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Les fleurs du mal

Publié le 21 septembre 2010 par Malesherbes

Tous les Français sont égaux, même ceux d'origine étrangère. Selon le nombre de générations que l'on considère, ces derniers sont nombreux, peut-être même les plus nombreux. Parmi ceux-ci, il en est un dont un aïeul et le père n'ont été admis dans notre communauté qu'au siècle dernier. Grâce à sa rouerie et à la division de ses concurrents, il a pu être élu Président de la République mais apparemment il n'a pas assimilé ce qui fait notre identité nationale. En outre, il n'a pas compris ce qu'était l'Union européenne.

Pendant des siècles, l'Europe a été déchirée par des guerres. En moins d'un siècle, trois guerres ont opposé la France et l'Allemagne. La dernière d'entre elles s'est inscrite dans un conflit qui a ravagé le monde et causé quelque cent millions de morts. A la suite de ce cataclysme, on a édifié, sur les ruines de la Société des Nations, l'Organisation des Nations Unies et proclamé la Déclaration universelle des droits de l'homme. On a construit en Europe différentes institutions destinées à faciliter la reconstruction des économies dévastées par la guerre et à bâtir une législation communautaire. Comme pour tout traité, ces lois s'imposent aux législations nationales. C'est ainsi qu'à plusieurs reprises, avant de pouvoir ratifier un nouveau traité européen, notre pays a dû réviser sa Constitution.

Le 30 juillet 2010, à Grenoble, Nicolas Sarkozy, au cours d'un discours dit musclé et que je qualifierais plutôt de totalement illégal, a déclaré : " " La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui [...] . Notre Constitution ne connaît que des citoyens français, égaux en droit, et nulle part on n'y trouve quelque mention que ce soit de l'origine des citoyens. Toute personne qui s'exprime ainsi se trouve de facto hors la loi et la transgression est impardonnable de la part de celui qui doit faire respecter cette loi. Si nous n'étions pas dans un régime abusivement soumis à la volonté d'un seul homme, une procédure de destitution aurait déjà été engagée.

Nicolas Sarkozy s'est aussi permis de dire : " J'ai demandé au Ministre de l'Intérieur de mettre un terme aux implantations de campements sauvages des Roms ". Il proteste ensuite de sa bonne foi, déclarant n'avoir pas voulu stigmatiser les Roms. Puisqu'il existe des campements sauvages, il est de la responsabilité du Ministre de l'Intérieur de faire procéder à leur démantèlement. Pourquoi le chef de l'Etat éprouve-t-il le besoin de spécifier qu'il s'agit de ceux des Roms ? Accepterait-on les autres campements ? Il a bel et bien stigmatisé un groupe humain. Si c'est délibéré, il est criminel. Si c'est accidentel, il pourrait occuper le temps de ses voyages à étudier le français, élément important de notre identité nationale. Ce que ses laquais ont commis ensuite, en expédiant en masse des Roms en Roumanie ou Hongrie, c'est un viol des lois de l'Union européenne. Il n'est donc en rien choquant qu'un vice-président de la Commission européenne ait vigoureusement dénoncé ces pratiques scandaleuses. Ce qui est par contre regrettable, c'est qu'il y ait eu en France surtout des réactions plutôt mesurées.

On a aussi pu voir, venant même de l'extrême-gauche, des exclamations cocardières reprochant à Viviane Reding la forme de sa condamnation et oubliant qu'elle ne représente pas le Luxembourg mais la Commission européenne. Comme si notre Union était, comme Sarkozy l'a considéré alors que la France présidait le Conseil européen, composée de grands pays aptes à la diriger et de petits pays destinés à la figuration. On fait grief à Mme Reding d'avoir parlé de la seconde guerre mondiale. Mais, pour autant que je sache, ce n'est pas elle qui a parlé de trains de la mort ou de chambres à gaz. Il est incontestable que le sort des Roms n'est en rien comparable à celui des personnes assassinées dans les camps de concentration. Mais par contre, il est tout aussi incontestable que ces Roms font l'objet de rafles (arrêtés en masse) et déportés (transportés en masse hors de leur résidence).

Comment ne pas penser que ceux qui protestent ainsi face aux propos de Mme Reding perçoivent inconsciemment que les actions de notre gouvernement évoquent des moments funestes de notre Histoire. Le degré actuel ne peut être comparé à celui de ces années tragiques, mais la démarche est la même, qui génère des pensées détestables et peut conduire un jour au renouvellement de ces horreurs.


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