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Rupture ? Non, transmission !

Publié le 23 septembre 2010 par Lecriducontribuable

La France doit-elle rompre avec son passé ? Non, répond Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, elle doit avant tout transmettre. Dans ce livre d’entretiens réalisé avec Fabrice Madouas, journaliste à Valeurs actuelles, le parlementaire part en guerre contre l’idée, trop facilement admise à son goût, de la rupture. Or « la crise, argumente le parlementaire, est d’abord liée à la rupture intervenue depuis plusieurs décennies dans la transmission de notre héritage culturel, scientifique, humaniste aux générations futures ». En un mot, la rupture, laissons-la à la gauche. C’est son tropisme : du passé faisons table rase. Et, nous, qui sommes attachés à la France et à la liberté, préoccupons-nous de transmission. C’est le seul moyen de réformer et redresser notre pays. Hervé Mariton applique son principe aux grands secteurs de la vie nationale : éducation, institutions, défense, bioéthique, économie. Et, dans ce dernier domaine, tout ce que nous nous apprêtons à transmettre à nos enfants, c’est… une dette phénoménale !

A l’heure où la précampagne électorale se met en place, Hervé Mariton appelle sa famille politique à plus de cohérence doctrinale, et lui rappelle quelques fondamentaux auxquels elle devrait réfléchir et revenir. 2012, c’est demain !

Charles-Henri d’Andigné

Hervé Mariton, Transmettre pour convaincre, Pygmalion, 240 p., 19,90 €, en librairie depuis le mercredi 22 septembre

Extraits

La dette est une injustice

«

Les Français sont désormais conscients de la nécessité de réduire nos déficits et notre dette…

En effet. La dette vient spontanément dans les conversations, celles des élus et celles des électeurs. J’ai participé récemment à un repas organisé par des pompiers à Chabeuil, dans ma circonscription. J’y suis arrivé assez tard, il était près de minuit, le repas touchait à sa fin. De quoi m’ont-ils parlé ? De la dette, en des termes très sérieux, alors que ce sont de jeunes pompiers de vingt ou vingt-cinq ans ! Oui, les Français sont en train de réaliser l’ampleur du problème. Et pourtant, je pense qu’ils en sous-estiment encore la menace. Ils ne mesurent pas l’injustice que constitue cette dette.

L’injustice ? Que voulez-vous dire ?

La dette est d’abord une injustice faite au pays. Le niveau de notre endettement menace en effet notre souveraineté. Souveraineté politique : contraint d’affecter une part importante de ses recettes au service de la dette, un État très endetté a peu de marge de manœuvre et de capacité d’innovation politique. Les dettes publiques posent également un problème de cohérence des politiques européennes.

Elles créent des tensions entre les États, accusant des différences importantes de taux d’intérêt. Elles contribuent à l’affaiblissement de l’euro, bienvenu jusqu’à un certain niveau – mais lequel ? L’Europe est alors légitime à demander que nous lui soumettions notre budget et les politiques qu’il décrit. Notre endettement menace donc notre souveraineté en Europe. Il menace aussi notre souveraineté dans le monde : qui finance les dettes de la France et d’autres pays en Europe ? La Chine, les Émirats ? Quelle est notre liberté politique par rapport à nos bailleurs de fonds ?

La dette est ensuite une injustice faite aux citoyens. D’une part, les intérêts que nous servons à nos créanciers étrangers nous privent de fonds qui pourraient être investis en France au profit de nos concitoyens. D’autre part, notre endettement réduit la liberté des ménages dans la mesure où l’État, pour le résorber, est tenté d’augmenter les prélèvements obligatoires qu’ils supportent.

C’est aussi une injustice pour nos enfants. Dans les faits, la dette organise un transfert des jeunes actifs vers les plus âgés. Elle appartient majoritairement à des personnes de plus de cinquante ans. Tant mieux pour les aînés, mais ce transfert s’opère au détriment des jeunes générations, qui auront à souffrir doublement de notre endettement : elles payent aujourd’hui pour les dettes des années passées ; elles paieront demain pour la dette actuelle. Il y a deux sortes de dettes : celles qui sont liées à des investissements qui profiteront aux générations futures. Je n’y vois rien à redire. Mais il y a celles aussi qui servent à couvrir le déficit courant de l’État ou de la Sécurité sociale. Est-ce à nos enfants, à nos petits-enfants, de payer demain les fonctionnaires ou les médicaments dont nous avons besoin aujourd’hui ? (…)

La dette, c’est donc une affaire de transmission…

Tout à fait ! Qu’il s’agisse de notre souveraineté ou de notre situation économique et sociale, la question est la même : dans quel état allons-nous transmettre notre pays à nos enfants ? En leur transmettant le fardeau de la dette, nous commettons bel et bien une injustice.

»


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