se pencher sur la Une du Quotidien de mercredi, qui annonce : « Aide au voyage : 5000 candidats en un mois ». On n’est pas tout de suite interpellé, surtout que la photo n’a rien de très flashy, juste quelques badauds de dos trainant des bagages, en se dirigeant vers le comptoir d’enregistrement. On suppose qu’ils vont en « voyage ». Et qu’ils font peut-être partie de ceux qui vont se faire « aider ». L’ « Aide au voyage », c’est façon de dire « continuité territoriale », le terme repris à la volée par notre chouchou UMP Robert de la Région, pour désigner son nouveau dispositif de dégraissement du billet d’avion, dont il a amplement fait la pub, son tube de l’été à lui. Depuis sa mise en application le 16 aout dernier, 40 000 chanceux par an (5% de la population réunionnaise) se verront offrir un chèque cadeau de 360 euros par billet d’avion aller-retour métropole (soit en moyenne à peine un tiers du billet) du moment qu’ils remplissent bien les cases de leurs feuilles d’impôts, qu’ils en payent quand même un petit peu et qu’ils ont encore assez de sous pour se payer le reste du billet. C’est pour ça que la suite du titre c’est « 5000 candidats en un mois », justement le 15 septembre, un mois après la mise en application. 5000, c’est un très bon début, ça inaugure un dépassement rapide du quota de 40 000 en un an. Preuve que la pub fonctionne. Oups, j’ai dit « quota ». « Candidats », ça suppose que pour l’instant ils ont juste déposé les dossiers et qu’ils font la queue comme tout le monde. Seuls quelques-uns peut-être ont déjà pu partir. Mais la question est : vont-ils revenir ?
Car oui, qu’elle est la véritable finalité de cette aide ? Bien entendu, elle va faire des heureux et des envieux, mais 5000 dossiers en un mois ça fait près de 250 par jour ouvrable, ça fait beaucoup de boulot pour la Région, c’est pour ça qu’on ne pouvait pas élargir à plus de chanceux pour l’instant, ça aurait trop bousculé au comptoir d’enregistrement et on n’aurait pas eu le temps de tout traiter. Mais rassurez-vous, les aides vont se multiplier dès le bilan très encourageant de la première année de fonctionnement de la continuité territoriale. Au Pirate on en a la preuve, vu qu’on est allé faire un tour du côté de la Une du Quotidien du 14 mai 2014. La voici toute brute : « Aide au retour : plus de 2000 volontaires par semaine ». Et en exclu, un condensé de l’article en pages intérieures :
« Depuis la visite sur notre île en février dernier du président Nicolas Sarlozy, alors accompagné de sa ministre de l’intérieur Marine Le Pen et du ministre des TOM Jack Lang, près de 25000 personnes auraient répondu positivement à la proposition du gouvernement de « retour à la case ». Rappelons les faits. On se souvient que le président et sa suite avaient réservé entièrement le premier vol civil de l’Airbus 380 pour ce qu’il avait appelé sa « sans doute dernière visite sur une île magnifique qui tend de plus en plus à se gérer par elle-même ». Il avait alors profité de son grand discours au Zénith du Port (achevé et déjà en redressement à peine une semaine avant la visite du président) pour présenter avec Jack Lang le programme de « retour à la case », qui se mettait en place dans la foulée. Après le succès incontestable de la politique d’immigration de ces dernières années, le « retour au pays », le « retour à casbah », et la fermeture des frontières européennes en France depuis le 1er Janvier, le gouvernement ne cachait qu’il s’attaquait désormais aux TOM. Il faut dire que la proposition était alléchante. Les SDF et chômeurs étant prioritaires, toute personne se trouvant en France métropolitaine et pouvant simplement justifier qu’elle était née outre-mer bénéficiait d’un aller simple entièrement payé vers son île d’origine et d’une prime de 2000 euros, sous la seule promesse qu’elle ne tenterait pas un nouveau séjour en métropole avant dix années. Les Français nés en métropole et vivant outre-mer bénéficiaient de la même offre dans l’autre sens. En février, nombre de partisans de l’opposition avaient crié à l’injustice et demandé le retour d’une continuité territoriale dans des conditions plus libertaires, (…)
25 000 volontaires au retour à la case simplement pour la Réunion, c’est donc un franc succès, plus de deux mille demandes par semaine, dont plus des deux tiers traitées dans l’immédiat. On y trouve bien sûr un grand nombre de personnes sans ressources, qui n’ont pas d’autre choix face à la conjoncture, mais aussi de nombreux natifs de la Réunion las de travailler dans les conditions requises en France depuis le plan « force impassible au travail » du premier ministre Jean Luc Delarue. Le problème, c’est que le retour à la Réunion leur donne bien vite d’autres désillusions. Leurs familles ne peuvent parfois plus les recevoir, même temporairement. (…)
Les centres d’accueils créés l’an dernier par Monseigneur Aubry sont plus que remplis, les « insoumis », comme on les appelle, envahissent les églises, et les bénévoles s’essoufflent. (…)
Etonnant, le peu de zoreys qui se portent volontaires au retour en métropole. Il y en aurait moins de 3000 dans les 25 000 comptabilisés. Certes, une vague de près de 2000 s’était fait connaître en moins de deux semaines après les émeutes de St André et St Benoît du mois de mars, qui avaient failli dégénérer par une descente musclée sur St Gilles. Mais malgré les difficultés, le calme est pour l’instant revenu dans l’île, et le volontariat dans le sens île de la Réunion-métropole reste donc plutôt rare. (…)
A noter la réaction du maire de Grand-Anse Didier Robert, qui malgré son éviction du gouvernement lors de la disparition des DOM en aout 2013, ne cache pas sa perpétuelle confiance envers le président : « Le succès de cette mesure gouvernementale montre à quel point il était important de remettre au goût du jour une aide s’apparentant à la continuité territoriale, dont je n’ai eu de cesse d’améliorer les services dès mon élection à La Région, et par la suite en tant que ministre des DOM, et ceci montre également combien la teneur houleuse que le débat a pris ces derniers temps sur cette mesure n’a pas lieu d’être. Malgré tout ce qui a été dit, je persiste à affirmer que Nicolas Sarkozy sait ce qu’il fait, et je continue à lui porter une entière confiance. Il ne nous abandonnera pas. »
(…) »
Ouf, on est encore en 2010 ! Pour quelques mois…
Arthur