Les grincheux s'obstinent
Ils n’abandonnent jamais la partie, ils sont convaincus d’avoir raison et tenaces dans leur projet, pleins d’amertume et d’obstination ils se lancent dans des plans aux savants calculs. Ils attendent tapis dans l’ombre de leurs vaines certitudes , prêts à frapper si s’offre à eux la circonstance, impatients qu’ils sont d’obtenir leur vengeance. C’est que ces médiocres ont la rancœur qui palpite en eux, comment se peut-il qu’un fils de la plèbe puisse diriger au destin de la cité alors qu’eux-mêmes qui se considèrent lettrés n’ont pu accéder qu’à des charges subalternes. Pour eux leurs diplômes aussi supérieurs que l’air condescendant qu’ils empruntent auraient dû de fait les mener à conduire le destin de la ville, comment supporter que des fils ou des filles du peuple n’ayant même pas le premier grade universitaire puissent être les premiers ?
Eux les savants, eux qui ont encore le lait qui leur pisse des narines, comment est-il possible qu’ils ne soient pas en permanence consultés, puisqu’ils savent et que ce qu’ils savent vient des plus hautes instances de la pédagogie et de la connaissance. Ils sont pressés, ils ont soif de parvenir et n’auront jamais l’élégance prolétarienne de l’humilité. Qu’ils prennent garde, cette impatience peut les anéantir, en se remplissant d’orgueil, ils en oublieront le peuple et le peuple n’a jamais de pitié.