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Dette et droits de l'homme

Publié le 22 septembre 2010 par Lheretique

Marielle de Sarnez, euro-députée et vice-présidente du MoDem, occupe désormais dans le Cabinet Fantôme de François Bayrou le poste des Affaires étrangères.

L'attitude à adopter face au dumping social et en matière de droits de l'homme me paraissent deux chapitres importants de ce domaine de gouvernance. C'est donc avec intérêt que je fais connaître la position exprimée par Marielle au Parlement Européen à propos de la Chine.

Intervenant lundi dernier en session plénière du Parlement européen, réuni à Strasbourg, lors d'un débat sur les relations entre l'Union européenne et la République Populaire de Chine, Marielle de Sarnez, vice-Présidente du MoDem, a demandé à la Commission européenne "de définir une stratégie nouvelle". La présidente de la délégation MoDem au sein du Parlement européen a proposé trois directions dans son intervention :

"Premièrement, nous avons besoin, comme le président du Conseil l'a dit, de réciprocité. Un exemple : les entreprises chinoises ne peuvent continuer à s'installer chez nous alors que nos entreprises sont interdites d'accès à leurs marchés publics. Il faut choisir. J'attends donc des mesures qui vont dans ce sens-là." 

"Deuxièmement, l'Union ne peut plus accepter plus longtemps sans réagir le dumping social, sanitaire, environnemental qui est responsable directement de trop nombreuses délocalisations de notre territoire européen. Les coûts dérisoires de main-d'œuvre ou les conditions de travail déplorables ne doivent plus être considérés par la Commission comme des "avantages compétitifs naturels". Sur ce point, je demande vigoureusement, Monsieur le Commissaire, un changement de doctrine de la Commission."

"Troisièmement enfin, nous ne pouvons plus faire l'impasse sur la question des droits de l'Homme. Et le soutien ostensible, par exemple, de Pékin à l'Iran, à la Corée du Nord ou à la Birmanie, pose évidemment problème. L'objectif de l'Union européenne a toujours été de favoriser l'émergence de la démocratie, de démocraties. Sur cette question, là encore, nous ne devons rien céder", a conclu Marielle de Sarnez.

Bon, très bien sur le principe, mais à la suite de cette intervention de Marielle, il demeure pour moi deux questions assez importantes en suspens :

- primo, est ce que la diplomatie française en matière de dumping social et de droits de l'homme passe désormais exclusivement par l'Europe ? En somme, la France dispose-t-elle encore d'une diplomatie propre, capable d'agir sans relais européen ?

- secundo : j'entends bien qu'il s'agit d'imposer à la Chine des normes acceptables tant sociales que juridiques, mais j'imagine bien que la Chine va réclamer des choses en échange ! La diplomatie est yun art de la négociation, et si l'Europe est une grande puissance qui peut parler d'égale à égale à la Chine, elle n'a pas le pouvoir de lui imposer quelque chose sans un retour. Qu'est-ce que l'Europe doit mettre dans la balance dans ces conditions ?

- tertio, je voudrais rappeler que la Chine possède de nombreux titres d'emprunts d'État des pays occidentaux. Près de 850 milliards de dollars, par exemple, pour l'Amérique.

En fait, mon questionnement dépasse le seul cas de la Chine. Près de 80% de résidents étrangers détiennent la dette française. Quel peut être notre poids diplomatique quand nous évoquons les droits de l'homme et le dumping social face à des pays dont nous sommes débiteurs ?

Il y a là une vraie problématique géostratégique que nous ne pouvons éluder. Peser pour obtenir le respect des droits de l'homme a un coût, parfois très élevé. Combien sommes-nous prêts à payer ? Et même si nous sommes prêts à payer, en avons-nous seulement les moyens ?!


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