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Secret Story 4 - bienvenue dans la cour de récré (1/2)

Publié le 21 septembre 2010 par Coline
On a sans doute déjà beaucoup dit au sujet de la télé-réalité "traditionnelle" (au sens où elle se rapproche des pionniers du genre et notamment de Big Brother / Loft Story (en France) : on enferme des gens dans une maison et on observe ce qu'il s'y passe, genre que l'on appelle aussi "cage à rats") et de ses mécanismes. Pour ce qui est de les découvrir, je ne saurais que conseiller le livre Téléréalité, de François Jost, qui recense de manière assez exhaustive, l'ensemble des mécanismes de base sur lesquels se fonde la télé-réalité.
Secret Story, dont la quatrième saison est actuellement diffusée sur TF1 est justement une déclinaison de son ancêtre Loft Story. On enferme toujours une quinzaine de personnes dans une maison afin de les observer, mais fort de notre expérience antérieure d'un Loft Story finalement assez ennuyeux passé l'effet de surprise, on fait en sorte de leur trouver des occupations. Ici, il s'agit pour les candidats d'essayer de trouver le "secret" (plus ou moins racoleur) qui caractérise chacun des candidats et de conserver le leur le plus longtemps possible. S'ajoutent à cela des énigmes à résoudre, des pièces secrètes à découvrir et surtout tout un tas de "missions" à effectuer (raser les murs pendant deux heures, faire croire que deux personnes sont en couple, qu'unetelle est enceinte...), dictées par "La Voix", une sorte de Big Brother (celui d'Orwell, cf article à venir) dont on ne connaît que la voix, et au statut tout-puissant particulièrement intéressant.

La cour de récré

En dehors des moments de jeu, sous l'autorité de la "voix", la vie quotidienne semble être, à l'image de la cour de récré, un espace de liberté par rapport à la vraie vie. Mais au delà du désordre ambiant qui évoque aux téléspectateurs l'idée d'un infantilisation des candidats, j'ai eu envie de cherche ce qui, structurellement, dans les rapports sociaux et l'organisation de l'espace, s'apparentait à une cour de récréation. En voilà quelques idées (non exhaustives).
Secret Story 4 - bienvenue dans la cour de récré (1/2)

La répartition de l'espace

On remarque tout d'abord que si la maison a été construite de façon à ce que toutes les pièces communiquent (murs remplacés par des vitres), elle (ainsi que le jardin) se divise à l'image d'une cour de récré, en deux types d'espaces : des endroits aérés, larges, destinés à se regrouper à la vue de tout le monde et des coins plus tranquilles, reculés, faits pour l'isolement ou la confidence.

Le confident

Si les profils des candidats sont à peu près semblables à ceux que l'on retrouve systématiquement (mannequins, pins-up, barmans... aux caractères colériques, prétendus mystérieux ou vaguement rebelles), avec cette année, une étonnante prédominance belge dont on ne saisi pas très bien le sens,  s'il y en a un, reste tout de même un personnage un peu plus intéressant que les autres : Bastien, prétendu "mentaliste", surtout bon observateur, doté d'une grande empathie et d'une bonne capacité de déduction. Plus futé que l'ensemble des autres candidats et tout à fait conscient de cela, il possède une véritable emprise sur les autres, de par sa facilité à les tromper ou les influencer. Le statut de confident raisonnable et raisonné qu'il a pris au sein de cette communauté fait de lui une sorte de pilier, seul élément stable et rassurant pour les autres,  un peu à l'image des auxiliaires d'éducations (surveillants, aides...) dans les écoles, qui constituent un pont entre le monde des adultes et celui des enfants. 
Secret Story 4 - bienvenue dans la cour de récré (1/2)

Le rapportage, le commérage

Poussés par la production qui n'hésite pas à en faire des "missions" avec argent ou avantages à la clé, il y a une véritable mise en scène de l'écoute et de l'espionnage, notamment avec l'introduction de "pièces secrètes" d'où certains candidats peuvent observer les autres à leur insu. Mais puisque le concept est déjà lui-même basé sur l'espionnage (du candidat par le téléspectateur), l'idée semble garder tout son sens aux yeux des candidats. Mais de manière moins formelle, l'espionnage devient ici un jeu, un défi à soi-même : faire semblant de dormir dans un couloir pour écouter ce qui se dit dans celui d'à côté, passer d'une personne à une autre pour tenter d'obtenir des informations de l'un et les divulguer à l'autre. Le secret, pilier du jeu puisque le but des candidats est, hormis gagner, de trouver les "secrets" des autres, devient une chose éminemment intime et précieuse, puisque les regroupements stratégiques, associés aux caméras de surveillance empêchent presque dans tous les cas, l'assurance d'un partage de secret confidentiel.

A celui qui criera le plus fort

La construction d'une communauté comme celle-ci, bien que régulée par des règles, entraîne un certain chaos. Certains semblent alors s'imposer comme "chefs", régulant par leur autorité l'organisation de l'espace et du temps. Comme dans la cour de récré, il y a en général deux types de chefs, ceux dont l'autorité s'impose plus ou moins légitimement (intelligence, maîtrise de soi, capacité de réflexion...) et ceux qui tentent de l'imposer par le bruit. En perpétuelle lutte à la fois pour prouver leur valeur face aux chefs "naturels" et pour s'imposer au reste du groupe, leurs seules armes de défense semblent être l'attaque, à l'image de celle des enfants en recherche constante d'attention et de reconnaissance : bruyante, nerveuse, accaparant l'attention, investissant l'espace et prenant part à tous les conflits, avec une certitude et une assurance toujours déconcertantes.
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Les clans

Contrairement à des jeux comme Dilemme ou Koh Lanta, il n'existe pas d'équipes prédéfinies dans Secret Story. Les candidats sont tous regroupés tous ensemble, libres de créer des affinités, des alliances et des stratégies pour déjouer les règles de l'élimination par les autres candidats. Très naturellement se sont créés deux "clans" défendus à la fois par des affinités, mais aussi des idéaux, un nom, voire même un slogan. Ce qui est intéressant de voir, c'est la manière dont ces clans ont évolué. Les premiers regroupements étaient très instinctifs, visant l'égalité de nombre : les filles contre les garçons. La seconde étape a consisté à créer des clans à partir d'inimitiés, les regroupements se faisant à partir d'une absence d'affinités. Les conflits primaires s'étant résolus, la troisième étape a finalement vu ces clans se former sur la base à la fois des affinités entre les protagonistes, des attirances filles-garçons, et des stratégies de jeu (rallier truc à un clan pour avoir sa voix).Au sein du clan, existe la même fraternité que celle que l'on construit étant enfant : des valeurs fortes, des bannissements radicaux, un sentiment de "famille"... mais qui ici sont pervertis par la stratégie, seule élément possédant suffisamment de légitimité pour transgresser les règles du "clan".

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