Au-delà des frontières
Si les chevaux de l'association Hopla étaient bien connus pendant plus de 20 ans des habitants de la région, ils ont aujourd'hui disparu du paysage d'Ernolsheim-lès-Saverne. Mais le travail continue pour faire reconnaître la pratique de la thérapie avec le cheval au niveau international.
La petite maison de l'association Hopla, le « Hiesele » de la rue du Château à Ernolsheim entame une seconde vie, celle d'un centre de documentation sur
le thème de la thérapie animale. Et pas seulement le cheval. Une secrétaire documentaliste anglophone a même été embauchée, en contrat aidé. Aux commandes depuis l'origine, Marguerite Weith,
psychologue de formation et militante de la première heure de Hopla, qu'elle a fondée.
Forte de son expérience de médiation thérapeutique avec le cheval auprès d'enfants et d'adultes en difficulté, Marguerite Weith a créé en 1995 la fédération
est de thérapie avec le cheval (Feetac), dont elle est la présidente. Cette structure adhère aux idées défendues par Renée de Lubersac, dans le cadre d'un regroupement national (lire
l'encadré).
Elle a obtenu en 2007 le statut d'organisation internationale non gouvernementale
La Feetac est un organisme de formation universitaire qui fait partie de la fédération internationale de thérapie et de
relation d'aide par la médiation, la Fitram, présidée par le psychiatre Jean-Pierre Klein et dont la secrétaire générale n'est autre que Marguerite Weith. Son siège se trouve d'ailleurs à
Ernolsheim-lès-Saverne. Reconnue par les instances européennes, elle a obtenu en 2007 le statut d'organisation internationale non gouvernementale (OING).
La Fitram rassemble des professionnels et des associations de la santé en vue de proposer une assistance par la médiation, l'art, le théâtre ou les animaux
aux personnes et aux groupes qui rencontrent des difficultés d'ordre physique, social ou psychologique et vise à garantir la qualité de ce type de thérapie au niveau européen. Leur gros projet
actuel : élaborer une formation de base unique dans la relation d'aide par la médiation animale, la même dans tous les pays européens.
Travailler sur les pratiques et formations en relation d'aide par l'animal existantes
Ce projet de partenariat a été confirmé officiellement par l'Union européenne et ses agences dans les pays partenaires :
l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, la Hollande, la Pologne et la Slovaquie. Durant deux ans, la Fitram va travailler sur les pratiques et formations en relation d'aide par l'animal
existantes pour en tirer la substantifique moelle pour aboutir à un cadre unique. Ceci dans l'espoir que cette formation sera adoptée par les États membres et ouvrira la porte à une
reconnaissance officielle.
Et c'est à Ernolsheim-lès-Saverne, notamment, qu'a été expérimentée cette thérapie par le cheval (TAC) qui a porté ses fruits et sera peut-être une
référence pour l'Europe. « Pendant cinq ans, (2001-2006), nous avions l'agrément de la direction du travail pour fonctionner en tant que "chantier d'insertion". Nos résultats en matière de
réinsertion d'adultes en difficulté frôlaient les 70% de réussite, alors qu'ils sont habituellement de 35% », commente Gérard Dreyer, le président actuel de Hopla. Marguerite Weith aussi
est intarissable sur cette pratique pas encore suffisamment reconnue par manque de bases théoriques et de recherches, qui, justement, sont entreprises dans le cadre de la Fitram.
Et de citer le cas d'une jeune fille sortie de son mutisme car elle s'est mise à parler aux chevaux et a continué... avec les humains. De nombreux troubles
scolaires ont ainsi pu être surmontés. Le contact avec l'animal permet de faire parler la mémoire du corps.
L'accompagnateur intervient le moins possible
Le cheval aussi est éduqué différemment, il évolue en liberté dans son pré et ne subit pas de débourrage, une technique de
dressage. Une séance de médiation type peut se dérouler ainsi : l'enfant choisit son cheval et le prépare, avant la balade en forêt, il n'utilise pas de brosse mais le touche avec ses
mains. « C'est important de sentir la chaleur de l'animal », analyse la psychologue.
L'accompagnateur est présent, bien sûr, intervient le moins possible et regarde ce qui se passe. Beaucoup de choses s'expliquent par l'observation du
comportement de l'enfant et de l'adulte puis sont ensuite travaillées. Cette médiation ne peut se faire qu'en présence d'intervenants formés à la relation avec les personnes en
difficultés.
Et c'est ce type de formation que la Fitram appelle de ses vœux, un « chantier » qui sera nourri pendant deux ans des expériences et réflexions de
chacun de ses membres. Pour que la thérapie par le cheval trouve ses lettres de noblesses.
Simone Giedinger
Site : www.fitram.eu
Origine d'un concept
Renée de Lubersac est une des personnes qui a introduit cette thérapie par le cheval en France, après s'être inspirée de l'exemple
anglais. Elle est psychomotricienne, psychothérapeute, ex-enseignante au diplôme d'État de psychomotricité à Paris VI et docteur Honoris Causa de l'université de Wroclaw en Pologne. Elle
pratique la thérapie avec le cheval (TAC) depuis 1968. Elle est l'un des membres fondateurs de la Fentac (fédération nationale de thérapies avec le cheval).
Renée de Lubersac et ses collaborateurs ont mis en évidence, décrypté et théorisé tous les modes de communication archaïque qui peuvent se mettre en place entre
l'enfant et le cheval fondés sur l'utilisation des différents canaux sensoriels : tact, olfaction, vision, audition, etc. Ils ont montré que la mise en place de ses systèmes d'échange
infra-verbaux pouvaient servir les bases dans la constitution du sentiment d'identité et être les prémices à l'établissement de systèmes d'échanges plus symbolisés.
Source : www.DNA.fr