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Abécédaire (de A_ix-les-Bains à H_ouellebecq)

Publié le 21 septembre 2010 par Frontere

lac-du-bourget.1285250338.jpg(photo collection privée Michel Frontère)

J'ai décidé de sacrifier à l'exercice de l'abécédaire, ce qui me permettra de livrer des éléments de nature autobiographique, je commence aujourd'hui par les huit premières lettres de l'alphabet.

A_ix-les-Bains : l'une de mes villes préférées en France avec Grenoble et Dijon. Des souvenirs d'enfance¹ - début des années soixante - m'y attachent, je dis Aix-les-Bains, bien entendu, il faudrait élargir la carte... et le territoire : Brison-Saint-Innocent, Chindrieux, le lac du Bourget, seraient alors convoqués. C'est une ville d'eaux que beaucoup d'écrivains ont aimé : Lamartine qui a écrit Le lac, initialement intitulé Le lac de B., fit huit séjours à Aix-les-Bains, Balzac, à la fin de La Peau de chagrin (1831), décrit le site du lac en ces termes :

« Ce lac est le seul où l'on puisse faire une confidence de cœur à cœur. On y pense et on y aime. En aucun endroit vous ne rencontreriez une plus belle entente entre l'eau, le ciel, les montagnes et la terre. Il s'y trouve des baumes pour toutes les crises de la vie. Ce lieu garde le secret des douleurs, il les console, les amoindrit, et jette dans l'amour je ne sais quoi de grave, de recueilli, qui rend la passion plus profonde, plus pure. Un baiser s'y agrandit. Mais c'est surtout le lac des souvenirs ; il les favorise en leur donnant la teinte de ses ondes, miroir où tout vient se réfléchir. »  

Guy de Maupassant commence son roman inachevé L'âme étrangère (1889) par une évocation d'Aix-les-Bains :

« Il raconta cette ville de douches et de casinos, d'hygiène et de plaisir, où tous les princes de la terre que les trônes ont rejetés fraternisent avec tous les rastaquouères dont les prisons n'ont pas voulu. Il exprima, avec sa verve familière, cette salade unique de mondaines et de drôlesses, dînant aux tables voisines, parlant à haute voix, les unes des autres, et jouant, une heure plus tard, coude à coude autour du même tapis. Il montra, spirituellement, cette familiarité suspecte, cette bienveillance incompréhensible, de gens inabordables ailleurs, et qui ont choisi pour faire la fête, et s'acoquiner avec n'importe qui, cette petite ville de Savoie. »

B_alzac : à une époque encore récente de ma vie je me considérais comme balzacien mais j'ai dû faire le constat que je n'avais même pas lu l'intégralité de La Comédie humaine, du coup je me suis désisté de mes prétentions, mais je n'ai pas dit mon dernier mot

C_alciné : comme Le manuscrit calciné qui figurera dans la première partie de mon prochain livre²

D_edicated (to the one I love) : superbe chanson (1967) interprétée par The Mamas and Papas

É_crivain : quelqu'un qui écrit tous les jours aux mêmes heures³ et qui souffre devant sa page blanche, bref quelque chose dont je suis incapable ; je préfère écrire en fonction de l'inspiration, quitte à essayer de provoquer son accident par des lectures ou des visions de films ou d'images, ou de rester en panne

F_ragments.fr© : titre de ce blog, l'idée, inspirée par l'œuvre de Walter Benjamin, était de privilégier la forme brève

G_arce : mot apparu au XIIe siècle au sens de "fille" puis, en 1530, au sens de "fille de mauvaise vie", devient une injure au début du XXe siècle, source : Jean Dubois, Henri Mitterand, Albert Dauzat, Grand dictionnaire Étymologique et Historique du français, Larousse, 2001 ; j'avoue lui préférer (la) "salope" ; accessoirement, chanson (La Garce) un peu oubliée du répertoire de Johnny Hallyday, signée Gilles Thibaut - Pierre Billon - Éric Bouad

H_ouellebecq : devrait obtenir le prix Goncourt au mois d'octobre pour son roman La carte et le territoire à moins d'un scandale et de magouilles des maisons d'éditions

Á suivre...

Notes

¹ j'aurais voulu raconter ces souvenirs, un peu à la manière de Patrick Modiano, c'est-à-dire tout en retenue et par ellipses, mais justement, je n'aurais fait au mieux qu'un pastiche de cet auteur, au pire du sous-Modiano, resterait la solution de le rencontrer pour qu'il en fasse un roman, après tout Villa triste (1975) se passe bien du côté d'Annecy
² il se voudra un hommage au XIXe siècle littéraire (les éditeurs intéressés peuvent me contacter directement sur ce blog, rubrique "Écrivez-moi" à gauche en haut de l'écran ou au 04 66 64 08 36)
³ ainsi Patrick Besson déclare : « J'écris tous les matins de 7 heures à 13 heures environ », interview au « Monde », édition datée du 11 septembre 2010


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