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Ah la niche ! Fillon peut-il désespérer Neuilly ?

Publié le 22 septembre 2010 par Pslys

Le temps des privilèges serait-il de retour? Le gouvernement de François Fillon souhaite en effet instaurer plus d’équité fiscale…, en supprimant les niches plébiscitées par les classes moyennes. Mais pas question de s’en prendre à celles utilisées par les contribuables les plus aisés.
C’est drôle la fortune d’un mot. Au hit-parade de la lexicographie politique, le mot « niche » s’est hissé, en moins d’une semaine au top ten grâce à la fameuse et fumeuse expression « niche fiscale ». Qu’est-ce qu’une niche fiscale ? C’est soit une dérogation fiscale qui permet de payer moins d’impôts lorsque certaines conditions sont réunies (par exemple : employer la femme du ministre du Budget, cotiser sans barguigner aux bonnes œuvres d’un candidat de droite à la présidentielle…), soit une lacune ou un vide législatif permettant d’échapper à l’impôt sans être en infraction (par exemple : oublier de déclarer une île, être dans l’impossibilité de donner la totalité de ses avoirs financiers en Suisse ou de ses « investissements » en Asie du sud-est…).

Nous ne parlons là, bien entendu, que de privilèges bénins. Il en existe de plus lourds et de plus scandaleux comme tous ceux de la classe moyenne que le gouvernement de François Fillon est prêt à essorer une nouvelle fois afin de faire oublier une politique systématiquement orientée en faveur des ultra-riches. C’est la traduction politique de la fable de La Fontaine, Les animaux malades de la peste.

Plus sérieusement, on voit bien – en dépit des arguties sémantiques et des gesticulations lexicales – que l’exécutif n’a qu’une idée en tête : remettre en cause les mesures dérogatoires qui bénéficient en réalité non pas à des « privilégiés » mais à de nombreux contribuables. Comme l’a souligné, ici-même, il y a quelques jours, Vincent Drezet, secrétaire national de l’Union SNUI SUD Trésor Solidaires, sous couvert d’un discours anti-niches fiscales qui lui tient lieu de string idéologique, le premier ministre en sursis cherche un consensus.

Un consensus non pas pour rétablir davantage d’équité et de justice fiscale mais plus simplement pour augmenter les recettes tout en épargnant les vrais privilégiés. C’est bien la voie empruntée par le gouvernement avec la suppression de l’avantage fiscal bénéficiant aux couples fraîchement unis, mariés ou pacsés. Pour justifier cette mesure au moment même où les jeunes couples sont confrontés à des difficultés croissantes et même insurmontables quand il s’agit de la question du logement, François Fillon a eu cette raffarinade : « Chacun doit être imposé de manière équitable ». Chacun doit être imposé de manière équitable ? Chiche ! Nous allons voir si le courage politique de François Fillon va aller jusqu’à désespérer Neuilly.

Joseph Macé-Scaron – Marianne


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