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Haut gradé et dégradation

Publié le 22 septembre 2010 par Badiejf
Haut gradé et dégradation
Une histoire pas très jojo défraie les manchettes depuis quelques temps en Haïti. Il est difficile de se faire une idée précise de ce qui s’est vraiment déroulé et j’ai donc glané des informations de plusieurs sources pour essayer de me faire une tête un peu plus solide. Pour dire vrai, je n’y suis pas arrivé. On continue de nager dans les rumeurs et les hypothèses. Voici donc certains éléments de l’histoire. Un jeune ayisien (16 ou 17 ans) travaille sur une des bases de la Minsutah située au Cap-Haïtien, base occupée par un contingent de soldats népalais. Le contingent lui donnerait 10 $US par mois pour s’occuper de certaines tâches domestiques. Une jeune aysièn assume quant à elle les fonctions de traductrice auprès du plus haut gradé népalais. Selon les rumeurs, elle ne s’acquitterait pas simplement des responsabilités de traductrice, mais jouerait également le rôle de petite-amie de ce haut gradé. Attendez, ça va se dégrader… La traductrice se serait plainte qu’on lui ait volé 800 $US et, quelques temps plus tard, on retrouve le jeune ayisien pendu tut près de la base. Des voisins raconte avoir entendu et vu les guerriers torturer le jeune homme avec la simulation de la noyade… Tout le monde aujourd’hui cherche à savoir si le jeune est mort par pendaison ou par noyade et il semble qu’on n’aura pas de réponse claire. Même le Sénateur du coin s’en mêle ! La population capoise se rebiffe et manifeste depuis quelques jours : Les soldats de la Minustah ont tué ce jeune et on demande le départ de cette force d’occupation. À cette étape, l’affaire peut avoir la couleur d’un fait divers supplémentaire dans l’histoire des relations tendues entre la population et la force onusienne. Jusqu’à ce que le grand patron de la Minustah (Edmond Mulet, un guatémaltèque) intervienne pour ralentir les fonctionnaires du Ministère de la Justice qui voulait la comparution de la traductrice soupçonnée de complicité de meurtre. Une lettre supposément envoyées aux hautes autorités du système judiciaire haïtien par ce haut gradé des NU aurait permis à la traductrice d’obtenir la une immunité internationale qui la rendrait ainsi inattaquable par la justice nationale. Les esprits s’échauffent autour de cette histoire et même s’il reste encore beaucoup de zones d’ombre, elle illustre bien les rapports complexes et tordus que les internationaux et les locaux établissent et comment, si les choses s’avéraient justes, les haïtiens en arrivent à perdre toute confiance sur la capacité de l’international de leur venir en aide. Pire, elle confirmerait l’idée que l’action internationale peut être déstructurante pour le système haïtien. Si tout est faux, on pourra conclure à la mauvaise foi des haïtiens à l’égard de ceux qui sont ici pour les aider ou à la piètre qualité de leur journalisme.

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