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Lettre sans correspondance 0

Publié le 21 septembre 2010 par Xavierlaine081

Si je vous écris avant même que les réjouissances ne commencent, c'est que nombre de choses me chagrinent, et m'enthousiasment à la fois.

Je ne peux ôter de ma mémoire cet article vous présentant, entouré d'une cour de femmes admiratives, lorsque vous êtes venu, de Paris, faire état de vos recherches d'auteurs. La presse locale (car on ne peut plus parler ici de journal, tant l'indigence des articles en facilite la rapidité de lecture), la presse locale donc vous avait réservé une pleine page où vous apparaissiez, réjouis, au milieu de ce groupe béat.

Je ne peux oter non plus combien il fallut forcer pour obtenir qu'apparaisse, dans votre programme, en page soixante dix neuf, les “Lettres à un ami allemand” d'Albert Camus.

Bien sûr, il y avait, pour la deuxième année consécutive, cette lecture relais de lecteurs plus locaux que la presse pilotée d'ailleurs, qui s'était imposée. Et ils remettent ça, les bougres. On ne peut vraiment plus parisianiser en paix.

Je me suis précipité, comme quelques uns ici, sur le programme enfin finalisé. tant d'auteurs que je ne connaissais pas! C'est bien, quand même, une fois par ans,  de se remettre dans le flot des parutions. Mon libraire est content: je lui ai laissé une obole non négligeable pour ne pas paraître niais, et je tente, nuits après nuits, avant que la fête ne commence, de combler mes lacunes en matière de littérature contemporaine.

Car je ne voudrais pas paraître rustre sur cette scène  où le tout Paris de la rentrée littéraire va défiler.

Mais voyez-vous, dans la grande tradition du “Il n'est bon bec que de Paris”, chaque édition sait s'inscrire sans coup férir.

La ville voit se dresser, depuis, hier, des écritoires tous plus originaux les uns que les autres: nous pourrons, en toute discrétion et avec oblitération gratuite de la poste, écrire à nos maîtresses des mots doux, des mots d'amour ou de rupture, bien à l'abri des regards dans des caisses, sous des parasols pluvieux, entre les pages de livres géants. Voilà sans doute la plus grande réussite de ces douze éditions (sans compter les deux qui n'étaient pas de vous et que tout le monde persiste à ignorer).

Nous allons donc être à la noce, et nous mettrons une partie de l'année à digérer nos lectures foisonnantes de ces quatre jours de folie. Et comme votre académie béate, nous attendrons avec curiosité, dans la ville retombée dans l'oubli, la liste de l'année suivante.

Puis-je vous suggérer quelque chose? Je me rappelle de certains professeurs de littérature, qui me donnaient, chaque année avant les vacances, une liste d'ouvrage à emporter sur la plage pour les lire avant la rentrée. Ne pourriez-vous procéder de la sorte? Vous nous donneriez ainsi nos devoirs de vacances, et nous arriverions à ce fatidique vingt deux septembre, dont Brassens disait qu'il se foutait, avec le plaisir d'avoir atteint le niveau culturel requis pour accéder au dessert.

Ce n'est qu'un début, le combat se poursuivra demain.

Xavier Lainé

Manosque, 21 septembre 2010


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